Des assises sur l’agriculture seront organisées le 23 du mois courant sous le thème ’’ l’agriculture au service de la souveraineté nationale ’’.
Neuf ateliers ont été constitués pour aborder les thématiques qui portent sur les questions liées au foncier agricole, les ressources hydriques, la valorisation des produits agricoles et l’agroalimentaires, l’exportation des produits agricoles, la formation et l’innovation, l’organisation professionnelle et interprofessionnelle, le financement et les investissements agricoles et agroalimentaire, le développement rural et l’économie forestière, ainsi que le développement de la pêche et l’aquaculture.Est-ce l’élaboration d’une nouvelle politique agricole qui puisse déclencher l’essor du secteur tant attendu ou alors une rencontre, comme beaucoup d’autres, qu’on oublie juste après la clôture des travaux dont les recommandations seront renvoyées aux calendes grecques ?
Si le but recherché est d’élaborer une politique agricole, je pense qu’un travail de 30 jours assuré par les différentes ateliers ne peut même pas suffire à énumérer les problèmes dont lesquels baignent notre agriculture, que dire alors du temps que prendra l’étude de ses problèmes et de trouver les remèdes adéquats sous forme
de feuille de route qui puisse donner un coup de starter au développement du secteur ?
Notre agriculture a besoin d’une ‘’ vraie ‘’ politique agricole basée sur une stratégie prospective et s’inscrivant dans le concept du développement durable, une politique agricole qui atteint l’autosuffisance alimentaire tout en préservant les ressources naturelles dont les terres agricoles et l’eau pour les générations futures comme stipule l’article 9 de la constitution algérienne
Le défi de l’agriculture contemporaine c’est de contribuer à l’atténuation des conséquences négatives du changement climatique, un danger qui guette les pays qui ne prennent pas de dispositions sérieuses quand a ce fléau mondial
Les assises aborderont t’elles ce sujet ? Il est impensable que cela puisse se produire ! ces assises ne peuvent être qu’une réunion classique, abordant des questions classiques assorties de recommandations qui ne verront jamais le jour, si même les lois ne sont pas respectées et transgressées ; que dire alors des recommandations ? En plus comment peut-on discuter d’un secteur en l‘absence de données fiables, les statistiques agricoles qui se font de manière classique et primitive, n’ont aucune crédibilité. si le départ ne se fait pas sur des bases solides il ne faut pas s’attendre à des miracles !
L’agriculture qui a été longtemps délaissé et ne peut être ressuscité par un événement pareil, notre agriculture a besoin d’une volonté réelle pour mettre le train dans les rails à partir d’orientations et d’axes de développement à mettre en œuvre pour l’amélioration de la production et l’augmentation des rendements agricoles. Pour se faire il est nécessaire de s’atteler à développer des outils indispensables au développement de l’agriculture, entre autres
Le règlement définitif du foncier agricole qui suppose une volonté politique et une rigueur législative
A ce titre, il ressort la nécessité de définir une typologie des sols en procédant au classement de l’ensemble des terres agricoles du pays en fonction de cette typologie et d’accélérer le règlement de la situation juridique des terres du domaine privé de l’Etat, définir les règles et les lois appliquées à certaines terres (terres communales et terres « arch »)
Il est également important de promouvoir un marché foncier transparent et sécurisant pour le droit d’exploitation concernant la concession et /ou la location des terres agricoles pour une agriculture moderne et intensive et créer ainsi les conditions de transparence dans la circulation de la terre agricole en tant que bien économique et d’éradiquer les transactions occultes
Mise en œuvre d’un système performant de financement
Le financement est la pierre angulaire du développement de l’agriculture, L’encadrement financier du secteur agricole demeure une incitation incontournable qui mène directement vers la réalisation des investissements
La création d’un organisme spécialisé pour le financement de l’agriculture est une besoin immédiat, un organisme qui facilite l’accès au financement et accompagne les agriculteurs et autres investisseurs dans le secteur agricole. L’agriculture est un secteur qui ne peut jamais être traité sur le même pied d’égalité, dans l’accès aux crédits, comme d’autres secteurs, c’est un domaine sensible qui doit avoir une intention particulière et un traitement spécifique
Développement de l’assurance agricole
