L’Etat algérien était déjà un mauvais acteur économique avant d’avoir à gérer la fin de vie politique de Bouteflika. Avec ce surcoût il devient ruineux pour le pays. L’Algérie officielle s’est subitement retrouvée obligée de se fâcher avec la France. Mot d’ordre du réseau, la France en veut au président Bouteflika parce qu’il résiste à ses intérêts en Algérie.
L’examen des faits est en souffrance avec un tel argument.Les entreprises françaises ont été évincés par les chinoises, les turques et les portugaises dans le BTP mais se portent bien partout ailleurs. Elles sont en quasi monopole sur les services. Elles gèrent l’eau d’Alger et d’Oran, le métro d’Alger, l’aéroport d’Alger, les tramways, détiennent les premières banques privées, sans parler des industries plus concurrentielles comme le médicament ou les laitages. Bouteflika n’a pas été particulièrement anti-français dans le business depuis 16 ans. Et les français droite comme gauche, le l’ont bien rendu. Pas seulement à travers l’accueil bienveillant au Val de Grâce en 2005 et en 2013. Qu’est ce qui a donc fait que le président Bouteflika, dans un grand sursaut de lucidité, que ne peut donc pas démentir un furtif cliché volet au détour d’une rencontre avec Valls, résiste soudainement aux Français ? Et résiste pour quels contrats ? Les grands chantiers de l’Etat sont en processus d’extinction. Et dans les partenariats industriels, c’est l’Algérie qui est demandeuse d’investissements directs étrangers. Ce n’est pas comme si le maréchal Sissi se réveillait un matin et décidait de ne plus acheter les Rafales commandés à Dassault System. L’argumentaire résistance de Bouteflika aux français a le souffle médical un peu court. Il devient cyanosé lorsqu’on se rappelle que c’est Abdeslam Bouchouareb le ministre de l’industrie et des mines qui exprime la subite « résistance »présidentielle aux français. Au terme des sociétés off-shore de Abdeslam Bouchouareb chez Mossack Fonseca au Panama, il y’ a sans doute une évasion fiscale à partir d’un premier foyer résidentiel. Celui-ci se trouve en France d’après le ministre lui-même. Cela le fait échapper en théorie à la poursuite en Algérie pour délit de fuite fiscale (mais pas pour fausse déclaration de patrimoine). Mais l’expose automatiquement à la même poursuite en France. Abdeslam Bouchouareb est plus en position de négocier une amnistie fiscale personnelle avec Emmanuel Macron que les intérêts industriels et commerciaux du pays qu’il est supposé représenter en tant que ministre. C’est dire de la « résistance » de Bouteflika à la France. De ce point de vue, c’est sans doute Amar Saidani qui est dans une sorte d’aveu par défaut de la relation du régime algérien avec la France. Il a évité de faire des déclarations à chauds sur le « complot français », dans les affaires Panama Papers (Le Monde) et Manuel Valls (Le tweet de la photo). Il détient des biens en France dont il ne peut justifier le financement à partir de ses activités politiques en Algérie. Il est précaire. Comme le gouvernement algérien face au gouvernement français. Il se fait discret.
La crise artificiellement alimentée par Alger avec l’ancienne puissance coloniale a eu déjà une conséquence économique concrète.La signature du projet automobile Peugeot en Algérie est reportée sine die. Le président de la chambre algérienne de commerce et d’industrie (CACI), Kaci Ait Yala en a donné une explication sur RadioM : la partie algérienne a demandé à la toute dernière minute d’améliorer le taux d’intégration prévu dans le protocole d’accord initial.Une requête qui a une incidence sur l’ensemble du business plan et donc sur plusieurs lignes du projet de protocole. Il faudra plusieurs mois pour aboutir à un nouvel accord qui intègre la nouvelle requête algérienne d’une intégration plus forte du projet qui aura donc recours à plus de sous-traitance locale dès les premières années de son lancement. Dans l’absolu, le ministre de l’industrie et des mines peut paraître défendre un meilleur effet industrialisant du projet Peugeot en Algérie que celui obtenu dans le partenariat SNVI-Renault. Dans les faits, il s’agit simplement d’un surcoût politique algérien lié à la gestion chaotique de la fin de règne Bouteflika. Pour réhabiliter une belle promotion algérienne de grands délinquants en col blanc, dont les noms reviennent en boomerang toutes les semaines dans les scandales de la planète, il faut faire déraper un projet de partenariat algéro-français, même momentanément. Certes ce n’est pas le pire des surcoûts. Dans le contexte de rareté du capital étranger en Algérie et de nécessaire accélération de l’investissement industriel, il a une vraie incidence psychologique. L’investissement de Peugeot en Algérie est de ce point de symbolique. Il dit ou pas la compétence du gouvernement a créer une dynamique de flux entrant dans le secteur industriel. Le flux était faible. Avec l’handicap du surcoût politique Bouteflika, il vire au goutte à goutte.
L’introduction du titre Biopharm à la bourse d’Alger la semaine dernière a confirmé que le système de cotation en cours empêche les transactions. Zéro transaction. Ça continue. L’arrivée d’un cinquième titre côté à la bourse d’Alger aurait du être une occasion pour partir sur une autre base. Permettre aux vendeurs et aux acheteurs d’actions de se retrouver. Au lieu de quoi la société de gestion de bourse et de valeur mobilière (SGBV) continue de soigneusement séparer l’offre d’achat et l’offre de vente. Conséquence les acheteurs du titre de Biopharm entrée en première séance de négociation n’ont pas pu l’acheter. Même s’ils offraient jusqu’à 15% de plus que sa valeur de cotation initial fixé par la SGBV et mécaniquement identique aux 1250 dinars valeur du titre au moment de son émission par Biopharm. Les raisons de cette incapacitédésormais congénitale de la SGBV d’organiser un marché de valeur mobilière font débat depuis longtemps sans qu’aucun ministre des finances ne tente la moindre réponse pour arrêter ce ridicule spectacle. Une des explications proposées aurait pu être tester à la faveur de l’arrivée d’un nouveau titre. Changer le système administratif de cotation des titres. Il encadre la variation de la valeur des titres. Et la bloque au plus bas. Comme dans un Souk El Fellah, ou la vraie valeur des marchandises se situaient dehors. Sur le trottoir d’en face, une face sortie du magasin d’Etat aux prix administrés. Donc sous le marché. Le ministre des finances Abderahmane Benkhalfa, occupé à lancer son emprunt national a raté cette opportunité de faire enfin démarré des transactions à la bourse d’Alger. Nous y reviendrons. Le scandale a trop duré.