Selon l’ancien ministre des Finances, la partie la plus pauvre de la population profite de 60% des subventions d’origine budgétaire (logements sociaux, alimentation, etc.). En revanche, elle ne reçoit, selon lui, que 20% des subventions assurées par les grandes entreprises, notamment Sonatrach et Sonelgaz (carburants, électricité, gaz…).
L’ancien ministre des Finances Abdellatif Benachenhou n’est pas allé par quatre chemins pour fustiger le système des subventions pratiqué par le gouvernement algérien. Selon lui, la fiscalité pétrolière (3.690 milliards de dinars en 2013) est intégralement reversée aux citoyens, sans contrepartie, sous forme de subventions (3.600 milliards de dinars pour la même période).
Dans son intervention aujourd’hui au « Forum de Liberté », l’ex- ministre a donné les conclusions d’une enquête qu’il a menée en 2013 avec une équipe de chercheurs sur ce système des subventions. La conclusion la plus saillante est que ce système est la source d’une injustice sociale colossale. Se référant aux données de l’Office national des statistiques datant de 2011, M. Benachenhou a rappelé que 48,9% des Algériens ont une dépense par tête et par an inférieure à 86.000 dinars tandis que les 51,1% restants ont une dépense par tête par an de plus de 175.000 dinars : « Il est clair que la population est divisée en deux : les 49% de pauvres et les 51% de riches. »
Il convient de relever que les subventions, en Algérie, sont de trois sortes: celles d’origine budgétaire, celles qui viennent des entreprises, essentiellement la Sonatrach et la Sonelgaz appelées les « subventions implicites » et, enfin, celles subventions qui sont le fait des collectivités locales (wilayas, daïras, APC).
Selon l’étude évoquée par M. Benachenhou, les subventions d’origine budgétaire sont de l’ordre de 1.995 milliards de dinars, soit 12% du Produit intérieur brut (PIB) – sachant que chaque point du PIB équivaut à 165 milliards de dinars. Les subventions « implicites », elles, sont de 1.820 milliards de dinars représentant 11,6% du PIB. D’après M. Benachehou, la partie la plus pauvre de la population profite de 60% des subventions d’origine budgétaire (logements sociaux, alimentation, etc.) ; en revanche, elle ne reçoit que 20% de la deuxième catégorie des subventions (carburants, électricité, gaz…) : « L’explication en est simple: les pauvres n’ont tout simplement pas de voitures, et ils ne profitent des subventions qu’à travers le transport collectif. »
M. Benachenhou a recommandé de sortir progressivement de ce système « pervers » des subventions et a préconisé de faire « un effort de pédagogie » envers les citoyens. Il s’est dit même favorable à l’augmentation « progressive » des prix des carburants comme c’est le cas dans certains pays à l’instar du Maroc. La subvention du carburant coûte au Trésor public algérien 1.050 milliards de dinars, a-t-il rappelé.