La formation du nouveau gouvernement au Maroc reste bloquée à cause de la participation ou non de l’USFP. Benkirane a réitéré son refus, l’USFP l’accuse de faire valoir les intérêts de son parti sur ceux du pays. Le ton ne fait que monter… en attendant que le roi siffle la fin ?
Arrivé en tête, mais sans obtenir la majorité, le Parti Justice et développement (PJD, islamiste modéré) a besoin de composer avec d’autres partis pour former le gouvernement. Le PAM (parti authenticité et modernité) arrivé deuxième ayant décidé de ne pas faire partie du gouvernement, les tractations se sont orientées vers le parti des Indépendants (RNI) est arrivé en quatrième position derrière l’Istiqlal et devant le PPS, deux partis de la coalition sortante.
Le RNI, un parti de cadres de l’administration constitué par le palais royal en 1974 et dont le nouveau président est Aziz Akhannouch, une des plus grosses fortunes du Maroc et un proche d’entre les proches du roi, a posé des exigences jugées inacceptables par Abdelilah Benkirane, le chef du PJD.
Le RNI veut une majorité constituée avec le RNI, de l’Union constitutionnelle (UC), du Mouvement Populaire (Haraka) et des socialistes de l’USFP (Union socialiste des forces populaires). Refus de Benkirane qui avait cependant une autre exigence du RNI : que l’Istiqlal ne fasse pas partie du prochain gouvernement.
« Si sa majesté change d’avis… »
Benkirane a réaffirmé crument samedi, devant le Conseil national de la jeunesse du PJD, son refus de la présence Abdelilah Benkirane au gouvernement. »Si vous voyez l’USFP dans un prochain gouvernement, je ne suis pas Abdelilah » a-t-il déclaré.
Le chef du PJD a ajouté que si l’USFP « bloque tout un pays durant cinq mois pour un ou deux postes ministériels, dans ces conditions, ce n’est pas possible. Le peuple m’a donné les clés, il est impossible à quiconque d’y entrer avec ses gros sabots». Pour Benkirane, l’USFP s’oppose à la volonté populaire. « Il (Lachgar) a touché la dignité du peuple marocain en bloquant la formation du gouvernement pour un ou deux portefeuilles ministériels…».
Benkirane a cependant laissé entrevoir la possibilité de renoncer à diriger le nouveau gouvernement en cas de persistance du blocage : « Si Sa Majesté change d’avis, il n’y a pas de problème »..
Benkirane répondait à une attaque directe lancée trois jours plus tôt par Driss Lachgar, premier secrétaire de l’USFP. «Il est temps de dire à Benkirane ça suffit » avait-il déclaré en évoquant la possibilité d’un retrait de Benkirane sans pour autant aller à des législatives anticipées.
Selon Lachgar, le chef du PJD est prisonnier de »la logique du leadership, basée sur un nombre de sièges au lieu d’une approche participative. » Cette logique numérique « n’est pas pertinente à cause du mode de scrutin qui ne permet pas à un parti de disposer d’une majorité absolue » a-t-il ajouté.
L’USFP a rapidement répondu à travers le journal du parti en réaffirmant sa volonté à faire partie du gouvernement. L’USFP affirmé que le retard dans la formation du gouvernement est dû à la politique de « diffamation et d’insulte » menée par Benkirane à l’égard des « partenaires politiques, au lieu d’une logique de participation faisant prévaloir l’intérêt national sur les intérêts partisans étroits ».
Selon l’USFP, Benkirane est clairement « isolé » en raison de son « échec » à établir des relations de confiances avec les partis et à inventer « un ennemi » pour détourner l’attention du « problème principal ».
Le PJD est arrivé en tête lors des élections législatives du 7 octobre 2016 en remportant 125 sièges sur les 395 mis en jeu, suivi du PAM (102 sièges), de l’Istiqlal (46 sièges), du RNI (37 sièges), l’USFP (20 sièges), l’Union Constitutionnelle (19 sièges) et le PPS (12 sièges).