Deux économistes algériens vivant à l’étranger viennent de faire en ce mois d’avril 2018 sur le site Maghreb Emergent, l’apologie du financement non conventionnel tout en émettant certaines conditions. L’objet de cette contribution est de rappeler les fondements du modèle keynésien pour ensuite voir s’il s‘applique à l’expérience récente algérienne notamment à travers la dépense publique via le financement non conventionnel, puisque le fondement de sa réussite repose sur la théorie keynésienne de la relance de la demande globale à travers l’émission monétaire.
1.-Les fondements de la théorie keynésienne
La base de la pensée keynésienne réside dans le fait de considérer que la demande effective (c’est-à-dire le niveau de consommation et le niveau d’investissement) détermine le niveau de production donc le niveau de l’emploi. Les «stratégies» politiques de relance keynésienne se fondent également sur l’importance du rôle de l’état dans l’économie. Keynes ne croit pas à l’autorégulation de l’économie par les mécanismes naturels des lois du marché.
L’Etat doit donc intervenir en tant qu’agent régulateur car le capitalisme livré à lui-même ne peut que conduire à des crises chroniques. C’est à l’Etat d’intervenir pour relancer la demande de biens de consommation et de biens d’investissement. Keynes a en quelque sorte été l’artisan du développement de l’Etat providence après la 2° guerre mondiale. Keynes conteste totalement les fondements de l’analyse classique libérale. Keynes raisonne au niveau macroéconomique et considère que la « théorie classique n’est applicable qu’au cas du plein emploi ». Or écrivant durant la période de crise de l’entre-deux guerres ce qui l’intéresse c’est ce qui se passe en période de sous-emploi. De cela découle deux points clés : l’offre ne crée pas comme chez Jean-Baptiste Say sa propre demande mais dépend de la demande effective; à la différence des classiques la monnaie n’est pas une voile mais influe sur l’économie réelle. La demande effective est la demande anticipée par les entrepreneurs. Ces derniers calculent la production qu’ils doivent réaliser afin de d’offrir la quantité optimale de biens et de services demandée par les agents économiques.
Le sous emploi des facteurs de production est selon Keynes dû au fait que les entrepreneurs ont des anticipations pessimistes et sous-estiment la demande effective. Keynes à la différence de Jean-Baptiste Say et des néo-classiques ne raisonne pas dans le cadre d’une « parfaite rationalité des agents et d’une information parfaite sur la situation présente et future » aussi la demande effective dépend de prévisions d’agents qui peuvent ne pas conduire au plein emploi. Pour Keynes, le salaire n’est pas seulement un coût c’est aussi un déterminant important de la demande. Par ailleurs pour lui le mécanisme des prix sur le marché du travail n’aboutit pas usuellement au plein emploi d’où l’introduction de la notion de chômage involontaire. Pour les classiques l’offre de travail par les salariés dépend du salaire réel. S’il y a du chômage c’est que le salaire réel est supérieur à la productivité marginale du travail. Le chômage ne peut être que volontaire c’est à dire venant du refus de travailler au nouveau salaire d’équilibre. Pour Keynes les salaires nominaux ne peuvent pas baisser pour les raisons suivantes: a) des salaires nominaux sont liés à la négociation des contrats -b) une baisse des salaires nominaux entraînerait une baisse de la demande qui provoquerait à son tour la baisse de la production.
La demande effective en économie fermée, se compose de la consommation + l’investissement (C+I). La consommation est le fait de consommer des biens et services, dans le but de satisfaire des besoins ou des désirs. L’épargne est la partie du revenu qui n’est pas consommée, à la différence des classiques pour qui l’épargne dépend du taux d’intérêt, chez Keynes, elle dépend du revenu et l’investissement dépend du taux d’intérêt et de l’efficacité du capital utilisé. Enfin relatif à la théorie de la monnaie, cette dernière répond au motif de précaution ou de transaction dépendant du revenu global (contrairement à la théorie ultra- libérale néo-classique) et est détenue pour trois raisons : pour motif de spéculation, motif de transaction et motif de précaution ou le désir de sécurité en ce qui concerne l’équivalent futur en argent d’une certaine proportion de ses ressources totales. L’auteur aborde alors les raisons de l’intervention de l’Etat. Pour Keynes, en période de récession seul l’état est en mesure de stimuler la demande lorsque celle-ci est insuffisante.
