Le représentant du Maroc à aux Nations unies s’est dit « étonné que l’Algérie ne cherche à appliquer le principe de l’autodétermination qu’au seul Sahara marocain et pas à la Kabylie ».
La guerre diplomatique entre l’Algérie et le Maroc prend une nouvelle tournure dans les couloirs des Nations unies. Jeudi, les représentants des deux pays à la Troisième commission des Nations unies chargée des questions sociales, humanitaires et culturelles se sont livrés à une bataille verbale acharnée qui a perturbé les discussions sur le mandat du Conseil des droits de l’homme de l’ONU inscrit à l’ordre de jour.
Tout a commencé lorsque le représentant du Maroc à cette organe, M. Omar Kadri a accusé l’Algérie et le Front Polisario de détournement des aides destinées aux camps de réfugies sahraouis à Tindouf. Il a également qualifié de « malhonnête » la politique algérienne envers les réfugies africains, indique l’agence de presse des Nations unies.
Ces accusations ont vite, fait réagir le représentant de l’Algérie à cette réunion, M. Zoubir Benarbia qui a déclaré que son pays avait une longue tradition d’accueil et n’avait pas de leçons à recevoir de qui que ce soit sur ce point. Le représentant a également déploré le fait que ce soit le « bourreau qui se présente en victime ». Le Maroc « fait comme si le mal est en Algérie; le mal est au Sahara occidental », a déclaré le représentant, accusant le Maroc de s’être rendu coupable de « massacres de masse » de disparitions forcées et au nom d’une « prétendue marche verte » d’avoir fait fuir les Sahraouis vers les pays voisins. Il était de la responsabilité de l’Algérie d’accueillir ce peuple frère avec lequel il partage des valeurs, a-t-il dit.
« Si le Maroc s’est dit être pour les droits de l’Homme, pourquoi refuse-t-il donc la création d’une composante droits de l’Homme au sein de la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO)? », s’interroge-t-il. Il a également rejeté les allégations portées par le Maroc quant au détournement de l’aide humanitaire ou les entraves à l’enregistrement des réfugiés dans les camps de Tindouf.
Usant de droit de réponse, M. Omar Kadri pousse le bouchon plus loin en réclamant la traduction de l’Algérie devant la Cour pénale internationale (CPI), pour s’expliquer selon lui, sur l’expulsion de 350 000 Marocains du territoire algérien durant les années 70. « …..L’acharnement de l’Algérie avait été tel, qu’elle avait en guise de représailles expulsé 350 000 citoyens marocains vivant sur le territoire algérien », a-t-il dit. À ce titre, « l’Algérie devrait être présentée devant la CPI », a poursuivi le représentant du royaume chérifien. Une demande qui ne pourra pas avoir de suite pour la simple raison que l’Algérie et le Maroc n’ont toujours pas ratifié les statuts de Rome portant la création de la CPI. En d’autres termes, les deux pays ne reconnaissent pas la compétence de cette justice internationale spécialisée dans les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité.
Poursuivant ses attaques, le représentant du Maroc a évoqué le projet du MAK. « Pourquoi l’Algérie ne parle-t-elle jamais du droit à l’autodétermination de la population kabyle? » a-t-il demandé. Cette question a été soulevée pour la deuxième fois par le Maroc en l’espace de deux jours seulement dans les réunions de cet organe des Nations unies. En effet, Le même représentant du Maroc s’est dit « étonné » que l’Algérie ne cherche à appliquer le principe de l’autodétermination qu’au seul « Sahara marocain » et refuse de le considérer pour le plus ancien peuple d’Afrique, « les Kabyles », dont elle viole les droits en Kabylie, a-t-il accusé.