Les détenus d’opinion continuent de subir toute sorte d’injustice et d’abus. