Le récent sommet de Kazan vient de bouleverser l’échiquier géopolitique avec l’attribution à l’Algérie du statut inédit de “membre partenaire” des BRICS. Cette décision, survenant moins d’un an après le rejet de sa candidature comme membre à part entière, soulève des interrogations sur les réelles motivations du bloc économique.
La volte-face est d’autant plus saisissante que le président Tebboune avait fermement déclaré que “le dossier est clos et la page est tournée”, suite à l’échec de la candidature algérienne en août 2023. Une position qui reflétait alors l’amertume d’un pays conscient de son poids stratégique, détenteur du troisième PIB d’Afrique et d’une position géographique crucial entre Europe et Afrique.
L’invention de ce nouveau statut ressemble fort à une manœuvre diplomatique calculée. Elle permet aux BRICS de garder dans leur orbite un acteur majeur du continent africain, sans pour autant revenir explicitement sur leur décision initiale. Pour l’Algérie, c’est l’opportunité de maintenir son influence tout en préservant sa dignité diplomatique.
Les enjeux économiques sous-jacents sont colossaux. L’Algérie, avec ses réserves de change de plus de 70 milliards de dollars et sa position de fournisseur gazier stratégique pour l’Europe, représente un partenaire de poids. Sa contribution de 1,5 milliard de dollars à la Nouvelle Banque de Développement des BRICS témoigne déjà d’un engagement financier substantiel.
Cette innovation statutaire pourrait d’ailleurs préfigurer une nouvelle stratégie d’expansion des BRICS. En créant une architecture à plusieurs niveaux, le groupe s’offre la possibilité d’intégrer progressivement de nouvelles économies sans diluer son influence. Un modèle qui pourrait faire école dans la gouvernance économique mondiale.
La Chine et la Russie, principaux moteurs des BRICS, trouvent particulièrement leur compte dans ce rapprochement. Pékin, qui entretient déjà un partenariat stratégique global avec Alger – le plus haut niveau de coopération accordé par les autorités chinoises – renforce ainsi son influence en Méditerranée. Moscou, fournisseur de 76% du matériel militaire algérien depuis 2002, consolide sa présence en Afrique du Nord.
En définitive, ne peut-on pas voir ce statut de “membre partenaire” comme une solution élégante à une erreur d’appréciation initiale des BRICS ? Cette formule permet en effet de corriger le tir sans perdre la face, tout en ouvrant la voie à une possible intégration complète de l’Algérie à terme.
Cette innovation diplomatique pourrait en effet redéfinir les modalités d’expansion des BRICS, dans un contexte où le bloc cherche à s’affirmer comme une alternative crédible aux institutions économiques occidentales.