Lors de son passage à l’émission « l’invité du direct » de Radio, M.Slim Othmani a les évoqué six syndromes phobiques de l’économie algérienne. Dans cet article, il détaille et explique ces syndromes et… comment les guérir.
Force est de constater que l’économie Algérienne des trente dernières années vit au rythme d’évènements aux traces indélébiles sur l’inconscient de nos décideurs, en façonnant leur idéologie, voir même en influençant le mode de pensée de nos élites. Humblement je les ai classés dans la catégorie de syndromes et j’en ai recensé six dont l’impact sur les prises de décisions, sur l’état d’esprit qui prévaut ainsi que sur le cadre juridique et fiscal de l’environnement des affaires, est avéré. Voici ces six syndromes sur fond d’histoire coloniale, d’un contexte géopolitique régional trouble et incertain, d’une explosion démographique et d’une pyramide des âges inquiétants à plus d’un titre, d’une explosion de la demande interne en énergie, d’un déclin du potentiel énergie fossile de l’Algérie et d’une transition politique nationale sans visibilité.
- La crise de la dette de la décennie 80/90
Elle eut pour conséquence un désendettement total dès que l’Algérie en a eu la possibilité suite à l’explosion des cours du pétrole au début des années 2000. Associé au discours triomphaliste d’une souveraineté retrouvée au lendemain de la décennie noire, cette décision a induit un formatage de la population autour d’un étrange dogme à savoir le « non endettement »mais aussiet par un étrange jeu de vases communicants, celui du refus d’aborder la question de la convertibilité du dinar et de l’assouplissement du contrôle des changes en général.
- L’affaire Khalifa Bank
Cette affaire est venue rappeler à la population une croyance profondément ancrée dans l’inconscient collectif Algérien qui fut un temps oublié durant les dix années de terrorisme à savoir, le mal que représente le secteur privé. Un retour aux années 70 tant voulu par les nostalgiques d’un socialisme pur et dur. Cela a aussi ouvert les yeux des décideurs sur l’impact d’un secteur privé fort sur la redistribution des cartes du pouvoir. La sanction fut immédiate : L’exclusion du secteur privé de secteurs jugés stratégiques. Les secteurs de la Banque et du transport Aérien furent les premiers ciblés, piétinant au passage la liberté d’entreprendre consacrés par la constitution de 1996. Le plus étrange est que l’on interdit aux Algériens ce que l’on autorise aux étrangers.
- Le cas Orascom (Lafarge, Djezzy)
L’ouverture de l’économie Algérienne aux IDE (investissements directs étrangers) ne fut pas du goût de tous. L’affaire Orascom offrait une occasion unique aux tenants d’une ligne dure vis-à-vis des IDE. La cession opérée par le groupe international Orascom construction de son activité ciment (cotée à la bourse du Caire) par un mécanisme de swap d’actions fut perçue comme une trahison. Le cimentier Lafarge sorti par la petite porte (de la cimenterie de Meftah) lors des nationalisations des années 70 est de retour par la fenêtre, selon l’expression populaire consacrée. De plus le vendeur à qui l’Algérie avait déroulé le tapis rouge engrangeait une belle plus-value de cession dont ne pouvait bénéficier le fisc Algérien. Le couperet tombe. Toutes les activités du groupe Orascom en Algérie sont sous surveillance. La machine à broyer de l’administration s’est mise en branle plus rien ne l’arrêtera. La révision du cadre juridique et fiscal règlementant les IDE est consacrée rendant par la même occasion effectif le caractère non attractif de la destination Algérie. La LFC 2009 et les multiples amendements au code des investissements en sont la parfaite illustration. L’apothéose de l’absurde fût atteinte lors du rachat des 51% de Djezzy. L’histoire nous le dira.
- Le cas Cevital
Si l’affaire Khalifa a exclu le secteur privé Algérien des secteurs stratégiques, l’affaire Cevital quant à elle, est venue introduire la notion de taille à ne pas dépasser en termes de chiffre d’affaire et d’impact sur la sphère économique. Et ce contrairement à ce que nous aurions pu penser puisque pour une fois un acteur privé Algérien se distinguait et commençait à avoir une visibilité intéressante à l’échelle internationale.
