Dans une quatrième opération d’émission obligataire, Maghreb Leasing Algérie (MLA) vient de lever 2 milliards de dinars (DA) sous forme de 200.000 obligations d’une valeur nominale de 10.000 DA chacune. Ces fonds iront au soutien des plans de croissance des PME par le refinancement de leurs activités de crédit-bail.
Ces opérations de financement mettent à contribution les investisseurs au lieu des banques dont le produit crédit-intérêt ne correspond pas aux moyens des PME. Les émissions obligataires réalisées par MLA permettront aux PME de s’équiper sans avoir à mobiliser immédiatement d’importants capitaux.
Les levées de fonds sont un outil de financement des secteurs clés de l’économie algérienne. Gros consommateur de crédits-baux en raison des équipements lourds utilisés, le BTP a souvent profité de ce mode de financement. D’autres secteurs y ont eu recours : les industries de transformation, la santé, les transports, l’agro-alimentaire et les services.
Le financement par le leasing apporte en effet une réponse adaptée aux possibilités des PME et la demande en crédit-bail est immense. Cependant le marché financier n’offre que trop peu d’opportunités aux entreprises désireuses de financer leur croissance autrement que par le biais du crédit bancaire, trop lourd, trop incertain, trop lent et très cher.
Dans ce marché au potentiel avéré, les dysfonctionnements structurels empêchent les entreprises de leasing d’exploiter toutes les possibilités d’expansion. En 2021, la taille du marché du leasing était estimée à environ 1,5 milliard de dollars. Aujourd’hui, le total annuel des placements en leasing ne représente encore que1% du total des engagements financiers.
Le marché algérien est classé troisième au Maghreb de par les financements qu’il mobilise. En dépit de la quinzaine d’acteurs qu’il compte entre établissements financiers spécialisés et banques ayant un département de leasing, le taux de pénétration du crédit-bail reste faible : seulement 2% du financement global de l’économie nationale.
El Amine Senousi, président de MLA a déclaré que sa société de financement prévoit de revenir régulièrement sur le marché obligataire en réalisant une à deux émissions par an. Si une telle vitalité permet à l’entreprise de se positionner comme leader du leasing en Algérie, elle ne permettra pas à toutes les PME un accès égal à cette solution.
Pour faire face aux besoins en investissement, l’intervention de plusieurs acteurs du marché financier est nécessaire.
Selon le rapport 2024 de la Banque mondiale, l’Algérie devra mobiliser entre 30 et 40 milliards de dollars pour réaliser sa transition énergétique d’ici à 2030. Selon l’agence africaine Ecofin, l’agriculture exigera entre 3 et 5 milliards de dollars d’investissements pour régler les problèmes liés à la sécheresse et aux changements climatiques.
Une multitude d’autres secteurs demandent l’appui du marché financier pour réaliser leur croissance et les objectifs de développement global de l’Algérie. Une réponse globale ne viendra que d’un marché financier aux acteurs diversifiés et libre d’entreprendre.