La banque d’Algérie a réussit un joli coup en accueillant à l’ESB de Bouzaréah, la rencontre africaine de la Société d’économétrie, l’une des plus prestigieuse du monde académique dans la recherche en économie.
L’amphithéâtre de la séance inaugurale de la rencontre africaine de Econometric Society (EC) a assisté, ce jeudi matin, à une tentative de « capture » dans des équations modélisées de la rationalité des comportements des acteurs de l’économie. Au tableau, le professeur Jean Tirole, président de la fondation Jean Jacques Laffont, Toulouse Schools of Economics (TSE), prix Nobel d’économie en 2014. Il y’a prés d’un siècle et demi que les économistes tentent de rendre quelque peu prédictible le comportement de l’homo-economicus. Jean Tirole a présenté un travail conduit en commun avec Rolland Benabou ou l’éthique est la valeur pivot dans les stimulus du comportement. « Sujet très vaste » préviens t’il. En effet. « Ne pas faire de mal à autrui », est la définition de « ce qu’est la moralité », empruntée à Jonathan Haidt, qui permet d’avancer vers le propos. Entre « des marchés imparfaits » et des politiques publiques « qui se trompent », le citoyen peut il produire une troisième voix par un comportement idéal ? Premier biais, les « croyances rationnelles » sont souvent trompeuses. Et le comportement social qui pense être moral, et optimiser son propre intérêt, est souvent le produit d’une construction d’une longue durée qui échappe à la rationalité et se soumet à plus à « la puissance des récits » auxquels nous sommes exposés. Ce sont les « externalités d’un comportement moral ou non moral » qui intéressent la recherche scientifique. Ainsi la bonne réputation, l’image que l’on donne de soi même, en tant qu’entreprise ou en tant qu’individu, peut être un stimulant à forte pondération dans l’équation du comportement moral.
Pas encore possible de prévenir le profil corruption
La communauté africaine et internationale de EC présente à la présentation de ce papier du professeur Jean Tirole a pu évaluer la pertinence du modèle mathématique qui induit les comportements moraux ou non moraux. Avec une incidence particulièrement étudiée, l’impact des récits positifs (pro –sociaux) ou négatifs sur le comportement moral ou non éthique. La toute puissance des récits (narratives) sur les comportements est longuement illustrée et leur incidence est vectorisée sur un repère orthonormé : Les récits négatifs (ex- si je ne le fais pas d’autres le feront) renvoient vers l’arrière et les récits positifs (ex : il faut être fraternel) poussent au delà du point d’équilibre ou le cout pour être moral (sacrifice en temps, en argent ect…) va devenir supportable. Le prix Nobel d’économie a bien sur pris toutes les précautions méthodologiques d’usage pour expliquer ce que son modèle évacuait ou intégrait ; exemple être loyale à sa communauté dans le sud de l’Italie peut amener à être non éthique à l’égard d’autres communauté en passant par une valeur morale ; la loyauté. L’objet de ce chantier de recherche est de mieux comprendre quel sont les stimulus qui rendent les comportement plus moraux. Ainsi un test de partage de revenus provoque un comportement notablement plus généreux, si la caméra de l’ordinateur est branchée et que le joueur se voit jouer. Le débat avec Jean Tirole a permis d’apprendre, notamment, que ce domaine d’étude ne permettait pas encore de prévenir les profils moraux les plus enclins à pratiquer la corruption au moment des recrutements aux postes de pouvoir dans l’administration. « Il y’a encore avec Rolland Benabou des directions de recherche à développer ». C’est le gouverneur de la banque d’Algérie, Mohamed Loukal, qui a ouvert la 1ere journée des travaux qui se poursuivront jusqu’à samedi.