En effet Il est utile de rappeler au lecteur que CEVITAL n’a pas cherché à se retrouver en position monopolistique. C’est le fait d’une administration non attentive et d’un état oubliant de jouer son rôle de régulateur et de stratège qui ont conduit à l’incroyable imbroglio CEVITAL. La décision de pousser des investisseurs à investir le secteur du sucre est une aberration en soi aux conséquences désastreuses prévisibles.
Au lieu de réguler l’État a concentré toute son énergie à l’affaiblissement de Cevital bafouant au passage les lois qui régissent le cadre de l’investissement. Oubliant aussi que sa taille, la nature de son secteur d’activité et la position géographique qu’elle occupe, imposent à Cevital de s’internationaliser, ce que rejettent catégoriquement les pouvoirs publics.
- La crise financière de 2008
Le discours triomphaliste du non arrimage de l’économie Algérienne à l’économie mondiale résonne encore dans nos oreilles. « … Nous n’avons pas été contaminés par la crise financière mondiale… » n’a cessé de marteler le gouvernement de l’époque. Le choix de la déconnexion est consacré comme étant un choix averti. Il sera érigé en dogme. A ce jour aucun arrimage aux chaines de valeurs internationales ne figure dans les stratégies à moyen et long terme proposées par le gouvernement Algérien. De plus aucun autre usage ne sera fait des réserves de change que celui déjà en vigueur en l’occurrence des placements à très faibles rendement. Tout ceci sans compter les décisions inconséquentes qui ont impacté toute l’économie Algérienne et qui ont généré des pertes incalculables. Qui blâmer ?
- L’effondrement des cours pétroliers de 2014
Dernier en date des syndromes, il a la particularité d’intervenir dans un contexte de crise économique mondiale ou la tentation protectionniste est devenue réalité avec l’avènement de Donald Trump à la tête des USA. Le gouvernement Algérien s’est refusé à admettre la réalité du marché mondial des hydrocarbures attendant désespérément, la nouvelle d’une remontée des cours qui tardait à se matérialiser.
Les appels, aux réformes économiques urgentes et à la diversification de l’économie, n’ayant pas été entendus, les réserves de change et le fond de régulation des recettes ont fondu comme neige. Prétexte tout trouvé pour une reprise en main autoritaire de l’économie et l’instauration d’une forme de patriotisme économique sans vision aucune.
Ces six syndromes phobiques, ne sont probablement pas les seuls et d’autres pourraient trouver leur place dans cette liste non exhaustive. Ce qui importe c’est la forme impulsive et souvent non réfléchie des décisions induites par ces syndromes. La gestion par scénario, par simulation ainsi que les mesures d’impact semblent avoir été négligés. J’en veux pour exemple criant l’instauration d’un mode de paiement unique (la lettre de crédit) qui a entrainé des pertes sèches pour l’Algérie qui se chiffrent en milliards de dollars.
C’est à l’aune d’une gestion populiste et autoritaire des affaires économiques du pays, que l’on mesure le mal induit par ces six syndromes sur la croissance, le déficit de la balance des paiements et sur le déficit budgétaire. Un observateur averti de la vie socio-économique Algérienne a illustré ce constat par cette formule « … vous interdisez massivement pour pouvoir punir sélectivement … ». Mais Qu’en est-il au juste ?
Notre cher et regretté Pr Abdelmadjid Bouzidi nous avait gratifiés d’une conférence au cours de laquelle il parlait des moteurs de la croissance. Il n’est malheureusement plus de ce monde pour accepter ma proposition d’enrichir et compléter son exposé. Mais surtout pour me conforter dans mon analyse sur l’état actuel de dysfonctionnement des six moteurs (4 de feu Abdelmadjid Bouzidi et 2 que je me propose de rajouter).
Moteur 1. L’Investissement
Qu’il soit national ou IDE, l’investissement reste fortement contraint et les discours des pouvoirs publics sont souvent contredits par des lois coercitives et un système fiscal incohérent. Outre ces lois il est à noter au passage que le stock de capital disponible (public ou privé) en Algérie ne permet pas d’impulser une réelle dynamique d’investissement à la hauteur des opportunités offerte dans tous les secteurs (agricultures, Industrie, Services). Le système financier est à court de liquidité et seules les entreprises ou leurs dirigeants, ayant déjà fait leur preuve arrivent à durement décrocher des crédits.
