Les prix du pétrole pourraient atteindre les 100 dollars (85 euros) le baril en fin d’année ou au début 2019 avec l’entrée en vigueur de sanctions américaines contre l’Iran, ont estimé lundi les groupes de négoce Trafigura et Mercuria lors de la conférence pétrolière régionale Appec (Asia Pacific Petroleum Conference) à Singapour.
Les sanctions visant l’Iran pourraient avoir pour effet de retirer du marché près de deux millions de barils par jour (bpj) de brut d’ici la fin de l’année, ce qui rendrait possible une poussée des prix jusqu’à 100 dollars, a expliqué Daniel Jaeggi, président de Mercuria Energy Trading.
« Nous devons nous préparer à un accès de volatilité au quatrième trimestre car (…) le marché n’a tout simplement pas la réponse appropriée, en termes d’offre, à la disparition de deux millions de bpj », a-t-il déclaré.
Washington a déjà mis en oeuvre des sanctions financières contre l’Iran et ciblera son industrie pétrolière à partir du 4 novembre, tout en poussant parallèlement d’autres pays à réduire ou cesser eux aussi leurs achats de pétrole iranien.
Ben Luckock, coresponsable du négoce de pétrole chez Trafigura, a estimé que le prix du baril pourrait atteindre 90 dollars le baril d’ici Noël et 100 dollars autour du Nouvel An avec le resserrement de l’offre sur le marché.
Dans ses dernières prévisions de marché publiée vendredi, la banque américaine JP Morgan a pour sa part jugé « probable » une poussée à 90 dollars dans les prochains mois.
L’OPEP et la Russie sourdes aux appels de Trump
Le cours du Brent, référence du marché mondial, a repassé lundi le cap des 80 dollars pour remonter à son meilleur niveau depuis mai dernier. Il s’inscrit à 80,38 dollars vers 07h50 GMT, en hausse de près de 2% sur la séance et de 20% depuis le début de l’année.
Après deux années de forte baisse, l’or noir est orienté à la hausse depuis le début 2017, quand l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et d’autres producteurs importants, Russie en tête, ont commencé à réduire leurs livraisons pour soutenir les prix.
Des perturbations non prévues de l’offre du Venezuela, de la Libye et du Nigeria ont contribué à resserrer le marché au moment même où la demande mondiale approche pour la première fois les 100 millions de bpj.
L’Opep et la Russie ont exclu dimanche toute augmentation supplémentaire de leur offre de pétrole dans l’immédiat. Elles restent donc pour l’instant sourdes aux appels du président américain Donald Trump alors que des sources évoquaient vendredi la possibilité d’une hausse de 500.000 bpj de la production pour compenser la baisse des exportations iraniennes.
« Nous nous attendons à ce que les pays de l’Opep qui disposent de capacités non-utilisées, emmenés par l’Arabie saoudite, augmentent leur production sans compenser complètement la baisse des volumes iraniens », a dit Edward Bell, analyste matières premières de la banque Emirates NBD.
L’Iran, de son côté, affiche sa confiance dans sa capacité à continuer d’écouler sa production à l’étranger.
« Les Etats-Unis rêvent de réduire les exportations iraniennes à zéro, ne serait-ce que pour un seul mois, mais ce rêve ne deviendra pas réalité », a réagi lundi le ministre iranien du Pétrole, Bijan Zanganeh, cité par l’agence de presse Isna.
Reuters