En effet, en période de crise les agents économiques ne dépensent pas et les entreprises n’investissent pas. L’investissement ne peut donc «repartir» que si les anticipations des entreprises sont positives. Keynes préconise donc des mesures de relance. Il s’agit de redonner confiance aux consommateurs ; de mettre en œuvre des moyens de répartition des richesses permettant aux agents économiques qui ont la propension moyenne à consommer la plus élevée (c’est-à-dire les catégories sociales les plus «défavorisées») de dépenser pour mieux relancer la machine économique ; de baisser les taux d’intérêts pour stimuler le crédit à la consommation et aux investissements et enfin d’engager une politique de grands travaux publics qui provoqueront un effet multiplicateur de revenus et accélérateur d’investissements.
Le rôle de l’état consiste donc à injecter des revenus pour «doper» la machine économique. La reprise de la consommation entraînera une augmentation des investissements donc la situation de l’emploi s’en trouvera améliorée, et ce grâce au multiplicateur de revenus. L’idée de départ est la suivante : toute injection de revenus dans l’économie par l’état provoquera une augmentation du revenu national qui lui est bien supérieure. L’efficacité d’une relance de la consommation dépend donc de l’importance de la propension marginale à consommer (c’est-à-dire la tendance des agents économiques à consommer un supplément de revenus). Mais, l’effet d’une relance ne pourra être réellement mesuré que par le jeu du multiplicateur et de l’accélérateur..
2.- La théorie keynésienne à l’épreuve de l’expérience algérienne de la dépense publique
Avec les dernières mesures gouvernementales de restriction de l’apport étranger donc utilisant presque à 100% les fonds publics,( règle des 49/51% généralisable à tous les secteurs) et avec la chute actuelle du baril et du prix de cession du gaz, la capacité financière est d’autant plus réduite que les recettes en moyenne globale de l’Algérie 98%, des exportations ,proviennent d’environ 1/3 du gaz ,1/3 du pétrole et 1/3 de produits raffinés l’Algérie, ayant réalisé d’importants investissements gaziers alors que le cours le 22 avril 2018 fluctue entre 2,66 – 2, 74 dollars le MBTU (British Thermal Units) et le cours du baril le Brent est coté à 73,63 dollars. Le prix du gaz naturel a fortement baissé du fait de l’efficacité énergétique, de l’introduction de nombreux producteurs, et du gaz de schiste américain.
Les différents programmes de développement durant ces dernières décennies ou nous avons assisté à une désindustralisatioqn depuis 1980 vont pour plus de 70% aux infrastructures. Or, le grand problème, la mentalité rentière étant de dépenser sans compter, assimilant réalisation à dépenses monétaires ou se réfugiant dans les réalisations physiques sans se préoccuper du coût, avec des restes à réaliser, l’Algérie souffrant de la faiblesse des capacités d’absorption ce qui entraîne des surcoûts et des réévaluations perpétuelles.
Pour ce faire une idée du bilan, et améliorer la gestion ce qui suppose de préciser le coût initial des projets et ceux clôturées par rapport aux standards internationaux, et les justifications de ces différentes réévaluations, il y a lieu d’évaluer son impact sur le taux de croissance, le taux de chômage et le pouvoir d’achat des citoyens : enquêtes sur la répartition du revenu et modèle de consommation par couches sociales pour déterminer l’indice de concentration en termes réels selon une vision dynamique à moyen et long terme.. Or les enquêtes sur le terrain montrent une mauvaise programmation, la surestimation des dépenses et à de longs retards dans l’exécution des projets, de très importants dépassements de budget au niveau de différents projets , l’existence d’un décalage entre la planification budgétaire et les priorités sectorielles, l’absence d’interventions efficaces dues à un morcellement du budget résultant de la séparation entre le budget d’investissement et le budget de fonctionnement , des passifs éventuels potentiellement importants, de longs retards entrainant des surcoûts pendant l’exécution des projets.
