Après plus de 60 ans de présence en Algérie, l’entreprise française de fabrication des pneus de véhicules, Michelin, tire définitivement la prise. Le fabricant d’envergure mondiale, confronté, à ce qui semble, à un virage protectionniste de l’économie algérienne, qui privilégie une production nationale en pleine expansion.
Le départ du vieux Michelin du marché algérien, n’est pas seulement pour des raisons structurelles propres au marché algérien, mais aussi, des médias de l’Hexagone évoquent « des défis économiques internationaux, liés à la concurrence, auxquels le groupe français est confronté ».
Faut-il noter que, depuis l’adoption du nouveau Code des investissements, l’Algérie durcit ses politiques commerciales pour les produits dont elle estime pouvoir produire localement. Les restrictions sur les licences d’importation de pneus, combinées à une stratégie nationale visant l’autosuffisance (« Fabriqué en Algérie »), ont marginalisé les acteurs étrangers comme Michelin. Ce dernier, dépendant de l’importation depuis la fermeture de son usine locale en 2013, s’est heurté à des barrières administratives croissantes.
Même si cela peut paraitre une raison faible du retrait du fleuron français du marché algérien, la décision intervient dans un climat diplomatique tendu entre Alger et Paris, marqué par des tensions politiques récentes. Un contexte qui a probablement compliqué les négociations pour maintenir l’activité de l’entreprise française en Algérie.
Des défis économiques structurels ?
L’usine Michelin de Bachdjarah, ouverte en 1963, a longtemps symbolisé l’ancrage industriel français en Algérie. Mais dès les années 2010, les coûts de production élevés et une logistique peu compétitive ont poussé l’entreprise à suspendre sa fabrication locale. Basculant vers l’importation, Michelin s’est retrouvée vulnérable face à la montée en puissance de concurrents locaux subventionnés, comme la société algérienne Iris.
Cette dernière, qui vise une production annuelle de 4,8 millions de pneus d’ici 2025, incarne la stratégie nationale algérienne de substitution aux multinationales. Un coup dur pour Michelin, déjà fragilisée par une crise mondiale : fermetures d’usines en France, concurrence chinoise agressive et hausse des coûts énergétiques.
Selon l’entreprise, citée par le journal en ligne, TSA, »il s’agit d’une décision industrielle prise dans un contexte de marché européen déprimé et extrêmement concurrentiel. L’usine Michelin d’Alger est située en ville et souffre d’un déséquilibre compétitif du fait de sa petite taille et de procédés industriels qui ne permettent pas de répondre à la demande actuelle des clients ».
Une crise mondiale qui accélère le repli
Le retrait d’Algérie s’inscrit dans un plan global de rationalisation des coûts chez Michelin. Fin 2024, le groupe a annoncé la fermeture de deux sites en France (1 250 emplois supprimés), une décision attribuée à la « concurrence déloyale » des pneus asiatiques et à l’explosion des prix de l’énergie. « Certains sites ne sont plus viables », a reconnu récemment le PDG du groupe, Florent Menegaux.
Le départ de Michelin d’Algérie illustre les bouleversements d’une économie mondialisée, où les stratégies protectionnistes des États et la concurrence asiatique redessinent la carte des investissements étrangers. Pour l’Algérie, c’est un pas de plus vers l’autosuffisance. Pour Michelin, un recentrage douloureux, mais nécessaire, sur des marchés plus rentables.