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Les Algériens ont de plus en plus recours aux herbes médicinales : la demande a créé l’offre

Par Amira Boudjema
décembre 30, 2016
Les Algériens ont de plus en plus recours aux herbes médicinales : la demande a créé l’offre

 La demande a créé l’offre, les magasins d’herbes médicinales se sont multipliés au cours des dernières années à Alger et dans d’autres villes du pays. Sans être contre, des médecins mettent en garde contre les dérives.

 Se soigner par les plantes est une pratique ancienne en Algérie qui a connu un regain avec une tendance de plus en plus affirmée des Algériens à chercher dans la phytothérapie une solution à certaines maladies.  Au niveau d’Alger-Centre, sur l’emblématique rue Didouche Mourad, les magasins qui proposent ces produits médicinaux à base de plante sont très courus.

 Des Algériens de tous les âges et de niveaux sociaux différents y viennent et prennent des habitudes. «Je viens m’acheter des tisanes, des huiles essentielles et des compléments alimentaires » explique une cliente.

 Sur la rue Hassiba Ben Bouali, un petit commerce installé depuis 25 ans s’est fait une forte réputation. Il est géré par un professeur de médecine à l’Hôpital Mustapha Pacha qui allie entre la médecine moderne, son métier, et ses connaissances en matière d’herbes thérapeutiques.

 

Prof de médecine et herboriste

Sa boutique est un trésor. Elle contient plus de 200 plantes collectées en Algérie et qui n’ont plus aucun secret pour le professeur. L’homme reçoit les patients chaque mardi pour une consultation gratuite afin de proposer quelques remèdes. Les autres jours de la semaine, ce grand curieux des plantes, soigne ses malades à l’hôpital Mustapha et enseigne.

 Sa boutique est gérée durant ces jours par un vieux vendeur qui y exerce depuis le lancement de la boutique depuis 25 ans et dont les connaissances se sont affutées. «Ici, on ne vend pas des recettes toutes prêtes comme le font certain, on prescrit les bonnes plantes pour les bonnes maladies » dit-il, nous a révélé le vieux vendeur.  On y propose des remèdes pour des problèmes d’asthme, d’hémorroïdes, l’obésité, la chute de cheveux.

 L’homme insiste sur le caractère particulier de la boutique qu’il dirige pendant que le professeur vaque à son occupation principal à l’hôpital ou à la faculté de médecine. « Contrairement à ce que font d’autres, pour bénéficier d’un remède dans cette boutique, il faut présenter un bilan sanguin pour se voir prescrire une recette ou une plante » indique-t-il. L’engouement de la clientèle était visible au moment de notre passage.

 « Ses tisanes amincissantes sont vraiment efficaces. Je viens souvent en prendre pour mon cousin, qui souffre d’obésité. Après avoir pris ses plantes, il a perdu beaucoup de poids » assure avec enthousiasme une cliente.

 Un autre magasin basé à Rouiba semble jouir d’une bonne réputation.  On y propose des remèdes, sans « aucune trace chimique », à base de plantes collectées en Algérie ou importées des pays du Golfe ou du Moyen Orient.

 Son propriétaire installé depuis six ans dit, avec satisfaction, réaliser un « chiffre d’affaires qui dépasse parfois les 250 000 DA par mois, l’équivalent de 3 millions de dinars par an ». Pour lui, le succès de ces remèdes est qu’ils traitent le mal sans impacter le reste de l’organisme comme celui peut-être le cas pour les produits pharmaceutiques.

 Gare aux dérives

 Mais les médecins et les spécialistes en pharmacie préconisent la prudence et soulignent qu’une mauvaise utilisation des plantes peut présenter des dangers. Ils soulignent que ce ne sont pas les composants isolés d’une plante qui donne le principe actif mais la combinaison de substance qui donne le résultat souhaité.

 Pour le Dr A. Boulekriat, les « plantes peuvent guérir tout comme elles peuvent être fatales, surtout quand on ne maîtrise pas les substances toxiques qu’elles peuvent contenir ».  En outre, il faut aussi raison garder, les plantes ne permettent pas de traiter de toutes les maladies et encore moins des pathologies graves.

 De passage récemment sur Radio M, Abdelouahed Kerrar, président de l’UNOP (Union nationale des opérateurs de la pharmacie) s’était dit «choqué » d’entendre sur la Radio nationale quelqu’un prétendre guérir le cancer avec des plantes.

 « J’ai entendu, il y a à peine trois jours sur une radio nationale quelqu’un qui parlait de traitement du cancer par les plantes, c’est une déclaration extrêmement grave, un recul flagrant » a-t-il souligné éclaré en estimant que ce genre de propos qui induit en erreur les grands malades doit tre banni et interdit.

 « Nous ne sommes pas contre la médecine par les plantes mais il faut que cela soit encadré. Il faut criminaliser ceux qui prétendent guérir ces maladies lourdes par les plantes » a-t-il dit.

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