Moteur 2. La Consommation
Impacté par la dévaluation du dinar qui a induit une inflation des prix au détail compte tenu du caractère extraverti de notre économie, la consommation s’est effondrée pour beaucoup de secteurs d’activité. Après l’euphorie de la surconsommation voici le temps de la rigueur budgétaire des ménages. S’y sont-ils préparés ?
Moteur 3. Les Exportations
Elles sont en déclin pour ce qui est des hydrocarbures, insignifiantes et sans croissance réelle pour le reste des produits. Les hésitations et tergiversations en matière de soutien aux exportations et le manque de vision ont largement contribué à cet état de fait. On reviendra sur ce point lors de l’analyse des pistes de résorption du déficit de la balance des paiements.
Moteur 4. La Dépense publique
Adossée à la fiscalité pétrolière celle-ci a été réduite compte tenu des contraintes budgétaires, au détriment du programme d’investissement en infrastructure indispensable au soutien de la croissance. Se désintoxiquer est un choix difficile auquel les pouvoirs publics ont du mal à se résigner.
Moteur 5. L’Economie Fondée sur la Connaissance (EFC)
Nous n’en sommes qu’aux balbutiements de l’EFC. Nous sommes encore loin d’une conception, des stratégies de développement, dans laquelle les politiques concernant la connaissance et l’innovation jouent un rôle central. Le nationalisme économique systématiquement brandi par nos décideurs ne peut en aucun cas être un substitut à la construction de la compétitivité des travailleurs et cadres Algériens. La connaissance, le savoir des mots qui sonnent encore trop creux dans notre société. Sans compter le fait que l’industrie des services, parent pauvre de notre économie continue à être marginalisée et ne figure aucunement dans les discours officiels. Nous en sommes encore à l’ère du palpable, du matériel alors que le monde devient de plus en plus immatériel.
Moteur 6. La Numérisation (Digitalisation) de l’Economie
De lourds retards ont été accumulés dans ce domaine et le rattrapage sera coûteux et laborieux. Les crispations sécuritaires, la paranoïa et le besoin maladif de contrôle y sont pour beaucoup. Des discours et des avancées timides. Saluons au passage la finalisation de carte d’identité biométrique et la numérisation du fichier d’état civil national outil indispensable au développement du secteur financier. Nous avons trop tardé à le comprendre.
Ce bref diagnostic, certes sans complaisance, nous rappelle cruellement que les moteurs de notre croissance tournent au ralenti et certains sont déjà en panne.
L’espoir n’est pas perdu puisqu’il y a encore du carburant dans le moteur de l’avion matérialisé par des réserves de changes certes mais aussi et surtout par des Femmes et des Hommes ambitieux et compétents, par un marché captif et par d’incroyables opportunités à portée de main qui ne demandent qu’à être saisies.
Face à un déficit de la balance des paiements alarmant et à un déficit budgétaire tout aussi inquiétant, l’Algérie n’a d’autres choix que d’explorer les pistes longtemps ignorées et longtemps rejetées. Tous les experts le confirmeront, les pistes de sortie de crises sont plus que connues mais elles restent inopérantes sans un consensus autour des prérequis à leur mise en œuvre.
Pour ma part j’en vois de prime-abord, cinq que je ne développerai pas tant ils sont évidents :
Þ Le Leadership politique
Þ La Communication vis-à-vis de la société
Þ La Participation des acteurs du changement (confiance & inclusion)
Þ La Mise au placard des dogmatismes
Þ L’Engagement des pouvoirs publics à une stabilité juridique dans le monde des affaires
Pour ce qui est du déficit de la balance des paiements, nous recensons cinq grandes sources de revenus :
Source $ 1: Les Investissements Directs Etrangers (IDE)
Le Stock d’IDE se situe à un niveau inférieur à 12% du PIB (moins que la Libye qui se situe à 19%) et le flux d’IDE a été négatif de l’ordre de 1,5 Mds d’US$ au moment où la balance des paiements en a le plus besoin.
