Le défunt Général Paul Aussaresses a été désigné par le professeur Philippe Aghion, à Alger, comme le commanditaire de l’assassinat du militant anticolonialiste, porteur de valises du FLN, Henri Curiel. Son grand cousin.
Soudain, le conférencier arrête ses allers retours sur l’estrade, avance vers l’auditoire et change d’expression. C’est le début des questions réponses, mais il a quelque chose à dire. Visiblement quelque chose de grave.
Philippe Aghion évoque son lien particulier à l’Algérie. L’engagement de sa famille pour l’indépendance de ce pays. Il cite le nom de son oncle, rappelle son assassinat à Paris en 1978 et évoque le nom de son assassin : Aussaresses. Phillipe Aghion est parent de Henri Curiel, « un homme à part », comme le définit le livre qui lui a dédié Gilles Perrault, « le cousin germain de mon père » qui s’est beaucoup battu pour l’indépendance de l’Algérie.
L’amphithéâtre 56 de l’école supérieure des banques de Bouzaréah sur les hauteurs d’Alger, ne s’attendait pas à vivre une telle émotion. Le public de la communauté académique de la prestigieuse Economics Society y avait religieusement écouté, plus une heure durant, l’exposé haletant du professeur Philippe Aghion : « repenser la Croissance ».
Deuxième grand moment de cette rencontre africaine constellée de sommités mondiales de la recherche en économie, la « keynote » de Jean Tirole, Nobel d’économie en avait constitué un premier grand moment, la veille, lors de la séance inaugurale. Philippe Aghion fait partie d’un noyau d’économistes qui ont révolutionné depuis vingt ans la compréhension des clés de la croissance.
La presse française lui prête une influence importante sur la pensée économique du président Macron, devenu son ami, présent au premier rang, en octobre 2015, à son adresse inaugurale au Collège de France, qu’il a rejoint après plusieurs années à Harvard aux Etats Unis.
Un moment de vérité
Lorsque le nom d’Henri Curiel fuse, des applaudissements éclatent parmi la partie algérienne de l’amphithéâtre repris de tous, qui comprennent qu’un moment singulier de vérité vient de se dénouer.
En fait, Le professeur Phillipe Aghion s’était libéré quelques heures auparavant, de cette déclaration de fidélité faite au combat de son grand oncle. Au début d’un entretien exclusif accordé à RadioM, il a évoqué son émotion d’être pour la première fois en Algérie et le lien très particulier de sa famille avec l’Histoire de ce pays.
Il a affirmé que Henri Curiel « a été assassiné en 1978 par le général Aussares qui était comme vous le savez un bourreau » durant la révolution algérienne. L’assassinat de Henri Curiel le 04 mai 1978, par deux hommes en bas de chez lui, rue de Rollin à Paris, a été revendiqué par un commando Delta lié à l’OAS.
L’arme qui a servit au meurtre du 04 mai 1978 avait été utilisée quelques mois auparavant, toujours à Paris, dans l’assassinat du gardien de nuit de l’amicale des algériens en France. Mais l’enquête de police n’a jamais réussit à élucider l’affaire, après s’être un moment éloignée de la piste du crime de vengeance de l’OAS.
Le parquet de Paris a classé l’affaire en 2009. En 2015 un livre intitulé Le Roman vrai d’un fasciste français rapporte les aveux d’une barbouze d’extrême droite, René Resciniti. Il y revendique l’assassinat de Henri Curiel.
La famille de Henri Curiel demande depuis la réouverture de l’enquête judiciaire à la lumière de ces éléments nouveaux. Il n’existait pas de trace connue dans les débats publics d’une implication de Paul Aussaresses dans le « contrat » de la rue Rollin qui a couté la vie à Henri Curiel. Même si la piste des commanditaires portait une forte odeur des services. Le professeur Philippe Aghion a peut être livré à Alger un lourd secret de famille.
Extrait d’un article Wikipédia dédié à René Resciniti de Says
En avril 2015 paraît Le Roman vrai d’un fasciste français, qui retrace la vie et contient les confessions de René Resciniti de Says5. Celui-ci y confirme être l’assassin de Pierre Goldmann — ce qui se chuchotait depuis plusieurs années — et se revendique aussi comme celui d’Henri Curiel. Ce militant anticolonialiste avait été abattu en 1978 au pied de son immeuble à Paris Ve, et son assassinat était resté inexpliqué après l’échec de l’enquête judiciaire officielle.
René Resciniti de Says affirme avoir ainsi exécuté une « commande » passée par certains responsables de services français, notamment Pierre Debizet, à l’époque patron du SAC. Si René Resciniti de Says explique avoir voulu assassiner le chef (1960-1962) des réseaux français d’aide au FLN (« les porteurs de valise »), les « services » en voulaient surtout à l’action de H. Curiel en soutien au mouvements tiers-mondistes des années 1970 soupçonnés de faire le jeu des Soviétiqu