Il suffit parfois d’un remaniement pour que les critiques venues de « l’extérieur » du gouvernement deviennent « officielles ». La très controversée activité de montage de véhicules, la « grande affaire » de Bouchouareb l’illustre parfaitement.
Importations déguisée, taux d’intégration, flambée des prix des véhicules. En quelques phrases, le ministre de l’Industrie et des Mines, Mehdjoub Bedda, a littéralement éreinté dimanche, la gestion du dossier « montage » des véhicules en Algérie par son prédécesseur Abdeslam Bouchouareb.
Le constat très largement fait par des experts que cette activité de « montage » n’est qu’une forme déguisée d’importation est ainsi endossé par Mehdjoub Bedda. Cette activité de montage, a-t-il déclare, est une « une forme d' »importation déguisée », ce qui nécessité une révision de la règlementation de cette activité.
Un cahier des charges sans fond
A cet effet, la vive polémique suscitée lors du lancement de l’usine de fabrication de véhicules de marque Hyundai de Mahieddine Tahkout a été un révélateur. Une commission d’enquête a « confirmé » que Tahkout Manufacturing Compagny (TMC) « respectait le cahier des charges relatif à l’investissement dans ce domaine ». Cette conclusion avait attiré l’attention sur la grande indigence du cahier des charges élaboré par le ministère de l’industrie
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En toute logique, ce sera ce cahier des charges – ambiguë et léonin sur le taux d’intégration – qui devra être révisé pour éviter que le montage ne soit qu’une importation déguisée. L’évaluation de la filière du montage de véhicules montre qu’il y a une » forme d’importation déguisée et que le taux d’intégration nationale n’a pas atteint l’objectif escompté », a indiqué M. Bedda.
Parmi les failles relevées par cette « évaluation préliminaire », le ministre a relevé le « prix exorbitant des véhicules par rapport aux années précédentes » ainsi qu’un « manque à gagner pour le trésor » sans compter que l’activité de montage est loin d’avoir généré les emplois prévus. »Les véhicules sont de plus en plus chers pour les citoyens alors que l’Etat, qui a accordé tous les avantages aux investisseurs,a un manque à gagner important ».
« Il est nécessaire de mettre un terme au mode actuel de production dans ce secteur, étant donné que la majorité des entreprises de montage de véhicules n’ont pas atteint les objectifs assignés notamment en matière d’intégration nationale », a déclaré le ministre.
Bedda a pris cependant le soin d’assurer que « ce constat ne signifie aucunement l’abandon de la filière de l’automobile, qui demeure essentielle pour le secteur. Cependant, nous devons revoir la règlementation de cette filière de façon à lui assurer la pérennité et ouvrir la voie aux équipementiers, aux fabricants de pièces détachées et aux entreprises de sous-traitance »