Les cours du pétrole ont baissé jeudi pour la cinquième séance de suite, restant au plus bas depuis plus d’un mois dans un marché qui ne parvient pas à se défaire de ses inquiétudes quant à la surabondance générale.
Le cours du « light sweet crude » (WTI), référence américaine du brut, a perdu 68 cents à 44,66 dollars sur le contrat pour livraison en décembre au New York Mercantile Exchange (Nymex), après n’avoir connu que des séances de baisse depuis une semaine.
A Londres, le prix du baril de Brent de la mer du Nord, qui a observé une évolution semblable, a encore cédé 51 cents à 46,35 dollars sur le contrat pour livraison en janvier à l’International Exchange (ICE).
« La pression reste là, faute de voir comment amoindrir l’offre pour le moment », a résumé Carl Larry, de Frost & Sullivan.
Les cours, qui évoluent depuis plusieurs jours au plus bas depuis la fin septembre, ont tenté un rebond en début de séance, mais sont vite retombés dans le rouge, faute d’actualité réellement encourageante.
Les investisseurs en sont donc revenus au contexte qui plombe le marché depuis la fin de la semaine précédente avec, d’un côté, les doutes sur un accord de baisse de la production au sein de l’Organisation des pays producteurs de pétrole (Opep) et, de l’autre, l’annonce d’un bond massif de presque quinze millions de barils des stocks hebdomadaires de brut aux Etats-Unis.
Sur ce dernier plan, « le problème, c’est que les raffineries américaines fonctionnent à une cadence ralentie et ne devraient pas vite reprendre leur rythme habituel », en pleine saison de maintenance, a expliqué M. Larry.
« Et si les raffineries ne marchent pas, le pétrole brut n’a nulle part où aller », a-t-il insisté.
D’autres analystes notaient aussi que la production américaine risque de rebondir, car beaucoup de producteurs d’hydrocarbures de schiste sont susceptibles d’avoir accéléré leur activité à la faveur de l’embellie des cours en octobre.
Ryad monte les prix
Cet essor, sur lequel le marché est désormais totalement revenu, avait suivi l’annonce fin septembre par l’Opep d’un projet d’accord entre ses membres afin de réduire leur production.
« Mais il va falloir attendre la fin du mois pour assister à de véritables actions face au niveau de l’offre », a prévenu M. Larry.
L’Opep doit encore mettre en oeuvre le texte à l’issue de son sommet du 30 novembre et les doutes règnent actuellement sur sa capacité à le faire: certains de ses membres en sont déjà exemptés, d’autres semblent désireux de l’être et les derniers chiffres en date montrent que l’offre du cartel reste à un niveau sans précédent.
Certes, dans les derniers développements en date, l’Arabie saoudite, acteur dominant du cartel, « a relevé ses prix vers ses clients asiatiques et cela peut être perçu comme une manière de témoigner de son engagement à parvenir à une baisse de la production », des tarifs plus élevés supposant une offre moindre, a rapporté Bob Yawger, de Mizuho Securities.
Cette actualité a cependant semblé n’apporter qu’un bref soutien au marché, son aspect symbolique ne semblant pas peser très lourd par rapport aux doutes régnant sur la bonne volonté de pays comme l’Irak, deuxième producteur du cartel, pour freiner leur offre.
La hausse des tarifs saoudiens « peut être interprétée comme quelque chose d’encourageant, mais cela risque de n’être que le reflet de l’évolution saisonnière des raffineries et non d’un véritable rééquilibrage entre l’offre et la demande », a estimé dans une note Tim Evans, de Citi.
De façon plus engageante, « on peut espérer qu’à court terme, des déclarations optimistes de ministres de l’Opep puissent contribuer à relancer un peu les cours avant le sommet du 30 novembre », a-t-il conclu, tout en exprimant son scepticisme sur les effets concrets du projet d’accord à une échéance plus lointaine.