Ceci, témoigne de la faiblesse de la capacité d’exécution des organismes d’exécution, que ni les ministères d’exécution, ni le ministère des Finances n’ont suffisamment de capacités techniques pour superviser la qualité de ces études, se bornant au contrôle financier, le suivi technique (ou physique) exercé par les entités d’exécution étant inconnu ou au mieux insuffisant. De nombreuses faiblesses trouvent leur origine dans l’urgence qui accompagne la préparation des projets notamment la myriade de demandes spécifiques auxquelles les projets sont supposés répondre avec des chevauchements des responsabilités entre les diverses autorités et parties prenantes (des dizaines de commissions ministérielles et commissions de wilaya dans le cas du PSRE) ce que les économistes appellent les couts de transactions et ce faute d’une organisation institutionnelle non optimale. Dès lors, nous aurons (04) impacts de l’inefficacité de la dépense publique :
-a- sur le volume des importations car le gonflement est du essentiellement à la dépense publique;
-b- sur le processus inflationniste qui est à l’origine pour partie de l’inflation et très accessoirement les salaires qui représentent moins de 20% rapportés au produit intérieur brut ;
c- sur la balance des paiements du fait que le doublement de la valeur des services entre 2002/2017, 10/11 milliards de dollars concerne essentiellement le poste infrastructures (assistance étrangère) renvoyant à la dévalorisation du savoir ; d- sur le taux de croissance global et sectoriel.
Là aussi il faut replacer les chiffres dans leurs véritables contextes car les hydrocarbures irriguent l’ensemble de l’économie et le segment hors hydrocarbures, L’essence du taux de croissance global l’est à plus de 80% sur le total des 5/6% hors hydrocarbures de taux de croissance invoqué par les officiels ( moyenne 2000/2017) , restant aux seules véritables entreprises une participation réelle inférieure à 20% du total du produit intérieur brut ( PIB) comme le montre depuis plusieurs années les exportations hors hydrocarbures (environ 3% du total). Encore il faut le reconnaitre nous avons une amélioration du secteur agricole.
Aussi la croissance hors hydrocarbures officiel est un taux artificiel comme le taux de chômage incluant tous les emplois temporaires improductifs, les sureffectifs des entreprises et des administrations et les emplois dans la sphère informelle. Doit-on continuer dans cette trajectoire où les dépenses ne sont pas propositionnelles aux impacts montrant une allocation non optimale des ressources financières et donc un gaspillage des ressources financières ? D’une manière générale,, la dépense publique a ses propres limites et le problème fondamental stratégique qui se pose à l’Algérie réside en l’urgence d’une bonne gouvernance renouvelée se fondant sur un Etat de droit et la démocratisation des décisions, l’épanouissement de l’entreprise concurrentielle nationale ou internationale et son fondement la valorisation du savoir, richesse bien plus importante que toutes les ressources d’hydrocarbures et non l’unique dépense monétaire d’autant plus que les infrastructures ne sont qu’un moyen limité pour un développement durable.
3.-Les leçons à tirer pour le financement non conventionnel
Pour éviter tout équivoque, quelles sont donc les limites au modèle keynésien qui ne repose pas sur l’Etat gestionnaire mais sur la propriété privée des moyens de production ?
-Tout d’abord la théorie keynésienne raisonne en économie fermée. À l’heure actuelle, l’internationalisation croissante des économies constitue une sérieuse limite au modèle. On peut toutefois la concevoir à une échelle internationale avec des instances supranationales de régulation comme cela a été décidé dans plusieurs réunions du G20.
