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Économie

Le Maroc mise sur le GNL et les énergies renouvelables pour son futur mix énergétique (document OBG)

Par Yacine Temlali
avril 12, 2018
Le Maroc mise sur le GNL et les énergies renouvelables pour son futur mix énergétique (document OBG)

Projet de gaz naturel liquéfié (GNL) de plusieurs milliards de dollars, découvertes de gisements de gaz sur le territoire, et engagement continu en faveur des énergies renouvelables : c’est ainsi que le Maroc compte répondre aux besoins grandissants des consommateurs et de l’industrie en matière d’énergie, et diversifier son mix énergétique.

 

 

Le royaume s’apprête à lancer le projet « Gas to Power », un complexe gazier évalué à 4,6 milliards de dollars, après l’annonce à la mi-janvier d’Aziz Rabbah, Ministre de l’Energie, des Mines et du Développement durable, concernant le lancement d’un appel d’offre d’ici à la fin de l’année pour la phase de construction.

Ce projet d’envergure, dont l’achèvement est prévu en 2025, sera réalisé dans le cadre d’un seul et même contrat. Les travaux consisteront en la construction de deux nouvelles centrales électriques à cycle combiné alimentées au gaz naturel, dotées d’une capacité respective de 1 200 MW, d’un terminal de GNL et d’une unité de regazéification à terre au Port de Jorf Lasfar sur la côte Atlantique, ainsi que des gazoducs qui raccorderont le terminal au pipeline Maghreb-Europe. Les consultants techniques et financiers de ce projet ont été recrutés en 2016.

 

Le GNL et les énergies renouvelables représenteront les deux tiers des capacités installées

 

Le développement d’ infrastructures de GNL fait partie intégrante des mesures visant à élargir le mix énergétique et à répondre à la demande croissante en électricité.

Si le pays est d’ores et déjà un acteur majeur r des énergies renouvelables, le gouvernement ambitionne également de miser sur l’augmentation de la part des énergies renouvelables de 32 % à 52 % d’ici à 2030, et sur la diversification de la composante combustibles fossiles en vue de réduire la dépendance au pétrole et au charbon. À l’heure actuelle, environ 94 % des besoins en énergie primaire sont couverts par les importations, principalement de pétrole et de charbon, mais également par certains transferts d’électricité directs.

Grâce à des projets tels que la centrale électrique de Jorf Lasfar, le GNL devrait représenter au moins 13 % de la capacité totale d’ici à 2025. A titre de comparaison, le gaz naturel représentait 5,8 % de la consommation d’énergie primaire en 2015, selon les données du Haut Commissariat au Plan.

 

Les fournisseurs internationaux appelés à approvisionner en gaz la nouvelle infrastructure

 

S’il était déjà question du projet de Jorf Lasfar en 2015, la volonté du Royaume de relancer le GNL représente une opportunité pour les fournisseurs internationaux. Plusieurs producteurs en amont ont d’ailleurs d’ores et déjà manifesté leur intérêt pour l’approvisionnement en gaz de la future centrale.

A la suite de la signature en 2016 d’un accord de coopération bilatérale renforcée avec le Qatar pour le développement de l’énergie, une délégation américaine s’est rendue au Maroc, à la mi-octobre de l’année dernière, pour discuter de changements à l’actuel accord de libre échange en vue d’éventuellement ajouter les Etats-Unis à la liste de sources potentielles de matières premières. Les Etats-Unis, jadis importateur net de gaz, sont ainsi en passe de devenir un acteur de premier rang sur le marché du GNL grâce au développement de ses capacités en gaz de schiste.

Le même mois, le Premier ministre russe Dmitri Medvedev avait déclaré que les deux fournisseurs de gaz naturel, Gazprom et Novatek, envisageaient également la possibilité d’approvisionner le pays en GNL et d’y construire des infrastructures d’énergie.

 

Les spécialistes de l’E&P à la recherche de gisements de gaz sur le territoire marocain

 

Si le pays continue de passer en revue les potentiels fournisseurs en GNL, il n’est pas en reste côté exploration et production (E&P), après avoir identifié des gisements de gaz commercialement viables.

L’année dernière, Sound Energy, entreprise britannique d’E&P, a recensé des gisements de gaz compris entre 9000 et 31 000 milliards de pieds cubes à sa concession de Tendrara dans l’est du Maroc. La production pourrait être lancée dès 2019. Cette année, une autre société britannique d’E&P, SDX Energy, a découvert deux gisements supplémentaires dans le nord du pays.

Côté amont, les nouvelles perspectives locales annoncent une hausse des investissements en E&P. Selon les médias locaux, pas moins de 164 millions de dollars seront investis cette année, contre 130 millions de dollars en 2017.

En pariant sur une plus grande indépendance énergétique, le Maroc devrait également réduire son déficit commercial qui en 2017 avait augmenté de 2,8 % en passant de 185 milliards de dirhams (16,3 milliards d’euros) à 190,2 milliards de dirhams (16,8 milliards d’euros), selon l’Office des Changes. Or les produits énergétiques pesaient le plus lourd dans cette augmentation ainsi que dans les dépenses globales en importations, avec un bond de 27,4 % en raison de la hausse des prix du baril de pétrole.

 

Un gazoduc pour rallier les côtes d’Afrique de l’Ouest

 

L’autre source potentielle de matières premières, bien que non nationale, est à chercher du côté du projet de pipeline de gaz naturel entre le Maroc et le Nigéria, actuellement en phase avancée d’études de faisabilité.

Cette liaison de 4 000 km permettrait de transporter du gaz nigérian vers le Maroc, qui pourrait également faire fonction de point de départ aux exportations vers l’Europe et fournir un accès à d’autres pays tout au long du trajet.

Des accords supplémentaires ont été signés, à Rabat en mai 2017, pour ce pipeline évalué à 25 milliards de dollars. Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, a déclaré que ce projet permettrait d’accélérer l’alimentation en électricité en Afrique de l’Ouest et servirait de tremplin à la création d’un marché régional de l’électricité compétitif.

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