Le Forum des chefs d’entreprises recommande aux exportateurs de souscrire une assurance à travers la Caisse de garantie des exportations qui partagerait ainsi les risques et fournirait de précieux informations sur les clients potentiels.
Selon Ali Bey Nasri, consultant au Forum des chefs d’entreprises (FCE) qui a animé lundi une conférence sur les procédures d’exportation au siège de l’organisation à Chéraga, ce qui empêche l’émergence d’une économie exportatrice en Algérie est, en plus de l’immobilisme de la réglementation du change, la méconnaissance des dispositifs d’aide en la matière. Il a cité des archaïsmes décrétés à l’époque où l’Algérie était surendettée et la suspicion avec laquelle les autorités du pays traitent les exportateurs.
Le marché africain fait peur aux exportateurs algériens
Rappelant les seuils fixés pour les montants de devises que peuvent se permettre de sortir les producteurs afin d’entretenir leurs réseaux commerciaux à l’étranger, Ali Bey Nasri a insisté sur les aberrations liées à l’interprétation zélée des dispositions relatives au défaut de rapatriement des résultats des transactions commerciales à l’international. A ses yeux, la législation en vigueur impose la justification des impayés en cas de défaillance d’un client insolvable ou véreux plutôt que le rapatriement de l’argent. C’est ce qui oblige les exportateurs arnaqués, a-t-il expliqué, à chercher de s’acquitter de cette obligation en espèces et affaires face aux banques primaires qui refusent le procédé.
Soulignant que le manquement à cette obligation dans un délai de quatre mois est passible du pénal, Ali Bey Nasri précise que c’est ce qui fait peur aux entreprises algériennes pour se tourner vers le marché africain où l’on est fréquemment confrontés à des défauts de paiement. Il a recommandé aux exportateurs potentiels de souscrire une assurance à travers la CAGEX (Caisse de garantie des exportations) qui, non seulement partage le risque mais fournit de précieux informations sur les clients potentiels. Et d’exhorter les entreprises algériennes à protéger leurs marques à l’international par l’extension, via l’Institut national algérien de la propriété industrielle, aux 160 pays ayant ratifié le Protocole de Madrid.
Reda Hamiani défend Issad Rebrab
Rebondissant sur les restrictions en matière du change, le président du FCE, Réda Hamiani s’est offusqué de l’interdiction faite aux entreprises exportatrices algériennes de créer des filiales et d’ouvrir des représentations commerciales à l’étranger pour prospecter des marchés. Il a cité le cas de CEVITAL, qui n’arrive pas à puiser dans ses fonds domiciliés en Algérie pour financer son développement à l’international. Il a invité les autorités monétaires à desserrer l’étau sur les devises et ce, a-t-il expliqué, pour le bien et des entreprises et des citoyens : «Toutes les devises gagnées par les exportateurs et les banques dans le cadre des transactions liées au commerce extérieur sont obligatoirement rétrocédées à la Banque d’Algérie. Cela désintéresse les banques qui n’arrivent pas à développer des activités de conseil en la matière car elles ne gagnent pas grand-chose, et en pénalise d’autres qui, face à la pénurie de devises sont obligées d’échanger leurs dinars au noir pour financer leurs activité à l’étranger. ».
Reda Hamiani a recommandé de libérer les devises provenant des exportations hors hydrocarbures : « La suppression de l’obligation de rétrocéder les devises des exportations hors hydrocarbures à la Banque d’Algérie ne peut qu’améliorer le bien-être des Algériens. Il ne s’agit pas d’aller vers une convertibilité totale du dinar. Les équilibres monétaires seront maintenus grâce aux résultats des ventes de Sonatrach effectuées à travers la Banque extérieure d’Algérie (BEA). »
Reda Hamiani : « Il faut homogénéiser la politique d’ouverture commerciale »
Sur un autre registre, le président du FCE a appelé le gouvernement à homogénéiser la politique d’ouverture commerciale de l’Algérie avec ses partenaires économiques, une politique faite d’accords bilatéraux et multilatéraux (Union européenne, Zone arabe de libre-échange, Tunisie, Turquie etc.) qui, selon lui, se chevauchent et brouillent toute visibilité quant aux mécanismes protégeant la production nationale. « Pour que l’adhésion à l’OMC ne soit pas catastrophique pour les producteurs locaux, il est temps d’avoir des règles claires applicables à tous les partenaires commerciaux du pays », a-t-il déclaré.
Il convient de signaler que les exportations algériennes hors hydrocarbures n’ont pas encore dépassé la barre des 2 milliards de dollars. Elle sont composées, pour l’essentiel, d’hydrocarbures transformés et autres matières premières. En 2013, Sonatrach (lubrifiants), Fertial (engrais) et Somiphos (phosphates) ont exporté à elles seules pour 1,3 milliard USD, soit 64 % des exportations hors hydrocarbures. Le reste des exportateurs, au nombre de 491, ont exporté pour 723 millions USD dont les sucres de CEVITAL représentent près de la moitié, avec 300 millions USD.