– S’il peut être applicable dans les pays développés le crédit à la consommation redynamise l’économie par la consommation il l’est à certaines conditions : premièrement, il n’est pas si aisé d’agir sur le niveau de consommation globale car la consommation dépend de facteurs économiques et psychosociologiques qui ne sont pas toujours facilement identifiables ni maîtrisables. Même des taux d’intérêt à 0 % n’inciteront pas un couple de chômeurs à s’endetter pour acheter un logement.
Deuxièmement, le paradoxe consommation – épargne constitue également une limite au keynésianisme : les entrepreneurs n’investissent que si le coût du capital est faible donc si les taux d’intérêts sont faibles car la rentabilité du capital doit être supérieure au taux d’intérêt. Dans le cas contraire les entrepreneurs n’investissent pas. Or, les taux d’intérêt faibles supposent une épargne abondante, et une épargne abondante est incompatible avec une forte consommation. Dans ce cas, se pose l’équilibre entre la consommation et l’épargne, s’il y a équilibre car la nouvelle théorie économique tenant compte du temps postule le déséquilibre permanent de la société mondiale d’où l’importance de la théorie de la thermo- dynamique appliquée à l’économie. Aussi pour l’Algérie se pose plusieurs questions dont il ya lieu de répondre correctement si l’on veut éviter les effets pervers d’une politique socio-économique non réfléchie.
-L’origine des richesses en Algérie de 1963 à 2017 (capital argent) à ne pas confondre avec l’accumulation du capital créant de la valeur, a suivi le processus de positionnement des cadres dans les secteurs névralgiques ou même secondaires de l’économie et surtout son domaine public en fonction des positionnements au sein de la société, des relations tribales, expliquant la faiblesse de véritables entreprenants créateurs de richesses. Ces richesses, tributaires de relations de clientèles et donc de la redistribution inégalitaire de la rente des hydrocarbures façonnent l’actuelle la structure sociale en Algérie, structuration en mutation non encore achevée, pas de changement dans le fond mais dans la forme.
-Comment ne pas rappeler les ambiguïtés dans la gestion des capitaux marchands de l’Etat passage des grandes sociétés nationales (1970-1979), du découpage de ces sociétés (1980-1986) des fonds de participation ( 1990), des holdings ( 1996) et des sociétés de participation de l’Etat –SGP ( 2001 à 2008), puis tendance au retour aux entités dépendantes des Ministères et depuis 2014 retour aux grands groupes industriels qui traduisent en réalité le manque de visibilité et de cohérence de la politique économique et sociale. Ces replâtrages juridiques avec une instabilité juridique découragent tout investisseur sérieux- Le blocage essentiel de l’investissement local et étranger n’est-il pas le terrorisme bureaucratique qui se nourrit du manque de visibilité et de cohérence dans la réforme globale ? Et ce nouveau juridisme est-il suffisant sans objectifs politiques précis et sans cohérence et visibilité dans la démarche ?
– A-t-on mis en place d’autres mécanismes pour éviter que les investisseurs soient pénalisés par les différentes tracasseries administratives (registre de commerce, plusieurs mois alors que dans des pays normaux cela met quelques heures,) banques qui sont des guichets administratifs, fiscalité fonctionnant sur les méthodes du XIXème siècle, douane, terrain au niveau des collectivités locales,(le cadastre n’étant pas à ce jour réactualisé et le problème du foncier non résolu malgré certains discours ). Car le parcours du combattant lorsqu’on n’a pas fait faillite dans les méandres bureaucratiques dure plus de 5 années entre le moment de la maturation du projet et sa réalisation alors que dans tous les pays du monde l’écart est relativement faible.
