Le recours au partenariat pour la gestion de la distribution de l’eau reste de mise même si le bilan des contrats conclus avec les entreprises étrangères semble mitigé. Ce recours semble cependant évoluer de la « gestion déléguée » vers une autre forme, celle « de l’assistance technique »
Le choix de recourir au partenariat pour gérer la distribution de l’eau potable en Algérie a été fait il y a dix ans. Il est reconduit, aujourd’hui, car le constat n’a pas beaucoup évolué : l’expérience algérienne en matière de gestion de l’eau potable n’est pas suffisamment concluante. « Nous n’avons pas toutes les techniques et le savoir requis », a reconnu cette semaine encore le ministre des ressources en eau, M. Hocine Necib. « Il faut passer par le partenariat », a-t-il dit, alors que l’Algérie s’apprête à tirer les leçons d’une décennie de coopération. Le premier contrat, conclu avec la compagnie française Suez pour gérer Alger, a été signé dans une relative opacité, lorsque M. Abdelmalek Sellal était ministre des ressources en eau. Il s’agissait d’une gestion déléguée, au terme de laquelle Suez devait dépêcher dix à vingt spécialistes, avec un objectif précis : distribuer de l’eau en H 24 à Alger au bout de cinq ans, en vue de rétablir Alger dans son statut de grande capitale méditerranéenne. Le contrat a été reconduit en 2010, après des résultats jugés satisfaisants. Ces résultats n’ont cependant pas été rendus publics, de manière à pouvoir être avalisés par des sources indépendantes. L’évaluation a été réalisée par une entreprise publique, sous tutelle du ministère des ressources en eau, dirigée par un ancien de l’Algérienne des Eaux, selon une source syndicale.
Formules variées
Pour les autres grandes villes d’Algérie, les contrats ont subi des fortunes diverses. Celui conclu avec une entreprise allemande pour Annaba a été purement et simplement résilié, après plusieurs mises en demeure. Le résultat a été jugé trop aléatoire. L’entreprise allemande ne semblait, à aucun moment, en mesure de maitriser la situation. Mais c’est la ville d’Annaba qui en a subi les conséquences, avec le retard accumulé. Selon M. Necib, les autorités algériennes s’orientent désormais vers une autre formule, celle de l’assistance technique, préférée à la gestion déléguée. Un nouveau plan de charge a été élaboré. L’appel d’offres sera lancé prochainement, a indiqué M. Necib. Pour Constantine, le travail mené par la SEACO, créée en partenariat avec la société des eaux de Marseille, est « en cours d’évaluation ». Le résultat est mitigé. En raison du relief de la ville et de son architecture générale, le contrat a pris beaucoup de retard, avec des difficultés notables dans l’exécution. Ce sont précisément ces difficultés qui pousseraient les autorités algériennes à faire preuve de souplesse dans l’évaluation du projet.
Les élus hors du coup
Pour Oran, les autorités algériennes ont décidé que ce ne sera pas la formule de la gestion déléguée, a déclaré M. Necib à la radio. La partie algérienne aura également recours à une « assistance technique », dont le contenu reste à définir. Est-ce le signe que l’Algérienne des eaux a acquis la maitrise nécessaire pour piloter elle-même les projets ? En fait, affirme un ancien haut responsable de l’ADE, « la marge de l’ADE est très étroite. C’est le ministère qui fixait les choix. L’ADE se contentait de l’exécution ». Les villes concernées par les contrats n’ont pas non plus voix au chapitre. Leurs élus ne peuvent peser sur la décision. Le wali est informé, mais lui non plus ne peut s’opposer à la décision de l’administration. Mais wali et élus sont ravis : c’est le ministère qui paie le contrat, pas eux.