C’est demain que s’ouvre au tribunal d’Oran à 9h le procès qui oppose le chroniqueur et écrivain Kamel Doaud au salafiste Abdelfatah Hamadache, chef du parti non agrée du Front de la Sahwa islamique salafiste libre. Un procès attendu par tous ceux qui ont suivi l’appel meurtre lancé par le slafiste contre l’écrivain en décembre 2014.
Kamel Daoud ne pouvait, alors, que s’en remettre à la justice algérienne pour assurer sa protection contre cette violence et mettre un terme à un précédent qui avait soulevé l’ire de l’opinion publique.
Selon l’avocat de Kamel Daoud, Me Abderrezak Fodil, le procès qui s’ouvre demain devant la 5ème chambre auprès du tribunal d’Oran, a essentiellement pour but une réparation morale pour le préjudice qui a été porté à l’écrivain. « Nous ne occupons pas de réparations matériels, mais nous souhaitons que l’accusé soit puni par la justice du pays »
Me Fodil précise que Hamadache lors de son audition par le juge d’instruction n’a pas nié les faits qui lui étaient reproché. Il a, même, appelé la justice à appliquer « al houdoud » sur l’écrivain algérien.
Aussi, Kamel Daoud souhaiterait que la justice de son pays applique la loi sur un appel au meurtre assumé pleinement devant un magistrat.
L’affaire, pour rappel, remonte à décembre 2014 lorsque le salafiste Abdelfatah Hamadache a publié, sur Facebook, un appel à appliquer les « houdoud » contre Kamel Daoud qu’il qualifie « d’apostat » et de « sionisé » qui insulte « Allah » et le « Coran » et « combat l’islam ».
Dans un post, qui a été supprimé par la suite, Abdelfatah Hamadache écrit que du point de vue du Front de la Sahwa Islamique « si la charia islamique était appliquée en Algérie, la sanction serait la mort pour apostasie et hérésie » contre Kamel Daoud.
Hamadache qui multipliait les prises de positions controversées, avait appelé, dans le même texte, le « régime algérien à condamner Daoud à « à être exécuté publiquement » pour sa « guerre » contre l’Islam.
La dernière chronique publiée le jour d’émission de la fameuse « fatwa » était intitulée » 50 nuances de haine » dans laquelle il s’en prend aux différents fanatismes dont celui des islamistes. « Il y a des cheikhs et des fatwas pour chaque femme en jupe, mais pas un seul pour nourrir la faim en Somalie. L’abbé Pierre n’est pas un emploi de musulman ? «
L’appel au meurtre de Daoud avait suscité, alors, une réaction rapide avec le lancement d’une pétition appelant le ministère de la justice à poursuivre Hamadache pour appel au meurtre. La pétition condamne avec « force les appels au meurtre public de Abdelfetah Hamadache, autoproclamé chef salafiste algérien, contre l’auteur et journaliste Kamel Daoud ».
« Au regard de la démission de l’Etat algérien face aux aventuriers pseudo-religieux qui distillent la haine comme cela s’est passé à Ghardaïa et ailleurs, cette dérive n’est pas surprenante. Pire, elle était prévisible et en appellera d’autres dans un climat d’intolérance » indique le texte qui demandait aux ministres de la Justice et de l’Intérieur d’enclencher » des poursuites contre ces appels aux meurtres qui nous rappellent les pires moments de l’Algérie face au GIA ».
L’écrivain et chroniqueur avait alors porté plainte contre son assaillant. Le communiqué des Editions Brazakh, qui édite Kamel Daoud en Algérie, avait annoncé ce recours à la justice en soulignant l’auteur était « victime d’un appel au meurtre lancé par un salafiste, un de ces sinistres charlatans qui sévissent en toute impunité sur la toile, à la télévision et dans les mosquées ».
Barzakh avait également qualifié l’appel au meurtre lancé contre Daoud de fait « d’une gravité sans nom. Nous sommes totalement solidaire avec lui » indique Barzakh qui précise que pour l’heure » Kamel Daoud a besoin de soutien moral et d’assistance juridique ».
Au-delà de l’affaire qui oppose l’écrivain Kamel Daoud au salafiste Abdelfetah Hamadache, la justice algérienne st appelé aujourd’hui à rassurer les citoyens quand à sa capacité à les protéger de toutes les dérives.