Le secteur privé peut être un moteur essentiel de la croissance et de la prospérité au Moyen-Orient et en Afrique du Nord (MENA), pour peu que des politiques efficaces soient mises en œuvre afin de répondre aux défis majeurs dans cette région, souligne un rapport publié lundi par trois des principales institutions financières et de développement internationales.
Selon ce rapport conjoint de la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), de la Banque européenne d’investissement (BEI), ainsi que de la Banque mondiale (BM), « les pouvoirs publics de la région MENA ont tout intérêt à inscrire parmi leurs principales priorités l’adoption de stratégies pour accroître la productivité des entreprises, ainsi que la réaffectation des ressources aux plus productives d’entre elles ».
Ce rapport élaboré suite à une enquête sur les entreprises à laquelle ont participé plus de 6.000 sociétés situées dans huit pays et territoires différents (La Cisjordanie et la bande de Ghaza, Djibouti, l’Egypte, la Jordanie, le Liban, le Maroc, la Tunisie et le Yémen), met en évidence quatre aspects qui nécessitent une action des autorités.
Il s’agit de l’amélioration du climat des affaires, de l’accroissement de l’accès au financement, de parvenir à une meilleure éducation, à de meilleurs emplois et compétences, et promouvoir le commerce, la concurrence et l’innovation.
Les entreprises ayant participé à l’enquête ont été nombreuses à mentionner l’instabilité politique, la corruption, l’alimentation électrique déficiente et l’accès inadapté au financement parmi les obstacles à leur développement.
« Il est primordial de trouver une solution pour combler le fossé entre les banques et les entreprises si l’on veut augmenter les perspectives de croissance dans la région. Or, les institutions de financement internationales disposent de l’expertise requise et de la volonté de venir en renfort des politiques nationales », a souligné Debora Revoltella, économiste en chef de la BEI, cité dans le rapport.
Les barrières commerciales et le manque de personnel entravent la croissance
Les entreprises ont également désigné les barrières commerciales et le manque de personnel qualifié comme des entraves à l’innovation et à la croissance.
Dans plusieurs pays, les participants à l’enquête constatent un décalage entre les entreprises et les canaux de financement formels, empêchant de saisir les opportunités de croissance.
« En identifiant les obstacles et les défis qui pèsent sur le secteur privé et sur la croissance économique de la région MENA, nous aiderons nos institutions respectives à soutenir des politiques pour améliorer le climat des affaires », a déclaré Sergeï Guriev, l’économiste en chef de la BERD, cité également dans le rapport.
« Dès les premiers temps de notre engagement dans la région, nous nous sommes concentrés sur le développement du secteur privé par des programmes ad hoc ainsi que par des investissements dans les infrastructures et les services. En parallèle, nous nous attachons à renforcer la compétitivité qui est la clé pour régler l’un des principaux problèmes de la région, le chômage, en particulier chez les femmes, les jeunes, et les diplômés », a-t-il ajouté.
Le rapport des trois institutions met en avant « une marge de progrès considérable » grâce à l’amélioration de l’éducation, de l’emploi et des compétences, en particulier pour les femmes et les jeunes.
Il convient d’adopter des politiques pour supprimer les obstacles à l’entrée des femmes sur le marché du travail et pour cibler davantage les jeunes, ainsi que de mettre en place des incitations à développer la formation au sein des entreprises, préconise ce rapport qui soutient que des mesures pour soutenir l’émergence et la croissance de start-ups innovantes sont susceptibles d’avoir un effet particulièrement bénéfique sur l’emploi des jeunes.
En matière de commerce, de concurrence et d’innovation, le rapport observe que pour accroître leur productivité, les entreprises ont besoin d’une plus grande ouverture à l’international.