On a vraiment le sentiment que le discours politique à l’attention des IDE est contredit par une multitude d’obstacles bureaucratiques. Et les médias n’ont toujours pas reçu de signal politique fort allant dans le sens de l’apaisement et de l’attractivité de cette catégorie d’investisseurs. La règle 49/51 et les pressions exercées par certains milieux d’affaires influents pour freiner l’arrivée d’investisseurs internationaux ont fini par tarir le flux d’IDE. Pourtant leur effet immédiat sur la balance des paiements n’est plus à démontrer. Sans compter le fait qu’un climat des affaires attractif et serein les aurait incités à davantage de réinvestissements s’éloignant de la logique du rapatriement de 100% des dividendes. Leur apport à l’élévation du niveau de compétence des ressources humaines devrait représenter une réelle motivation pour les pouvoirs publics et la société Algérienne en général.
Je rappelle au passage que les régimes concessionnaires sont une forme d’IDE et la mise ne concession de l’autoroute est/ouest aurait pu garantir la préservation de cet actif tout en générant de revenus conséquents pour l’État (On le verra plus loin dans l’exposé).
Je suis surpris de constater que les médias nationaux emboitent le pas aux détracteurs des IDE quand il s’agit de vendre l’idée qu’un investisseur étranger ne devrait pas solliciter de crédits bancaires locaux pour réaliser son investissement. Une absurdité de plus, largement véhiculée et instrumentalisée dès qu’il s’agit de désigner un investisseur à la vindicte populaire.
Source $ 2: La Diaspora
Son apport n’est plus à démontrer. Elle a de l’argent, des réseaux, du savoir-faire et une réelle motivation pour s’inscrire dans le projet du renouveau de l’Algérie. Malheureusement On gardera longtemps en mémoire cette tripartite au cours de laquelle le club CARE réclamait un traitement approprié à cette diaspora longtemps oubliée. La réponse fut sans appel. « … c’est des Algériens comme les autres. S’ils veulent venir qu’ils soient les bienvenus sinon qu’ils restent là où ils sont. Nous n’avons pas à leur dérouler le tapis rouge comme le font tous les autres pays du monde … ».
Depuis les choses ont empiré puisque la constitution est venue quasiment les exclure de la vie de la cité. Je rappelle au passage que loi 49/51 n’a pas toujours pas été amendé et un investisseur Algérien résident à l’étranger continue à être obligé de s’associer à un Algérien pour investir en Algérie. Plus absurde encore, un Algérien résident à l’étranger ne peut acquérir d’actions à la bourse d’Alger.
Source $ 3: Les Investissements et placements internationaux
La gestion active des réserves de changes, en consacrant une partie des montants à un fond d’investissement souverain, aurait pu être une source de revenus non négligeable. Malheureusement l’absence de confiance qui prévaut au sein de la société et au sein des tenants du pouvoir ont largement contribué à ignorer cette piste. A ce jour et selon les dernières déclarations du Premier Ministre, nous disposons de 100 Mds US$ de réserve.
A qui est adressé ce message ? Aux experts qui comprennent l’inutilité d’une telle accumulation à un moment ou l’Algérie a besoin de soutenir le développement de son infrastructure et de diversifier son économie. Ou bien à la population pour la rassurer sur la poursuite d’une politique de redistribution généreuse ?
Quel gaspillage que d’ignorer l’effet de levier que pourrait générer ces 100 Mds de US$ ?
Source $ 4: Les Exportations
Un des moteurs de la croissance, les exportations même encouragées ne pourraient avoir d’impact sur le court terme. Les appels à conquérir l’Afrique ne peuvent concerner qu’un groupe d’acteurs se comptant sur les doigts d’une main dont l’impact sur la balance est insignifiant et pour qui le succès de l’aventure à l’export passe par des dépenses non négligeables en devises.
Ceux qui prônent cette orientation oublient simplement qu’une stratégie d’exportation ne s’improvise pas, qu’elle passe d’abord par l’investissement et le développement de réseaux de banque et de transport. L’Afrique étant un continent aujourd’hui en pleine mutation et qu’il n’est surtout pas à considérer comme un déversoir pour des pays en mal de gouvernance ; à ceux-là, il faut juste poser la question suivante : depuis quand un haut responsable algérien n’a pas fait de tournée dans les pays africains pour prendre le pouls de leurs besoins et de leurs état d’esprit ?
