Le syndicat algérien des éditeurs de la presse électronique (SAEPE) a rendu public un communiqué dans lequel il s’indigne de la dégradation de la liberté de la presse, appelant les pouvoirs publics à tenir leurs promesses concernant, entre autres, le traitement équitable des médias.
Texte du communiqué:
-Depuis le 22 février le peuple algérien a engagé une mobilisation pacifique historique en faveur d’un changement démocratique pour l’Etat des libertés et du droit. Dans un tel contexte, nous éditeurs et journalistes de la presse électronique algérienne, partie du peuple et des acteurs de la société civile algérienne, avons pris notre part de responsabilité pour rendre compte de la manière la plus loyale et professionnelle de ce mouvement sans précédent. Nous avons choisi, en ces mois décisifs pour l’avenir du pays, de laisser en arrière plan l’expression de nos revendications liées à notre activité pourtant essentielles pour l’avancée des libertés que réclament les Algériens. Ce choix citoyen a été manifestement mal compris par la machine autoritaire toujours en marche face aux citoyens en mouvement.
-Le syndicat algérien des éditeurs de la presse électronique, SAEPE, a pris acte des quelques promesses d’ouverture faites, en mars dernier, par le gouvernement sur un prochain traitement équitable des médias et la légalisation des syndicats et associations en instance. Nous devons constater qu’en réalité la situation n’a fait, depuis, que se dégrader sur le front de la liberté de la presse. Des journalistes ont été interpellés plus d’une fois dans l’exercice de leur fonction, les vendredis et les mardis. Les revendications soutenues de nos collègues des médias publics (APS, ENRS, EPTV) pour une réforme du service public de l’information continuent d’être ignorés et leurs animateurs intimidés. La presse électronique est maintenue dans la même situation d’exclusion qu’avant le 22 février. Pire encore, la censure brutale et directe est de retour comme durant la période du président Bouteflika.
-Six sites algériens étaient inaccessibles à partir de l’Algérie le week-end dernier. Cette situation est intolérable. En réunion ce lundi 17 juin à Alger, le comité préparatoire de l’AG du SAEPE a fait le point sur les sites qui continuaient à subir une censure. Il a entendu le représentant du journal en ligne TSA au sujet du blocage d’accès dont il est à nouveau la cible. TSA est inaccessible au public algérien depuis le jeudi 12 juin. Les autorités ne donnent aucune explication sur cette nouvelle mesure de censure. Le journal a déjà été bloqué en octobre 2017, pendant plusieurs semaines.
-Nous médias membres du SAEPE, solidaires des combats pour la liberté de la presse en Algérie dénonçons avec force le retour à de telles pratiques de censures qui incarnent le régime autoritaire et corrompu avec lequel les Algériens sont décidés de rompre. Aucun journal électronique ne doit être l’objet de mesure de blocage. Cela équivaut aux pires mesures de l’imprimatur des années de la presse du parti unique. C’est un réflexe anachronique en sens inverse du cours de l’Histoire que les citoyens algériens sont entrain d’écrire depuis le 22 février. Nous appelons à la levée immédiate de la censure sur TSA et sur les autres médias concernés par les mesures de blocage.
-Le SAEPE est aujourd’hui à nouveau en configuration de défendre les intérêts d’une presse forte et indépendante, dans laquelle les médias digitaux auront à jouer un rôle nouveau. La situation exceptionnelle que nous vivons, nécessite une démarche unitaire de tous les acteurs de la presse nationale, y compris des collègues qui conduisent une lutte importante pour la libération du service public des servitudes politiques. Le SAEPE appelle à la convergence des dynamiques entre éditeurs, journalistes libres, syndicats de la presse écrite, différents acteurs de la filière afin de défendre l’exercice du droit d’informer, de protéger les journalistes dans l’exercice de leur métier et d’engager la transformation du secteur de l’information en conformité avec les attentes du mouvement populaire. Il n’ y aura pas de nouvelle république respectueuse du droit et des libertés sans presse libre. Il n’ y aura pas de presse libre sans presse électronique professionnelle, forte et indépendante.