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Algérie

Le m2 de l’Hôtel Aurassi ne coûte que 23.000 dinars selon la cotation de la Bourse d’Alger (FCE)

Par Yacine Temlali
mai 15, 2016
Le m2 de l’Hôtel Aurassi ne coûte que 23.000 dinars selon la cotation de la Bourse d’Alger (FCE)

 

Une note du Forum du chef d’entreprise (FCE) datée d’avril 2016 propose des solutions pour faire décoller la Bourse d’Alger. Parmi les blocages pointés le système de cotation qui débouche sur des valorisations irréalistes des titres de la place.

 

Le système de cotation des titres de la Bourse d’Alger a connu une réforme discrète en avril dernier. L’encadrement de la variation des valeurs en vigueur depuis le lancement de la cotation, il y a près de 20 ans, a été assoupli. Cet encadrement strict a été identifié dans une note du FCE du mois d’avril 2016, synthèse d’une rencontre entre les acteurs de la place, le DG de la Société de gestion de la bourse des valeurs (SGBV) et les chefs d’entreprise affiliés, comme l’un des facteurs clés empêchant la négociabilité des titres à la Bourse d’Alger.

La réforme technique a déplafonné le seuil au-delà duquel les offres d’achat et de vente étaient refusées par la plateforme de suivi des transactions de la SGVB. Jusque-là les offres supérieures à 5% à la hausse ou à la baisse du cours de référence étaient rejetées par le système. Une mesure censée protéger la place naissante du marché boursier d’Alger des variations erratiques et donc de la volatilité des titres aux conséquences spectaculairement contre-productives. Les cotations n’ont quasiment jamais pu s’éloigner du cours d’introduction des titres. Comme s’ils étaient pris dans un piège à valeurs qui, selon le document du FCE, empêche d’autant plus les offres d’achat de rencontrer des offres de ventes que la valeur réelle des titres s’éloignait, au fil des années, du cours de référence resté immobile.

La réforme, introduite selon toute vraisemblance sur l’intervention du ministre des Finances, Abderrahmane Benkhalfa, a donc rendu possible depuis trois semaines, les transactions à plus ou moins 20% des cours d’ouverture des séances. 

L’Aurassi piégé dans ses 400 dinars de l’introduction 

L’illustration évoquée dans la note du FCE pour expliquer l’impossibilité de faire rencontrer des offreurs et des demandeurs d’actions sur le marché boursier algérois est le cas de la cotation de l’hôtel Aurassi. Le plus grand hôtel d’Algérie, propriété d’une Holding publique, a ouvert son capital à hauteur de 20% début 2000 pour 480 millions de dinars. Son cours d’introduction le 14 février 2000 était de 400 dinars l’action. En mai 2016, plus de seize années plus tard, le cours de référence de l’action de l’hôtel Aurassi est de 480 dinars, et ne connaît aucun volume de transaction depuis de très longues années.

La note du FCE explique que cela est dû à l’impossibilité de négocier un titre qui est coté à plusieurs multiples en dessous de sa valeur réelle de marché. Les détenteurs du papier Aurassi savent qu’il vaut beaucoup plus cher que les 480 dinars de référence, tandis que les acheteurs qui sont prêts à offrir un prix plus proche du prix de marché seront éliminés par le système de cotation qui rejette les offres supérieures à 5% du cours de référence.

Un calcul est proposé par le document du FCE pour rendre lisible la décote historique du titre Aurassi « Juste en terrain, et si une valeur nulle était attribuée au reste des actifs et fonds commerce de la société́, le cours de 480 dinars représente une valorisation des 125.000 m2 de terrain appartenant l’Aurassi à 23 000 da/m2. Ceci représente une sous-valorisation flagrante et exagérée compte tenu du fat que les terrains des zones aux alentours de l’Aurassi se négocient à des prix au m2 variant de 300.000 da à 500.000 DA. »

Cet exposé suggère que les autres titres sont également victimes de cette « trappe de la cotation encadrée », le système de cotation verrouillé à 5% de variation ayant sans doute maintenu les actions Saidal, Alliance, et NCA Rouiba, soit dans l’immobilité soit dans une légère décote sur un marché sans volume de transaction, acheteurs et vendeurs étant maintenus de fait hors du marché.

D’autres actions attendues

L’assouplissement de l’encadrement des transactions est sans doute la première d’une série de réformes qui devraient finir par faire décoller les volumes échangés sur la place d’Alger les prochains mois. La note du FCE indique qu’il faudra impliquer les intermédiaires en opérations boursières dans l’animation du marché, une proposition revendiquée depuis quatre ans par l’émetteur Alliance Assurance puis par NCA Rouiba.

Augmenter le flux des émissions est également requis par la note, une recommandation en cours de réalisation avec l’arrivée ce dimanche 15 mai d’un émetteur public, la cimenterie de Ain Kebira, moins de deux mois après l’émission de Biopharm. Un enchaînement d’entrées en bourse d’Alger inédit, qui devrait être suivi d’autres dans le courant 2016.

De même le FCE préconise « la mise en œuvre rapidement de solutions de routage électronique des ordres de trading online ». Il semblerait, selon le compte rendu d’une expérience réelle en mars 2016, que les ordres d’achat et de vente ne parviennent pas en temps et en heure sur la plateforme des transactions de la SGVB, ce qui constitue un obstacle supplémentaire à la négociabilité des titres. 

La Bourse d’Alger a enfin frémi

La première de cette série de réformes attendues a eu comme conséquence un premier mouvement dans les cours des titres cotés. Ce n’est pas un hasard si c’est le dernier titre émis, Biopharm, donc celui dont la valeur a le moins souffert de l’enfermement dans l’ancien système de cotation, qui a le premier pu bénéficier d’offres d’achat supérieures au 5% réglementaires d’avant. Le titre Biopharm est passé en une seule séance de son cours d’introduction de1.225 dinars, à 1.470 dinars l’action. Une opération de bloc (négociée hors séance) de près de 622 millions de dinars a ensuite entraîné une décote à 1.400 dinars l’action. NCA Rouiba a également pu profiter du nouveau cadre pour se valoriser de 330 dinars l’action à 395 dinars.

La Bourse d’Alger bouge enfin. Seul bémol, et de taille, à ce frémissement : les volumes échangés demeurent extrêmement faibles. Une transaction de moins de 50.000 dinars peut modifier le cours de l’action de plusieurs points. Ce qui a laissé évoquer ; dans les médias, une suspicion de manipulation de cours des actions. Le fait est que les acheteurs ne sont pas encore venus à la Bourse d’Alger pour permettre à quiconque de faire une plus-value anormale. La bourse semble juste s’être mise au début du long chemin qui peut amener ses valeurs à la vérité du marché, ce qui en fera enfin un lieu d’échange entre acheteurs et vendeurs d’actions et d’obligations. 

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