Selon le gouverneur de la Banque d’Algérie, durant les neuf dernières années, 87% des investissements en Algérie ont été autofinancés. Dans ses orientations aux P-dg des banques, il a insisté sur la nécessité d’augmenter le volume des crédits de qualité, destinés à financer l’investissement productif.
Le gouverneur de la Banque d’Algérie, Mohamed Laksaci, a dévoilé, jeudi à Alger, les grands axes d’un nouveau schéma de financement de la croissance économique dans un contexte de contraction des ressources financières, due à la baisse des prix de pétrole.
Dans son exposé sur « la stabilité macroéconomique en Algérie et le financement bancaire de la croissance », présenté devant les P-dg des banques et établissements financiers activant en Algérie, le gouverneur de la Banque centrale a précisé que ce nouveau dispositif avait été rendu impératif dans la perspective d’atteindre un taux de croissance de 7% à l’horizon 2019 tel que fixé par le gouvernement.
Cette « feuille de route », qui sera enrichie au fur et à mesure des nouvelles données et avec la collaboration des banques, tient compte des retombées du choc externe dû à la baisse drastique des cours de pétrole et doit tirer profit des ressources financières accumulées jusqu’ici, a résumé M. Laksaci.
Dans ses orientations données aux P-dg des banques lors de cette réunion, le gouverneur a insisté sur la nécessité d’augmenter le volume des crédits de qualité, destinés à financer l’investissement productif et à soutenir la compétitivité externe du pays.
M. Laksaci a fait remarquer, à ce propos, qu’en dépit du dynamisme enregistré, depuis 2013, en matière d’octroi de crédits, la structure du financement des investissements en Algérie montre un niveau très élevé de l’autofinancement.
Durant les neuf dernières années, 87% des investissements en Algérie ont été autofinancés, représentant essentiellement des investissements de l’Etat et du groupe Sonatrach.
Les investissements hors hydrocarbures ont aussi été fortement autofinancés à hauteur de 59,7% durant la même période, alors que l’épargne des entreprises privées et des ménages, qui devait financer ces projets, s’est accrue sans que le secteur économique n’en profite, a-t-il observé.
A ce titre, le gouverneur de la Banque d’Algérie a demandé des efforts supplémentaires de la part des banques pour encourager la collecte des ressources et affecter davantage cette épargne au financement des investissements notamment des PME qui nécessitent des fonds prêtables plus conséquents.
« Dans le nouveau contexte de gap (écart) entre épargne et investissement, il est attendu une contribution soutenue aux exportations » en mesure d’accélérer la croissance du pays, tirée jusqu’ici par le secteur des hydrocarbures.
Pour augmenter la mobilisation des ressources d’épargne, les banques sont également appelées à faire un effort en matière de rémunération des dépôts en augmentant son taux pour le rendre plus attractif. « Il faut être proactif en matière de collecte », a-t-il recommandé aux banquiers présents à cette rencontre.
Pour autant, les objectifs d’augmentation des crédits et d’amélioration de la bancarisation doivent être menés dans le strict respect des règles prudentielles, a souligné M. Laksaci.
L’entrée en vigueur, en 2014, du nouveau dispositif prudentiel va contribuer à mieux calibrer le canal crédit car il importe, selon lui, de préserver la qualité des crédits octroyés.
En outre, un nouveau modèle de « stress test » (pour tester la capacité de résilience des banques en cas de choc), prenant notamment en compte les risques de crédit, de liquidités et de taux d’intérêt est opérationnel depuis début 2015, a-t-il ajouté.
M. Laksaci a fait savoir, à ce sujet, que les banques de la place seront soumises, à partir de juillet prochain, à des « stress tests », en indiquant que le nouveau modèle prudentiel est particulièrement pertinent dans ce contexte de choc externe de grande ampleur.
Aussi, la mise en place de la Centrale des risques avant fin 2015 constituera, selon le gouverneur, un autre outil d’aide à la gestion des risques qui vise à renforcer la stabilité du secteur bancaire en Algérie.
De son côté, la Banque d’Algérie va apporter sa contribution à travers de nouvelles mesures qu’elle compte prendre courant 2015 pour développer le marché interbancaire de change et promouvoir la couverture à terme, par les banques, au profit des opérateurs.
La réactivation des opérations sur le marché interbancaire va aussi permettre un retour progressif des banques au refinancement auprès de la Banque d’Algérie, a-t-il avancé.