En 2017 soit plus d’un demi siècle après l’indépendance bien des villages, ceux là même qui hier étaient le fer de lance de la guerre de libération nationale, souffrent encore du froid.
En ce temps hivernal la Kabylie, comme toutes les régions montagneuses, traverse des moments difficiles surtout dans certains villages encore non desservis en gaz naturel. Le programme de raccordement des villages et des hameaux au réseau de gaz naturel est des plus difficiles en cette zone de montagne avec ce relief des plus accidenté et en sus il y en a des oppositions incompréhensibles pour certains, de ces riverains qui voient mal leur petit lopin de terre traversé par le gazoduc et autres collecteurs. Cela serait selon des responsables, à l’origine des lenteurs des travaux de réalisation. Les familles qui n’ont pas accès à cette « commodité » ont compris qu’il leur fallait se rabattre soit sur les recharges de butane soit encore sur la bonne vieille méthode du chauffage à bois.
A la rencontre des villageois
Amar habite un village de la région des Ait Yahia Moussa, là le réseau attend que l’entreprise achève les travaux qui lui sont confiés. Amar raconte sa peine quotidienne quand il voit ses enfants se lever dès potron minet et essayer de se réchauffer un peu au bon vieux kanoun avant de partir pour l’école. Cela ne réchauffe pas vraiment et les enfants sont transis. ‘’C’est tout ce que je peux leur offrir. A l’école ils ont un chauffage au fuel, ce qui est déjà bien’’. Notre villageois poursuit en affirmant que ‘’la majeure partie des villages de cette région du Sud Ouest de la wilaya attend toujours le réseau de gaz naturel !’’ L’autre région voisine des Ait Yahia Moussa est la région de Maatkas, ici le réseau est certes passé mais pas partout.
Des villages ont cette commodité mais pas tous. Mohand Arezki qui habite le petit hameau d’El Bir dira que ‘’ Tirmitine et Ait Arif des villages voisins appartenant à la commune voisine de Tirmitine possèdent eux le gaz naturel, ici on attend que l’entreprise en charge de la réalisation du réseau achève les travaux !’’ Selon lui ces travaux durent dans le temps et ce serait là encore des oppositions qui seraient à l’origine de ces retards ! Dans la commune de Souk El T’nine dans la même daira de Maatkas ce sont des villages entiers tels Sidi Ali Moussa et Agouni Boufal, Ait Izid pour ne citer que ces bourgs qui continuent de se demander pourquoi le gaz n’arrive pas alors que les canalisations sont posées depuis des années !
Plus haut dans la région d’Ain El Hammam c’est El Mouhoub qui affirme que ‘’pour cet hiver la plupart des villages se chauffent au gaz naturel ! Vous ne pouvez savoir combien cela est reposant !’’ Mais selon lui ‘’ Boubhir plus bas dans la vallée en allant sur Azazga attend toujours’’ ! A Ait Zikki, dans la daira de Bouzeguène, un village au cœur du Djurdjura à environ soixante dix km à l’est du chef lieu de wilaya Tizi Ouzou, le froid est intense et ici on se chauffe comme on peut, souvent la bonbonne de gaz fait défaut et seule la bonne vieille méthode de bois marche. On a appris que certains villageois ont demandé à dévier la canalisation de gaz de son tracé initial car selon eux cela pourrait abimer les captages d’eau alimentant la localité.
Des canalisations sans gaz
Les sources Ghandjor et Lainser pourraient toujours selon des villageois avoir à en souffrir. La situation n’est guère plus brillante du coté de certains villages d’Azeffoun où les canalisations sont posées mais de gaz point. Ainsi et pour diverses raisons des villages et des hameaux pourraient passer tout l’hiver à attendre. C’est également le cas à Ait Ergane, un village au pied de la montagne dans la daira des Ouadhias, la pauvreté de certains est à toucher du doigt ! Point de chauffage encore moins de gaz de ville, seul le bois rivalise avec le butane. Mais ‘’ici dira un villageois, l’hiver dure plus longtemps qu’en plaine et la neige est notre invitée habituelle. Bien souvent le kanoun ou le brasero sont toujours de service malgré les dangers qu’ils représentent et un villageois de cette région de conclure en ces termes ‘’au pays du pétrole et du gaz il nous faut attendre des décennies pour pouvoir en profiter car tout simplement on n’habite pas en ville !’’
Frais inabordables
Pire encore, bien des familles ne peuvent s’acquitter des frais de branchement de l’ordre de 11 000 DA pour le compteur et d’autres frais qui pour eux sont ‘’inabordables’’ comme c’est le cas de ces sœurs d’El Bir qui sont carrément à la charge du village. Pour elles comme pour la plupart des pauvres gens, l’hiver sera froid et tant pis ! La bonbonne de gaz est aussi quasi inabordable pour les pauvres gens ‘’elle coûte, chez certains privés jusqu’à 600 DA et au niveau des stations services le vide est exigé. Aussi l’annonce d’une nouvelle bonbonne de butane est accueillie avec circonspection dans ces villages. Pour ces villageois, il faudrait sans doute attendre pour voir, mais si cela s’avère exact alors cela aidera les pauvres gens à avoir des bonbonnes et donc du butane car attendre le gaz naturel c’est comme ‘’attendre Godot !’’ diront des jeunes villageois. Il fait froid et l’hiver s’installe à peine !