Sami Agli, membre du Forum des chefs d’entreprise (FCE) nous livre son point de vue au sujet de la situation que traverse le pays, tout en évoquant l’avenir du forum.
Maghreb Emergent: le président du FCE vient d’annoncer sa démission. Quelles pourraient en être les conséquences pour le FCE en tant qu’organisation ?
Sami Agli : je salue la décision de M.Ali Haddad qui vient d’adresser sa lettre de démission il y a quelques instants à l’ensemble des membres. Il paraît évident qu’aujourd’hui, plus que jamais, nous devons nous rassembler pour renforcer encore plus notre organisation dont l’unique but est le développement économique. Maintenant, le challenge est d’accompagner ce changement que vit notre pays avec une vraie stratégie économique dynamique, il est clair que cette décision est motivée par la volonté de préserver avant tout la cohésion et la pérennité de notre organisation. A présent, place aux jeunes !
Plusieurs membres du FCE ont démissionné ces derniers jours à cause de l’implication de l’organisation patronale dans la vie politique du pays, partagez-vous l’avis des membres démissionnaires ? Avez-vous pensé, vous-mêmes, à démissionner?
Une dizaine de personne seulement ont démissionné. Mais quand on sait que le FCE c’est plus de 4000 entrepreneurs et 7000 entreprises, le FCE c’est aussi des hommes et des femmes avec des convictions et des choix propres à eux. Je ne peux porter de jugement sur les agissements des autres membres, ce que je peux vous dire, c’est qu’en ce qui me concerne, j’ai intégré une organisation avec des membres qui avec toutes leurs différences ont les mêmes objectifs : créer de la valeur et améliorer l’environnement économique en Algérie, favoriser l’investissement et surtout créer de l’emploi.
Il me semble difficile aujourd’hui de balayer d’un simple revers de main tous le travail et l’avancement effectué. Je suis au FCE pour les 4 000 membres et les 7 000 entreprises qui le constituent et pour toutes les grandes choses que nous allons réaliser dans le futur. Je suis Algérien, je suis engagé pour mon pays et son économie, mes convictions politiques ne concernent que ma personne. Ce n’est pas parce qu’une quelques personnes ont une vision qui diverge de la mienne que cela doit impacter l’ensemble de l’organisation. Nous sommes des hommes et des femmes libres, complètement engagés envers l’Algérie et son digne peuple.
Après l’élan populaire en Algérie, la nation est unanime, le peuple n’accepte plus les visages déjà vus. Est ce qu’un changement sera effectué ? si oui, quels sont vos critères de sélection ?
Avant tout je tiens à féliciter les braves Algériennes et Algériens pour cet élan populaire unique au monde. Le peuple algérien démontre encore une fois qu’il est maître de son destin, il le prouve avec conviction, ténacité mais surtout avec un pacifisme et un civisme jamais vus dans aucun autre pays. Je reste convaincu que cette expression démocratique « pacifique » est l’unique option pour accomplir ses revendications légitimes.
Il est clair qu’aujourd’hui, nous voulons avoir des dirigeants plus jeunes, plus dynamiques et surtout plus près des attentes de notre Algérie. Nous aspirons également à l’édification d’une nouvelle ère, nous voulons que ces personnalités inédites puissent apporter de l’innovation et du dynamisme aux différentes instances avec plus de places aux femmes et aux jeunes. D’un autre côté, nous démontrons que nous ne voulons plus rester en marge de l’histoire comme de simples spectateurs. La jeunesse algérienne souhaite activer pleinement dans l’édification d’une nouvelle Algérie.
Quels sont les positions à adopter pour protéger l’économie du pays ?
Ce mouvement populaire a permis de mettre en évidence les différents problèmes auxquels le pays est confronté comme le chômage, l’inflation, la bureaucratie et d’une manière générale les différents manquements de l’État. Ces problèmes sont la résultante de politiques qui sont en déphasage total par rapport à la conjoncture mais surtout des potentialités de l’Algérie.
Aujourd’hui, il n’est plus question de survie mais une volonté de s’en sortir. Face à cette situation de crise et d’instabilité politique, nous devons, en tant qu’acteurs économiques, chercher ensemble des solutions de développement en considérant les aspects sociaux et politiques. Il me semble opportun, aujourd’hui, de nous assoir et de revoir ensemble des voies plus adaptées et plus proches de nos priorités et des particularités algériennes ainsi qu’aux différents défis qu’imposent et imposera l’économie de demain.
Qu’elle fût votre position lorsque le FCE a annoncé son soutien au 5eme mandat du président sortant Abdelaziz Bouteflika ?
Pour rappel, cette position a toujours été celle du FCE, historiquement, le forum a toujours pris des positions politiques depuis sa création. Les membres encore une fois sont fort de leurs différences, certains étaient pour et d’autres contre. De mon point de vue, le FCE doit rester centré sur son cœur d’action à savoir l’économie et la réflexion sur ce que peuvent apporter les entrepreneurs comme valeur ajoutée à l’économie de la nation.