Le PDG du groupe Ival, M. Mohamed Baïri, qui était hier sur le plateau de Radio M, la webradio de Maghreb Emergent confirme le blocage de fait des importations de tous les types de véhicules « depuis fin mars 2015 » et s’interroge sur les raisons de cette situation qui affecte sévèrement l’activité des concessionnaires installés en Algérie. Il dénonce une confusion entre deux objectifs différents : « Est-ce qu’on cherche à réduire les importations ou bien est-ce que l’objectif est de mettre de l’ordre dans le secteur et d’améliorer les normes de sécurité des véhicules importés ?»
Mohamed Bairi, qui connait bien le secteur pour avoir dirigé pendant de nombreuses années l’Association des concessionnaires automobiles algériens (AC2A), ne conteste pas que les importations de véhicules ont atteint au cours des dernières années un niveau très élevé. Il évoque une facture annuelle supérieure à 7 milliards de dollars. « C’est beaucoup, dit-il, mais ce n’est pas la faute des concessionnaires et le contrôle administratif des importations n’est pas un instrument approprié ». Pour l’ancien président de l’AC2A, les causes de l’augmentation des importations de véhicules sont plutôt à rechercher dans « les politiques publiques mises en œuvre au cours des dernières années qui ont stimulé la demande au moyen d’importantes distributions de revenus ». Mohamed Bairi relève que dans ce domaine les choses sont d’ailleurs progressivement en train de revenir à une situation plus normale. « Après le pic atteint en 2011 et en 2012, les importations reculent et on devrait s’orienter pour les véhicules de tourisme vers une taille de marché de l’ordre de 350 000 véhicules ». Une évolution qui sera accélérée par « les nouvelles opportunités offertes aux ménages algériens en matière d’acquisition de logements » .Un marché algérien qui, rappelle le PDG d’Ival, était aussi constitué en 2014 de « 50 à 55 000 véhicules utilitaires et près de 15 000 véhicules industriels qui sont également touchés par les mesures administratives de blocage en cours ».
Une concertation insuffisante pour le nouveau cahier des charges
Abordant le dossier brulant du nouveau cahier des charges imposé aux concessionnaires automobiles, Mohamed Bairi tient à distinguer les objectifs qu’il considère comme louables et les conditions de sa mise en œuvre qu’il juge « trop rapide et unilatérale ». « Nous sommes tous d’accord sur le constat qu’on doit mettre de l’ordre dans le secteur. Il faut améliorer les normes d’exercice de notre activité, le service après-vente, les délais de livraison etc.. ». Il faut aussi « s’attaquer sérieusement au problème des normes de sécurité des véhicules importés. En Algérie nous avons 4000 décès par an sur nos routes pour un parc de 5 millions de véhicules. En France, il y a moins de 4 000 morts pour un parc de 40 millions de voitures ». Mais, ajoute Mohamed Bairi « la concertation entre pouvoirs publics et professionnels du secteur, entamée sur ce chapitre voici plus d’un an, n’a pas été au bout de ses objectifs ». Le patron d’Ival estime d’ailleurs les « torts partagés entre les deux partenaires ».
Blocage des importations depuis fin mars
Les conséquences de cette concertation insuffisante se mesurent aujourd’hui, selon M.Bairi, par l’interruption brutale des importations de tous les types de véhicules depuis fin mars dernier. « Les banques refusent depuis cette date de domicilier les importations, y compris celles qui concernent les pièces de rechange. L’administration va même encore plus loin en demandant des certificats de conformité au nouveau cahier des charge délivré par les ingénieurs des mines des wilayas pour les véhicules arrivés au port et commandés depuis plusieurs mois dans le cadre de la réglementation sur les lettres de crédit » .
Une application précipitée
Endossant son nouveau statut de vice président du FCE, Mohamed Bairi réclame un retour à la table de négociation. « Le cahier des charges est trop exigeant et a été mal conçu. En matière de normes de sécurité, on a été trop loin en demandant des équipements comme l’ASR qui n’existe nulle part dans le monde ». Des exigences inutiles et qui risquent, selon Mohamed Bairi, de « gonfler considérablement le coût des véhicules importés alors qu’il aurait suffi de décider qu’on s’alignait purement et simplement sur les normes européennes dans ce domaine ». Pour ce qui concerne l’entrée en application « précipitée » du nouveau cahier des charges, M.Bairi, qui ne peut pas confirmer que des importations massives ont précédé l’adoption de la nouvelle réglementation, estime qu’ « il aurait fallu fixer une date à l’avance et donner ainsi un délai aux opérateurs pour se préparer et apurer les anciennes commandes. »
Extraits vidéo : http://bit.ly/1JPXOUm
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