-A-t-on analysé les impacts des différents assainissements des entreprises publiques avec un résultat mitigé pour plusieurs dizaines de milliards de dollars entre 1970 et 2017 dont 70% sont revenues à la case de départ, entrainant des recapitalisations répétées des banques publiques. , de quoi créer tout le tissu industriel existant mais cette fois compétitif montrant que ce n’est pas une question uniquement d’argent mais de tenir compte des deux piliers du développement du XXIème siècle à savoir le management stratégique et la valorisation du savoir .
– A-t-on tenu compte du nouveau défi écologique fondement du développement durable avec ces unités polluantes, ces constructions dans la majorité des secteurs selon les normes dépassées et ce taux d’urbanisation effréné (des éco- pôles mais réalité de vulgaires hangars comme l’a souligné le Président Bouteflika lui-même) avec les risques de ghettos qui enfanteront inéluctablement la violence ?
A-t-on analysé objectivement l’importance de la sphère informelle représentant plus de 50% du produit intérieur brut (PIB) hors hydrocarbures fonctionnant dans un espace social de non droit, dont la croissance est proportionnelle au poids de la bureaucratie et de la corruption et les moyens de l’intégrer loin des mesures administratives autoritaires ?
-S’est –on soucié de la connaissance du bouleversement mondial où les capitaux iront s’investir là ou les obstacles politiques sont mineurs, ( il existe un marché mondial des privatisations ) d’un grand espace socio-économique d’où l’importance de l’intégration maghrébine au sein de l’espace euro- méditerranéen et africain, et des impacts réels de notre adhésion à la zone de libre échange avec l’Europe avec des dégrèvements tarifaires allant vers zéro horizon 2020 et du futur accord avec l’organisation mondiale du commerce (OMC) et les moyens de s’y adapter ?
-Et donc est-il réaliste de vouloir opposer des Etats alors que n’existent pas de divergences fondamentales en termes géostratégiques entre les Etats Unis et l’Europe mais pour paraphraser les militaires seulement des tactiques divergentes à court terme ? Notre diplomatie ne devrait-elle pas s’adapter à cette nouvelle donnée différente fondamentalement des années 1970, période de la guerre des blocs avec l’implication plus importante des organisations non gouvernementales crédibles.
4.-Un consensus social pour des réformes structurelles afin de démentir les prévisions alarmistes du rapport du 16 avril 2018 de la banque mondiale
Un changement de cap s’impose afin démentir les prévisions de la banque mondiale dans son récent rapport du 16 avril 2018 après avoir modifié la vision alarmiste, ou il est affirmé au sujet de l’utilisation par l’Algérie du financement non conventionnel, la qualifiant de « très préoccupante » Selon le rapport préliminaire qui n’a pas modifié ses prévisions statistiques pour l’Algérie contrairement à ce qui a été rapporté par une certaine presse( voir les données statistiques de la BM) , la croissance du PIB devrait s’établir à 3,5 % en 2018, puis ralentir les années suivantes.
Les économistes de la Banque Mondiale tablent sur une croissance à 2% en 2019 et 1,3% en 2020, la qualifiant de « croissance « anémique ». En raison du recours à la planche à billets l’inflation en termes réels devrait s’établir selon la banque mondiale à 7,5% en 2018, puis 8,1% en 2019 et 9% en 2020, .prévoyant une aggravation du déficit en 2018 en raison du maintien du niveau de dépenses publiques à un niveau élevé non compensé par une hausse des recettes. Ainsi selon la BM s’annoncent pour l’Algérie de vives tensions budgétaires« car dans le cadre budgétaire actuel (2018-2020), adopté dans la loi de finances de 2018, les dépenses publiques resteront très élevées et ne seront pas contrebalancées par l’augmentation des recettes publiques qui pourrait résulter de la remontée escomptée des cours et de la production du pétrole » du fait que directement et indirectement Sonatrach procure 97/98% des recettes en devises. Le déficit budgétaire devrait atteindre en 2018 11,4 % du PIB, puis diminuer grâce à un rééquilibrage des finances publiques au cours de la période 2019-2020 (5,2% en 2019, puis 1,9% en 2020).
