Taoufik Rajhi a critiqué des déclarations faites mardi dernier par la ministre tunisienne des Finances Lamia Zribi dans lesquelles elle a prédit une dépréciation progressive du dinar qui le ramènerait à une cotation de 3 pour 1 euro, contre 2,6 pour un euro actuellement.
Niant que le FMI ait formellement imposé à la Tunisie la dévaluation de sa monnaie, Taoufik Rajhi, ministre conseiller du Chef du gouvernement Youssef Chahed, a néanmoins admis que lors des négociations avec cette institution financière internationale, il a été recommandé aux autorités monétaires tunisiennes de réduire les interventions de la Banque centrale pour soutenir le dinar.
Dans un entretien publié aujourd’hui dans le magazine économique électronique African Manager, Taoufik Rajhi a expliqué que l’engagement de la Tunisie envers le FMI ne porte pas sur la dévaluation de sa monnaie mais sur « la limitation des ventes nettes de devises sur les marchés de change au financement des importations indispensables pour l’économie afin de lisser les fluctuations excessives du taux de change ». Et d’ajouter : « Ce qui est le cas, puisque les ventes nettes ont atteint en moyenne 22 % des transactions totales sur le marché depuis 2016, alors qu’elles étaient en moyenne de 30 % durant le programme Stand-By Arrangements. »
Dans ce même entretien accordé à African Manager, qui a également porté sur la dépréciation que connaît actuellement le dinar tunisien, Taoufik Rajhi a critiqué des déclarations faites mardi dernier par la ministre tunisienne des Finances Lamia Zribi dans lesquelles elle a prédit une dépréciation progressive du dinar qui le ramènerait à une cotation de 3 pour 1 euro, contre 2,6 pour un euro actuellement.
« Gare aux prophéties autoréalisatrices »
Le ministre conseiller du Chef du gouvernement tunisien a qualifié ces déclarations de « mauvaise annonce » pouvant avoir un effet sur « les marchés et les anticipations des agents économiques ». Il a ajouté : « Dire aujourd’hui que la valeur de la monnaie nationale devrait être aux alentours de 3 dinars pour un euro pourrait générer à tort ou à raison des anticipations auto-réalisatrices ». Et de définir une « prophétie auto-réalisatrice », comme « une assertion qui génère des comportements des agents économiques de nature qui valide la prophétie même si elle n’est pas a priori fondée ».
Taoufik Rajhi a rappelé à ce sujet que la crise de la monnaie thaïlandaise, le baht, en 1998, a surgi « suite à un phénomène de spéculations auto réalisatrices » alors que « les fondamentaux étaient bons ». « Les spéculateurs ont fait bruiter qu’il y’aurait une dévaluation ce qui a conduit les opérateurs à croire à tort la nouvelle et vendre le baht », a-t-il expliqué.