Les rebondissements du scandale des fuites de sujets du baccalauréat ont continué de dominer l’actualité traitée par la presse ce mardi.
La date qui a été fixée pour repasser les épreuves du Bac 2016 ayant fait l’objet de fuites ainsi que les mesures prises pour contrecarrer de nouvelles tentatives de fraude ont pris le pas sur la tripartite qui a suscité des commentaires très contrastés.
ANP, services de renseignement et blocage des réseaux sociaux et de la 3G pour sécuriser la session spéciale du bac
«Les épreuves se dérouleront du 19 au 23 juin en cours..les services de renseignement pour sécuriser le ‘’baccalauréat bis’’», annonce en grosses manchettes la une d’El Khabar qui ajoute en sous titres «les candidats exclus pour retard admis à repasser l’examen dans les matières objet de fuites», «retrait des convocations à partir du 13 juin en cours», «1000 milliards de centimes perdus pour un baccalauréat qui a échoué».
«Les services de l’Armée nationale populaire (ANP) et les renseignements devraient encadrer» les épreuves «à travers le suivi et la supervision pour assurer leur bon déroulement», selon le journal qui, citant une «source responsable au ministère de l’Education nationale», ajoute qu’en revanche, les mesures sur le plan pédagogique, collecte des feuilles d’examen, correction etc…, jusqu’à l’annonce des résultats «resteront les mêmes».
Ennahar titre, lui aussi, à la une «nouvelles mesures pour sécuriser le baccalauréat..l’armée pour sécuriser les sujets et exclusion de l’Onec de l’encadrement». «Les épreuves seront repassées dans 7 matières pour les séries scientifiques seulement», «les convocations seront remises le 13 juin et l’impression des sujets à l’imprimerie de l’armée» et «les élèves retardataires admis à repasser les épreuves!», écrit encore le journal.
«Imprimerie militaire, blocage des réseaux sociaux, suppression de la 3G pour sécuriser la session spéciale du bac..des mesures radicales» annonce L’Expression à la une avec une photo de la ministre de l’Education.
«Le gouvernement se doit de bétonner le système pour éviter une récidive qui serait catastrophique pour l’institution du baccalauréat en Algérie», estime le journal.
«311 mille élèves concernés par le baccalauréat du 19 juin», titre Echourouk qui annonce également que «15 ans de prison attendent les responsables des fuites de sujets pour divulgation de secret d’Etat».
La fuite de sujets : un acte de sabotage contre le pays
Le Quotidien d’Oran qui annonce à la une la date des épreuves, consacre en deuxième page un long article au sujet, dans lequel il relève notamment que pour la ministre de l’Education nationale, Nouria Benghebrit, «les fuites (…) ne sont nullement une fraude en vue d’obtenir l’examen». «Organiser la fuite des sujets de telle façon, c’est participer à un acte de sabotage contre le pays», écrit le journal, citant les propos de la ministre.
«Les épreuves prévues du 19 au 23 juin..une session pour sauver le bac», titre en une El Watan qui reprend dans un article en pages intérieures, les propos de Benghebrit à l’issue d’une réunion avec les représentants des syndicats du secteur et des associations des parents d’élèves dans lesquels elle a déclaré que «les enquêtes diligentées par les services de sécurité, permettent de certifier que les auteurs de cette fuite veulent frapper un des plus importants acquis de la société algérienne, à savoir l’éducation et l’enseignement».
Pour sa part, Liberté qui consacre son éditorial au sujet, considère qu’«au-delà de cette session partielle et tous les détails qui seront oubliés, le plus important pour le ministère de l’Education et les pouvoirs publics est de tirer les leçons de cette cabale».
Pour le journal «la commission d’enquête (…) doit, en collaboration avec les services de sécurité, aller jusqu’au bout. Et les Algériens doivent savoir ce qui s’est passé et ne pas être tenus dans l’ignorance, comme cela s’est passé déjà en 92».
Tripartite: appréciations contrastées des résultats d’une réunion avec en point de mire la remise sur les rails de l’économie
A propos des résultats de la dernière tripartite gouvernement-UGTA-patronat, la presse en a fait des lectures très contrastées, voire opposées. Si certains organes de presse, publics notamment, estiment que le «nouveau modèle économique» élaboré par le gouvernement constitue le moyen le plus efficient pour relancer l’économie du pays, d’autres, en revanche, considèrent que la rencontre n’a apporté rien de nouveau.
«Réunion tripartite..une démarche consensuelle» titre à la une El Moudjahid pour qui, «les indicateurs macro-économiques (…) sont loin de justifier le pessimisme outrancier de certains » et ont été «corroborés» par les institutions financières internationales, «ce qui accrédite la démarche économique du gouvernement qui mène, de manière progressive, consensuelle et pragmatique une reconfiguration de la croissance».
Dans un éditorial en première page, Horizons, sous le titre «terrain balisé» écrit en substance «tant attendue, la réunion tripartite de dimanche dernier marquera l’histoire, dans la mesure où elle a balisé le terrain à un nouveau modèle économique. Le gouvernement et ses partenaires sociaux se sont entendus sur l’essentiel: dépasser le stade des constats et des hésitations et passer aux actes».
La tripartite à révélé que Sellal est totalement désarmé face à la crise
Cette appréciation est loin d’être partagée par de nombreux autres organes de presse à l’instar du Quotidien d’Oran qui considère, dans un article sous le titre «Sellal totalement désarmé face à la crise» que «la tripartite a révélé que le champ d’action du Premier ministre s’est considérablement rétréci».
Le Temps, estime de son côté, dans un article sous le titre «résultats de la 19e tripartite..en deçà des attentes», que la rencontre «a avalisé finalement un seul projet. Celui portant sur le départ à la retraite, fixé à 60 ans».
Pour le journal «le gouvernement a voulu à tout prix passer sa réforme du système de retraite en l’adossant à des questions moins préoccupantes pour l’heure actuelle. Il cherchait en réalité la caution des organisations patronales et syndicales, d’autant plus que cette fois-ci la participation a été élargie aux syndicats autonomes, dont le Snapap».
Dans un article en pages intérieurs, sous le titre «on est resté dans les généralités», Liberté écrit que «le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a presenté (…) les grandes lignes du nouveau modèle économique. Mais il est resté évasif sur le contenu et sur les objectifs chiffrés». Faisant réagir un professeur en économie et management, le journal écrit que «les vrais problèmes n’ont pas été traités: déficit budgétaire, l’investissement dans la sphère productive et son corrolaire le financement de l’économie par le marché».
El Watan considère de son côté que la tripartite «s’est soldée par une moisson faible, du moins sur le plan économique. Le journal a fait parler lui aussi un économiste qui considère que la réunion «s’est soldée par ce qu’il fallait en attendre: pas grand-chose». «On ne change pas un cheminement atavique par la grâce d’une réunion entre trois parties aux objectifs et impératifs antinomiques et sans prise sur la réalité de la situation du pays et de son économie, c’est un leitmotiv qui revient depuis 1984 et sonne faux dans la bouche de ceux qui sont le produit direct de la rente pétrolière et rien d’autre ».