Par contre la dette rapportée au produit intérieur brut ( PIB) selon les tableaux statistiques diffusées au niveau international en notre possession passent de 19,1% au sein du PIB en 2015, à 32,5% en 2016, 26,9% en 2017 , 39,4% en 2018 et 42,1% en 2020 avec une décroissance du secteur industriel qui passerait de 3,4% en 2017 à 1,8% en 2019 et 1,0% en 2020, une croissance de l’agriculture de 2,5% en 2017/2018, 2,7% en 2019 et 2,3%.en 2020, avec une décroissance des services qui passent 3,1% en 2018, 2,0% en 2019 et 1,4% en 2020 . Ainsi, selon la Banque mondiale, le régime des licences n’a pas permis de limiter le volume des importations ayant un impact négatif sur l’activité économique et sur le niveau des réserves de change ,17 mois d’importations à la fin de 2017 et que cinq mois d’importation d’ici 2020. De cette situation en raison de la croissance léthargique du secteur hors hydrocarbures, le taux de chômage a atteint 11,7% en septembre 2017 et pourrait dépasser 13% en 2018. le dérapage du dinar tant par rapport à l’euro qu’au dollar pour combler le déficit budgétaire ayant une limite, étant une solution conjoncturelles ( épargne forcée) d’où l’importance de profondes réformes structurelles et changer la trajectoire de la politique économique l’adaptant aux nouvelles mutations mondiales. Car c’est l’entreprise et son fondement la valorisation du savoir (loin de la rente) tenant compte des nouvelles mutations technologiques qui est la dynamique de la croissance et donc de la création d’emplois à valeur ajoutée, les infrastructures n’étant qu’un moyen.
Tout entrepreneur qu’il soit algérien ou étranger étant mu par la logique du profit, n’ayant pas de nationalisme dans la pratique des affaires, ne devant pas confondre retour à l’étatisme des années 1970 suicidaire pour le pays, et le renforcement nécessaire de l’Etat régulateur indispensable en économie de marché, comme le démontre la crise économique mondiale actuelle avec la dominance de la sphère financière sur la sphère réelle. Il s’agit de mettre en place des mécanismes économiques et financiers d’encadrement souples favorisant l’investissement productif y compris les services qui ont un caractère de plus en plus marchand, en respectant le droit international pour toute crédibilité de l’Etat algérien. Sous réserves de la levée des contraintes analysées précédemment, existent des possibilités pour augmenter le taux de croissance en Algérie qui recèlent d’importantes potentialités, d’au moins de deux à trois points, pour rentrer dans les normes des dépenses actuelles, supposant une nouvelle gouvernance stratégique des institutions et des entreprises.
Aussi, à la lumière de l’expérience algérienne, le modèle keynésien est difficilement transposable pour l’Algérie du fait de la faiblesse de la production locale et de la faiblesse du pouvoir d’achat. Pour l’Algérie, il y a urgence de poser les véritables problèmes à savoir l’approfondissement de la réforme globale pour un véritable développement hors hydrocarbures du passage d’une économie de rente à une économie hors hydrocarbures. Et seules des réformes internes permettront de modifier le régime de croissance pour atteindre une croissance durable hors hydrocarbures condition de la création d’emplois à valeur ajoutée, mettant fin progressivement à cette croissance volatile et soumise aux chocs externes, les dépense monétaires sans se préoccuper des impacts et l’importance des réserves de change, n’étant pas synonyme de développement car fonction, du cours des hydrocarbures. Or, paradoxalement, l’avancé ou l’accélération des réformes en Algérie est inversement proportionnelle au cours du pétrole, paradoxalement étant freinée lorsque les cours s’élèvent. Dans ce cas se pose cette questions stratégique : pétrole bénédiction ou malédiction ? En bref, comme le précisait Keynes lui même, l’idéologie est une chose et l’efficacité de la politique économique en est une autre ».
(1)-Données statistiques de la banque mondiale sur l’Algérie 2015/2020-