Le trafic de drogue a représenté près de 23% du PIB du Maroc en 2016, soit l’équivalent de 23 milliards de dollars, a indiqué jeudi le département d’Etat américain.
« La production totale de cannabis au Maroc en 2015-2016 est estimée à 700 tonnes métriques, ce qui, potentiellement équivaut à 23% du PIB marocain estimé à 100 milliards de dollars », souligne le département d’Etat dans son rapport 2017 sur le trafic de drogue et la criminalité financière dans le monde.
Le rapport précise que le Maroc, premier producteur et exportateur de Cannabis au monde, est devenu un pays de transit important de Cocaïne provenant de l’Amérique du sud en direction de l’Europe. Les deux saisies record de Cocaïne opérées en 2016 (1.230 kg et 250kg) illustrent l’énorme trafic de drogues dures au Maroc.
Le département d’Etat relève que le gouvernement marocain a « reconnu ses limites » en matière de lutte contre la drogue. La situation a été rendue difficile par « les rivalités existantes entre les agences marocaines chargées de l’application de la loi » qui ont provoqué un « chevauchement des mandats en matière de lutte contre la drogue ».
Devant l’incapacité du gouvernement à lutter contre ce fléau qui a pris des proportions importantes, plusieurs observateurs de la société civile au Maroc ont préconisé la création d’une agence de lutte contre le trafic de stupéfiants. Le rapport précise que l’administration américaine chargée de la lutte contre la drogue (DEA) a ouvert en février dernier à Rabat son premier bureau régional en Afrique mais l’absence d’un accord bilatéral d’extradition rend la tâche difficile à DEA.
Au Maroc, 19.000 personnes sont en détention pour des affaires liées au trafic de drogue, soit 25% du nombre des détenus dans ce pays, selon le rapport. Le département d’Etat s’inquiète de l’ampleur du blanchiment d’argent au Maroc issu du trafic de cannabis et du transit de la Cocaïne destinée à l’Europe. Les fonds sont facilement blanchis grâce aux transactions immobilières et l’acquisition de produits de luxe comme les bijoux ou les véhicules haut de gamme, précise le rapport.
Les banques offshores situées dans la zone franche de Tanger sont devenues un véritable trou noir de la finance marocaine. Le département d’Etat cite des rapports de l’Unité marocaine du traitement du renseignement financier (UTRF) qui ont confirmé l’utilisation de cette zone franche dans le blanchiment d’argent.