Le roi du Maroc Mohamed VI a chargé le chef du gouvernement sortant, Abdelilah Benkirane, le chef du parti de la justice et du développement (PJD – islamiste) qu’il a reçu en audience lundi 10 octobre 2016 de former une coalition gouvernementale. L’annonce met fin aux spéculations sur la possibilité que le souverain marocain tout en respectant les dispositions de la Constitution ne choisisse une autre personnalité du PJD que M.Benkirane.
L’article 47 de la Constitution marocaine dispose que « le roi nomme le chef du gouvernement au sein du parti politique arrivé en tête des élections des membres de la Chambre des représentants, et au vu de leurs résultats ».
Mohamed VI était tenu de demander à un membre du PJD de former le gouvernement mais la formulation de l’article ne l’oblige pas formellement à désigner le secrétaire général du parti ou le président du parti vainqueur des élections. Cette formulation de l’article 47 donne de la marge au souverain voire une redoutable capacité de manœuvre à laquelle il s’est abstenu, une nouvelle fois de recourir.
Bipolarisation
Abdelilah Benkirane qui était accompagné de Mustapha Ramid, ministre de la Justice et membre du secrétariat général du Parti de la justice et du développement lors de l’audience royale va devoir entamer des négociations avec d’autres partis politiques afin de s’assurer au minimum du soutien de 198 élus. Benkirane doit s’assurer le soutien de 73 autres députés pour obtenir une majorité absolue, et devra donc s’allier avec plusieurs autres formations.
Pour rappel, la formation de Abdelilah Benkirane, le PJD est arrivé en tête des élections législations organisée vendredi dernier avec 125 sièges sur un total de 395. Il est suivi par le parti de l’authenticité et de la modernité (PAM) avec 102 sièges et le vieux parti de l’Istiqlal avec 46 sièges. Le Rassemblement national des indépendants (libéral, 37 sièges). Huit autres partis se partagent le reste des sièges, dont la Fédération de la gauche démocratique (FGD), qui obtient deux députés.
Les résultats des législatives ont conforté une bipolarisation de la vie politique entre le PJD et le PAM, créé en 2008 par Fouad Al Himma, un proche du roi Mohamed VI qui est passé de 47 sièges en 2011 à 102 sièges. Le PJD et le PAM totalisent ainsi 227 élus sur 395 à la Chambre des représentants.