Le procès de l’affaire « Sonatrach I », ouvert ce dimanche au tribunal criminel près la cour d’Alger, a été reporté à la prochaine session criminelle pour absence de certains témoins, comme l’a annoncé le président du tribunal. Une décision qui a suscité l’étonnement et la colère des avocats des accusés dont certains sont en prison depuis plus de 5 années. La défense qui a demandé la liberté provisoire s’est vu refuser sa requête par le tribunal criminel.
« Le tribunal a institué d’office sur injonction et instruction venues d’en haut », a accusé Arezki Ait Larbi avocat des deux accusés Meghaoui Hachemi et Meghaoui Yazid. « Le pouvoir ne veut pas de procès parallèles et préfère orienter l’opinion publique vers le tribunal de Blida (où se tient le procès Khalifa Bank, Ndlr), et en octobre ou novembre (date probable de la prochaine session criminelle, Ndlr), on orientera l’opinion vers le tribunal d’Alger », a-t-il poursuivi. Réagissant à la décision de report, Me Ait Larbi affirme que « rien ne justifie » ce report. Les avocats de la défense ont tour à tour demandé au président du tribunal la liberté provisoire pour leurs mandants, estimant « exagérée » la détention depuis 5 ans et demi de leurs clients. Tous, sans exception, ont relevé le caractère « abusif » de la détention de leurs clients. La défense des accusés a rappelé que la loi est claire: la période de détention préventive doit être comprise entre 16 et 20 mois. « Au-delà, ce n’est plus de la détention préventive mais c’est de l’emprisonnement », ont affirmé certains avocats. Des avocats sont même allés jusqu’à dire que l’Algérie doit renoncer aux conventions et traités internationaux sur les droits de l’homme que l’Algérie a ratifiés, dès lors que cela s’inscrit en contradiction avec la détention préventive qui, selon eux, nuit aux droits de l’homme. Pour Me Ait Larbi, « attendre un procès équitable en Algérie revient à attendre le Messie qui ne viendra jamais! ». Le président du tribunal criminel près la Cour d’Alger a rejeté la demande de liberté provisoire demandée par la défense, maintenant sa décision de reporter le procès à la « prochaine session criminelle » dont on sait pas la date. A noter la présence lors de l’ouverture du procès de Mohamed Meziane ex PDG de Sonatrach comme accusé non détenu, de Saïd Sahnoune ex PDG par intérim de Sonatrach comme témoin. On a noté aussi la présence dans la salle d’audience de l’actuel PDG, Amine Mazouzi. L’ex PDG, Abdelhamid Zerguine, cité comme témoin, est arrivé avec quelques minutes de retard à la salle d’audience. Le procès met en cause 15 personnes, dont l’ex-P-DG du groupe Sonatrach Mohamed Meziane, et quatre sociétés étrangères, accusées de corruption.