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Algérie

« Le mariage entre l’Etat et le privé est un frein à l’économie » (Taieb Hafsi)

Par Maghreb Émergent
octobre 16, 2017
« Le mariage entre l’Etat et le privé est un frein à l’économie » (Taieb Hafsi)

Le professeur Taieb Hafsi considère que l’entreprise est l’unique instrument de développement économique et que le rôle de l’Etat doit se limiter à fabriquer des lois et à veiller à ce qu’elles n’entravent pas l’action économique des entreprises.

 

Lors de son passage sur Radio M, le professeur Taieb Hafsi et néanmoins concepteur et directeur de la collection « Les bâtisseurs du Maghreb » pour les éditions Casbah, a dit que le mariage entre l’Etat et le privé dans l’économie n’était pas porteur. Bien au contraire, il constitue, selon lui, un frein majeur au développement économique. 

« L’Etat ne peut pas fonctionner avec le privé.  Le problème avec le Partenariat Public-Privé, c’est que  le privé se marie avec l’Etat et, dans ces conditions, l’Etat est coincé car il est obligé d’appliquer des règles qui sont les règles générales de l’Etat, ce qui est incompatible avec le marché. Ca ne marche pas. Tous les jours il y a des freins », a-t-il assuré. Et d’ajouter : « le projet de Banamor/Erriad Corso de boulangerie industrielle en est un bon exemple d’échec ». Pour Taieb Hafsi, les PPP ne peuvent pas fonctionner parce que les entreprises publique ont un modèle de fonctionnement administratif qui ne leur permet pas d’être en phase avec la rationalité du marché, ce qui n’est pas le cas des entreprises privés qui, elles, sont plus prompts à répondre aux exigences du marché.

Rendre visible les bons modèles

Analysant la situation de crise que traverse l’économie algérienne et, plus particulièrement, l’entreprise algérienne,  Taieb Hafsi a indiqué que cette crise était le fruit d’un ensemble d’éléments liés à la nature centraliste, dirigiste et rentière du système économique algérien mais aussi à la culture entrepreneuriale des Algériens.  « Je pense que la raison pour laquelle l’Algérie est aujourd’hui en grande difficulté n’est pas seulement le fait de l’Etat.

« Bien sur que l’Etat gère mal mais, c’est surtout le fait que la population pense que les entreprises ne sont pas bonnes et qu’elles sont voleuses. Cette  perception de l’entreprise est légitime puisqu’il existe des entreprises qui se comportent mal, qui sont voleuses, corrompues, tricheuses, corruptrices, et qui sont souvent biens publicisées », a-t-il expliqué. « La population n’a donc pas tort mais elle a devant elle les mauvais modèles, pour sortir de cette situation, il faut mettre en avant les bons modèles et c’est ce que nous nous employons à faire à travers la collection « Les grands bâtisseurs » », a-t-il expliqué.

« Nous sommes dans un pays où le modèle de développement va du sommet à la base, où l’influence du sommet est très importante. On ne peut donc pas attribuer aux entreprises la responsabilité sur le fait que le système économique du pays fonctionne mal. Il y a des entreprises qui agissent selon la logique du système. Mais il y en a d’autres qui, malgré les turbulences, malgré les problèmes, malgré la corruption, construisent. Ce sont ces entreprises là qu’il faut rendre visibles et donner en exemple aux populations, notamment les jeunes», a-t-il ajouté.

L’entreprise : unique instrument de développement

T. Hafsi a également  a indiqué, dans son intervention, que l’entreprise étant l’unique instrument de développement économique, il convient d’en prendre soin et d’en créer une multitude dans tous les domaines afin de donner le plus de chances de développement à l’Algérie. « L’entreprise est l’unique instrument de développement économique. On ne peut pas faire comme si elle ne l’était pas. Ce n’est pas l’Etat qui développe les pays, ce sont les entreprises. L’Etat peut au mieux veiller à ce que les règles qu’il promulgue n’entravent pas l’action des entreprises », a-t-il affirmé en soulignant que la liberté d’initiative et d’entreprise représentent  la seule voie de salut pour l’économie algérienne. 

« Les Algériens se sont battus pour la liberté, notamment durant la période coloniale. Le moment où les Algériens étaient le plus libres,  c’était pendant la guerre de libération parce que le Mouvement national n’avait pas de tête et les gens, au niveau local, se débrouillaient. Il y avait donc une très grande liberté d’initiative et on a eu notre indépendance grâce à cette liberté d’initiative ». L’indépendance acquise, « les Algériens s’attendaient à ce que cette liberté d’initiative continue. Cela n’a pas été  le cas malheureusement.  Mais l’aspirations des Algériens à la liberté d’initiative est là », a-t-il assuré  en précisant que l’Etat algérien est prisonnier de l’idée, fausse, qu’il se fait des Algériens et en plaidant pour la consécration la plus totale de « la liberté d’initiative » dans tous les domaines, économique, mais aussi politique, culturel, social, etc.

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