Source $ 5: La Dette
Sujet tabou par excellence l’Algérie s’est emmêlé dans un discours populiste qui l’enferme dans un schéma relevant de l’absurde. Evidement qu’il ne s’agit pas de s’endetter pour payer les salaires des fonctionnaires. Les conditions institutionnelles ne sont probablement plus réunies pour l’instant.
Mais on ne peut que rappeler que l’endettement est un ingrédient indispensable sans lequel il n’y a pas d’économie moderne. S’endetter dans de bonnes conditions pour des projets créateurs de richesses est non seulement recommandé, c’est une valeur ajoutée apportée à ces projets et une garantie de leur bonne conception et de leur bonne gestion dans le futur
Source $ 6: La Réduction des importations
C’est l’instrument privilégiée de l’État. Il est le seul des leviers à avoir été actionné. Tel qu’appliqué actuellement cette réduction des importations devient la pire des options pour réduire le déséquilibre de la balance des paiements puisqu’elle déstabilise la société dans son ensemble en générant de l’inflation, du chômage, de l’informel et surtout de la corruption.
Mais surtout ce levier a été actionné sans réformes de structure, sans s’attaquer à tous ces freins qui pénalisent investisseurs et producteurs et sans redéfinir en profondeur les axes de la politique économique extérieure du pays, c’est envoyer au monde un message négatif. Un message qui signifie, en substance : on se recroqueville sur nous-même, on s’enferme davantage, jusqu’au retour providentiel de l’embellie sur les marchés pétroliers. Quant à la stabilité juridique elle n’est pas objet de préoccupation pour nous !
Clairement l’État a manqué de créativité et de leadership. Les solutions sont à portée de main mais les syndromes phobiques ont la vie dure et rien ne semble pouvoir en atténuer les effets. Voyons à présent comment s’exerce leur influence sur le déficit budgétaire.
Pour ce qui est du déficit budgétaire nous recensons sept sources visibles de revenus et d’économies que pourraient réaliser les pouvoirs publics.
Source DZD 1. La Dévaluation de la monnaie
Sans être un spécialiste de la question, les divers commentaires glanés ici et là me font dire que la banque centrale a rempli une partie de sa mission en procédant à une dévaluation tout en préservant la paix sociale. Certes la dévaluation ne fut pas à la hauteur des recommandations des institutions internationales et des experts mais le processus est engagé et il faut s’attendre à une autre vague de dévaluation dans les prochains mois. En tout état de cause, pour gérer un déséquilibre de balance des paiements, ajuster la valeur de la monnaie est le mécanisme le plus démocratique, le plus transparent et celui qui ne crée pas de rentes indues supplémentaires, sur un marché qui n’en as pas besoin.
Source DZD 2. La Réduction du train de vie de l’état
De timides efforts sont entrepris cependant la période électorale n’est absolument pas propice à de tels engagements. Nous sommes plutôt dans une logique visant à rassurer sur l’absence d’austérité. Pas de « … TAKACHOF… ».
Pourtant aussi bien le train de vie de l’état que le ratio du nombre de fonctionnaires par habitants qui ne cesse de croitre (hormis le personnel des entreprises publiques), sont là pour nous rappeler que la question n’est pas prise à bras-le-corps.
Source DZD 3. La Réduction des subventions
Avec plus de 30% du PIB toutes subventions incluses ce poste budgétaire traduit l’incroyable générosité des pouvoirs publics. La brutale chute des prix du pétrole a sonné le glas de cette gestion en « mauvais père de famille ». Pour diverses raisons inexpliquées, les autorités ont mis du temps à saisir l’ampleur du problème et à prendre des décisions malgré les appels des experts nationaux et internationaux. Les prix des carburants à la pompe furent relevés de plus de 30%.
