Le règlement « ancien-nouveau » de la Banque d’Algérie (BA) autorisant les opérateurs économiques algériens à investir à l’étranger continue d’alimenter les débats. La mesure ne fait pas consensus. L’expert algérien Farid Bourenani nous en livre son analyse.
La volonté de libérer l’acte d’investir à l’étranger existe chez les pouvoirs publics, mais l’approche « pragmatique » n’y est pas encore, estime l’expert algérien Farid Bourenani à propos du règlement de la Banque d’Algérie autorisant les opérateurs algériens à investir à l’étranger qui vient de paraitre au dernier Journal Officiel.
« Tout le monde se rend compte que des opportunités existent et on est passé à côté, mais les pouvoirs publics ont le cœur qui balance entre la volonté de permettre et ensuite d’arriver à trier. C’est-à-dire que pour eux, s’ils ouvrent ils risquent d’avoir tout et n’importe quoi, et de l’autre s’ils ferment ils passent à côté, et pour moi je pense que c’est une approximation de la manière de contrôler ou de réguler. Elle (la démarche) est plutôt pour moi encore maladroite », analyse-t-il.
Pour cet expert, la manière dont les pouvoirs publics ont « bureaucratisé » le texte l’a rendu lourd. « Il aurait mieux valu commencer par rendre applicable le précédent règlement car rien ne justifie que le précédent texte ne soit pas appliqué, et cela plutôt que d’en concevoir un deuxième », opine-t-il, tout en affirmant que les opérateurs ne comprennent pas pourquoi un règlement qui existe n’est pas appliqué et pourquoi le « nouveau » serait mieux appliqué que le précédent.
Un effet positif
Il voit néanmoins un effet positif dans cette réglementation en ce sens qu’elle va encourager « à partir de maintenant » les entreprise algériennes à chercher à exporter et donc à augmenter leur volume d’exportations ». Mais qu’est ce qui fera que ce règlement sera appliqué alors que le précédent ne l’a pas été ? « Aucune garantie », admet volontiers Bourenani pour qui « pour être admis à l’étude il faut déjà répondre à un certain nombre de critères ; ensuite viennent les délais d’étude et les délais de réponse ».
Pour l’expert Bourenani, le règlement de la Banque d’Algérie pèche par plusieurs aspects. Notamment un dans lequel il subordonne l’investissement à l’étranger à une activité qui existe déjà en Algérie. « Cela veut dire que vous ne pouvez pas bénéficier d’une opportunité d’acquisition d’une société et donc d’un pan d’activité qui n’existerait déjà pas en Algérie », dit-il. Ce qui lui fait dire qu’avec une telle démarche, le gouvernement ne se donne pas les moyens d’être opportuniste, et cela lui enlève tout « effet d’opportunisme » et d’ « effet d’aubaine ».
Dispositif réglementaire actuel, un frein puissant pour l’expansion à l’international
Lors de son passage en mai dernier sur Radio M, Farid Bourenani juge que le dispositif réglementaire actuel en matière d’exportations de capitaux, constitue un frein puissant, non seulement pour l’expansion à l’international des entreprises algériennes les plus dynamiques, mais également pour la nécessaire diversification de l’économie algérienne dans son ensemble.
Il offre deux voies pour remédier à cette situation, à commencer par « autoriser les banques commerciales à conserver au moins, dans une première étape, les recette d’exportations générées par les entreprises exportatrices du secteur privé ». Mais aussi, la création de « fonds d’investissements publics ou privés en devises,» qui pourraient « si on veut éviter de puiser dans les réserves de change, être alimentés au moins partiellement par des appels à l’épargne de la diaspora ».