Le changement de gouvernement, sur l’agenda depuis le début de l’année 2016, se décline en échéance proche après le prochain du vote de la révision constitutionnelle. Ambiance spéciale dans les ministères.
L’adoption par le parlement de la révision constitutionnelle prévue pour ce mercredi 03 février devrait ouvrir la voie à un remaniement du gouvernement dont l’enjeu principal est le sort du premier ministre Abdelmalek Sellal. Les ministres du gouvernement Sellal 3 ne sont plus du tout certains de leur calendrier au-delà de cette semaine. Plusieurs cérémonies impliquant la présence de ministres – exemple le prix Mobilis pour la presse algérienne – ont flotté sur le calendrier de ce début de mois de février. La révision de la constitution donne une opportunité au président de la république d’opérer de nouveaux ajustements dans l’équipe gouvernementale sans avoir à avouer des échecs nombreux dans un collectif qui s’est dilué. Ainsi l’arrivée de Salah Khebri à la tête du département de l’énergie, au cœur de la tourmente avec l’affaiblissement de Sonatrach, tarde à donner ses effets. De même, la cohabitation, mal pensée, de deux ministres des affaires étrangères, devrait être soldée. Des ministres à bout de souffle devraient également finir par quitter la scène comme Amar Ghoul dont le secteur, le tourisme, est devenu « très sérieux » depuis l’effondrement des prix du pétrole. La complication de la relation du politique avec les médias – et des officiels avec la France- à cause d’un ministre de la communication crisogène, Hamid Grine, devrait également être traitée à la faveur du remaniement qui se dessine. D’autres départements devraient changer de titulaire, dans le cas du commerce, l’état souffrant du ministre Belaid Bakhti plaide pour son remplacement, même si son action, n’est pas « mal évaluée ». Plusieurs sources dans la haute administration évoquent une nouvelle architecture du gouvernement avec la fusion de plusieurs ministères en un seul. Les départements des transports et des travaux publics devraient ainsi fusionner, et un nouveau ministère de l’économie agrégerait les finances, le budget et, dit-on, le développement numérique.
Abdeslam Bouchouareb encore court pour succéder à Sellal
Le ministre de l’industrie et des mines Abdeslam Bouchoureb a été souvent cité comme potentiel successeur de Abdelmalek Sellal. Son nom revient avec moins d’insistance ces derniers jours dans les bruits de couloirs des cabinets ministériels. La gestion du 4e mandat dans la durée oblige le premier ministre à représenter l’Algérie à la place du président de la république diminué, une tâche politique délicate à confier à un profil « peu tempéré » comme celui de Abdeslam Bouchouareb. Le conflit d’influence entre l’actuel premier ministre et le ministre de l’industrie, qui ne reconnait pas son autorité, risque donc de ne pas être arbitré à la faveur du changement en cours de préparation. Dans le même temps, l’option de l’arrivée d’un nouveau premier ministre n’est pas exclue. Le président Bouteflika a déclaré à un de ses convives en septembre dernier que « le gouvernement qui a géré l’opulence ne pourra pas gérer l’austérité ». La formule éliminerait Ahmed Ouyahia d’un retour à la tête du gouvernement. Il a été entre juin 2008 et septembre 2012 le premier ministre le plus dépensier de l’histoire de la république. Mais, il est aussi celui qui a appliqué sans trembler l’ajustement du FMI 13 ans plus tôt. Ce qui le maintient en vie dans le casting. Dans la logique des gouvernements animés par les ex-walis, le nom de Nourredine Bedoui, l’actuel ministre de l’intérieur, a également été évoqué pour redonner de la fraicheur à l’action du gouvernement. Il signifierait que la succession politique à Bouteflika se jouera en dehors du gouvernement. Le choix du premier ministre début 2016 comporte en effet l’arrière-pensée d’en faire une carte possible de succession au président avant même le terme de son 4e mandat, si sa maladie s’aggravait. C’est pour cela que le statu quo autour de Abdelmalek Sellal tient toujours la corde dans les pronostics.