Le prix du carburant, pourtant importé, était l’un des plus bas du monde. Cette mesure, de par sa timidité, visait plus à tester la réaction de l’opinion publique que de réduire le déficit budgétaire. La réaction de la rue aurait dû inciter à plus de courage. Au-delà du seul prix de l’énergie c’est tout le système des subventions qui tarde à être remis à plat pourtant une multitude d’expériences internationales sont là pour justifier le bien-fondé d’une telle action. Est-ce encore la perspective des élections législatives en 2017 et présidentielles en 2019 qui font craindre le pire et qui retardent l’échéance autour de la question des subventions et des réformes économiques en général ? Ou bien est-ce un agenda caché du pouvoir ?
Source DZD 4. La Réduction des niches fiscales
Avouons que l’état a généreusement distribué une partie des revenus du pétrole entre les subventions, les niches fiscales et autres avantages. Un début de remise en ordre des niches fiscales est amorcé sans s’inscrire dans une quelconque vision sans recueillir l’avis du monde l’entreprise. Les dernières listes négatives des secteurs exclus des avantages, même si justifiée, vient rappeler la gestion autoritaire et non concertée de l’économie nationale
Source DZD 5. L’Elargissement de l’assiette fiscale
L’incivisme fiscal est largement encouragé par plusieurs facteurs qu’il serait trop long à énumérer et expliciter. Les conséquences sont énormes puisque l’informel représente selon les dernières estimations près de 50% du PIB et à ce jour aucune mesure sérieuse n’est envisagée. Bien au contraire on s’acharne sur les contribuables identifiés et sur les investisseurs étrangers oubliant au passage d’entreprendre les véritables réformes fiscales qui seraient à même de réduire le poids de l’informel dans une démarche non répressive.
Source DZD 6. L’Elargissement de l’assiette des cotisations sociales
Une piste en voie d’exploration par les pouvoirs publics puisqu’on entend ici et là la croissance observée dans le taux de recouvrement des cotisations sociales. Cependant il suffit d’analyser les chiffres d’acteurs d’un même secteur d’activité pour mesurer le poids des non déclarations ou sous déclarations des cotisations sociales.
Source DZD 7. La Rentabilisation du secteur marchand de l’État (Plus d’autonomie, PPP, privatisation)
Dernière piste et non des moindres celle de l’accroissement des revenus générés par les entreprises publiques. Ces dernières, à quelques rares exceptions près, affichent des déficits chroniques et parfois abyssaux. Leurs dirigeants n’ont toujours pas été débarrassés de la pénalisation de l’acte de gestion et leurs conseils d’administration sont essentiellement constitués d’administrateurs figurants, ayant eu généralement accès à cette responsabilité moins pour leur compétence que pour les services rendus. Les injonctions des ministères de tutelles ont fini par sonner le glas de leur hypothétique compétitivité.
Il s’agira donc comme première solution de consacrer leur autonomie en libérant leurs premiers dirigeants des contraintes pénales et des injonctions politiques, tout en reconfigurant leurs conseils d’administration par l’admission d’administrateurs indépendants voir même de chefs d’entreprise aguerris. La notion de ministère de tutelle devant être abolie.
Dans cet esprit, ce n’est pas aux ministères à négocier des partenariats. C’est le rôle des entreprises et de leurs conseils d’administration, qu’elles soient publiques ou privées. Les ministères devraient se contenter d’afficher des politiques publiques et des systèmes d’incitation. Leur implication dans les transactions internationales ne peut qu’être sujette à question. A la limite, l’État (et pas le ministre) pourrait s’impliquer dans le cadre d’un projet d’envergure pour des investissements structurants de 2-3 Mds de $US et plus, si cela est nécessaire, pour les rendre attractifs à des investisseurs internationaux. Mais s’impliquer dans des projets de petite taille ou de taille tout à fait moyenne, où l’essentiel des risques sont à la charge de l’Algérie, ce n’est pas la bonne démarche, et c’est le moins qu’on puisse dire. Là encore, le développement de partenariat public privé (PPP) comme autre solution, ne saurait exprimer son plein potentiel que s’il est débarrassé de la contrainte pénale et des injonctions politiques.
La relance du processus de privatisation demeure de mon point de vue une des pistes à effet quasi immédiat à condition que ce dogme soit remis en question. Tant que le secteur privé algérien ne sera pas complètement impliqué et encouragé, l’économie algérienne continuera de végéter.
Le débat est ouvert
Slim Othmani
Président du CARE