Il est impératif que les pouvoir publics intervienne pour promouvoir l’assurance agricole et ce, en premier lieu, par l’actualisation de la législation y afférente et par la suite mener des campagnes de sensibilisation concernant ce produit, et de mettre en place un mécanisme incitatif qui contribue à favoriser le développement de l’assurance agricole . L’assurance ne doit en aucun cas être considéré comme un acte administratif qu’on accompli pour avoir accès aux soutiens et autres aides publiques, elle doit être perçue comme un moyen d’accompagnement indispensable au développement du secteur agricole
Relance de la formation, la recherche et la vulgarisation
Les instituts techniques tels que (INRA, ITGC, ITMC, ITAFV, ITELV, INVA) sont devenu des organismes administratifs par excellence, techniquement stériles, n’ont pu jouer le rôle qui leurs est assigné, il est nécessaire de créer une synergie entre ces organisme pour aboutir au but ultime de développer l’agriculture, il est indispensable, au paravent de redynamiser ces institutions, les renforcer en composante humaine spécialisé et en équipement et matériel nécessaire. Il est également nécessaire de lancer un vaste programme de formation et de mise à niveau aux techniques modernes de gestion des exploitations agricoles et L’initiation d’une politique de formation professionnelle aux métiers agricoles
Valorisation du métier d’agriculteur
Le métier de l’agriculteur ne peut jamais être considéré comme le métier des pauvres et des plus défavorisés. La revalorisation du métier d’agriculteur mérite d’être ancré dans les mentalités, c’est un métier passionnant qui suppose des connaissances en plusieurs disciplines et par conséquent fait appel à de multiples compétences intellectuelles (ingénieurs, techniciens) et pratique (agriculteurs)
Création d’un mécanisme de protection du revenu de l’agriculteur
L’agriculteur opère dans des conditions spécifiques ou se conjuguent une multitude d’aléas entre autres climatiques, économiques, phytosanitaires, qui peuvent affecter sérieusement sa production, donc son revenu, un remède possible à la situation peut se faire par La mise en place d’un dispositif permettant aux exploitants agricoles de se couvrir à la fois contre les chutes de prix et les baisses de rendement tel que l’assurance revenu et des comptes d’épargne professionnels (à l’instar de l’Amérique du nord), peuvent être envisagés
Développement de la mécanisation par la Création de chaines logistiques
Le matériel agricole n’est pas accessible a une très grande frange d’agriculteur , il est impératif d’encourager la création de sociétés de prestation de service pour location de matériels agricoles (travaux du sol, traitement phytosanitaire, récolte …) en plus de coopératives de prestation de service concernant : approvisionnement, transport, stockage, transformation en plus de prestataires, Ces prestations de services doivent être confiées aux spécialistes du secteur (ingénieurs, techniciens) afin que toutes les opérations soient réalisées de façon scientifique correcte
Renforcement du système d’information et des statistiques agricoles
Cela permet à l’ensemble des acteurs (pouvoirs publics, chercheurs, opérateurs) de disposer d’informations fiables, actualisée et exhaustive élaborées sans aucun pensée politique pour servir comme outils de développement. Le perfectionnement de ce système passe inévitablement par la modernisation du système et son renforcement par un personnel qualifié et des moyens matériels adéquats
Création d’un organisme de labellisation et de certification des produits agricoles
L’appui à la normalisation et la labellisation des produits de la filière agricole permet L’amélioration de la qualité de nos produits, L’amélioration de la compétitivité des produits de terroir et l’accession de nos produits aux marchés extérieurs
Et pourquoi pas la Création d’un Conseil National de l’Agriculture ?
La création de ce conseil aboutira à plus de synergies et une meilleure coordination entre les différents acteurs: producteurs, transformateurs, distributeurs, financiers, instituts de formation, instituts de recherche, pouvoirs publics, ce conseil pourra être un laboratoire d’idées et une veille technologique agricole
Le développement de l’agriculture est aujourd’hui plus qu’une nécessité, une priorité car il y va de l’avenir de l’Algérie et des générations futures. Il est vrai que des enveloppes financières colossales sont réservées annuellement à ce secteur stratégique mais les résultats escomptés n’ont pas été atteint. Un programme de développement de l’agriculture doit conduire inéluctablement à l’autosuffisance alimentaire sans l’associer à la sécurité alimentaire qui n’est pas du seul ressort du secteur de l’agriculture
* Expert consultant en agriculture