Leur étoile a certes pâli mais les BRICS sont encore là. Ces pays émergents (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) affichent, pour certains, des performances économiques étincelantes (Chine et Inde, notamment) et contribuent au quart du produit intérieur brut mondial (PIB).
On parle ici d’un regroupement qui pèse 40% de la population mondiale et dont la volonté n’est pas simplement de juste accompagner la mondialisation mais bien de l’influencer.
La semaine dernière, le neuvième sommet de ces cinq pays, qui s’est tenu à Xiamen en Chine, a été l’occasion de démontrer que quelque chose d’important se passe à ce sujet.
Le Mexique invité
En effet, les cinq concernés ne se sont pas contentés de défendre l’ouverture commerciale à l’heure où les États-Unis de Donald Trump sont tentés par le protectionnisme et la remise en cause d’accords de libre-échange signés depuis longtemps.
Sur le refus de la fermeture des frontières, la Chine, le Brésil, l’Afrique du sud et à un degré moindre, l’Inde, parlent d’une même voix. La Russie se sent, elle aussi, concernée puisque grande exportatrice de matières premières.
A lire les déclarations des responsables présents à Xiamen, il n’est pas difficile de décoder le message adressé à Washington : « En matière de globalisation, nous pouvons organiser quelque chose sans vous s’il le faut ».
Autrement dit, l’idée que les progrès de l’ouverture commerciale puissent se faire sans le concours de l’Amérique est en train de faire son chemin.La présence du Mexique parmi les pays invités le démontre.
On sait que Donald Trump veut la renégociation de l’accord de libre-échange nord-américain (Alena) qui lie son pays au Canada et à son voisin du Sud. En participant au sommet des BRICS, Mexico entend signifier qu’il existe pour lui des alternatives.
Bien sûr, rien ne saurait remplacer pour lui le marché américain mais pour l’essentiel, dans la phase actuelle de négociations (très discrètes, au demeurant), les dirigeants mexicains veulent absolument prendre le train de la diversification des débouchés pour leurs exportations.
Un contrepoids à l’influence américaine
Mais il n’y a pas que l’économie qui concerne les BRICS. Le sommet de Xiamen a été l’occasion pour ces pays de se démarquer de la politique étrangère américaine sur plusieurs grands dossiers à commencer par celui de la Corée du Nord.
S’ils ne rejettent pas l’idée de sanctions contre Pyongyang, ils refusent tout recours à la force et toute mesure par trop contraignante. En clair, les BRICS sont aussi l’expression du refus de l’unilatéralisme américain.
Leur démarche est aussi un symptôme de l’insatisfaction de nombre de pays par rapport à l’immobilisme des grandes institutions internationales qui continent à être bâties selon un schéma hérité de la Seconde Guerre mondiale.
Le Brésil, par exemple, plaide pour une refonte du Conseil de Sécurité de l’Organisation des Nations Unies (ONU), dont les Etats-Unis ne veulent absolument pas entendre.
On relèvera enfin la présence de deux pays africains lors de ce sommet. En invitant l’Égypte et la Guinée, les BRICS démontrent leur intérêt pour l’Afrique et son potentiel économique.
C’est une manière de donner plus de visibilité et de considération à un continent qui demeure plus ou moins négligé en terme de fauteuils dans les grandes institutions internationales. Une manière aussi d’avancer ses pions dans une région où la compétition entre puissances économiques va aller en s’exacerbant.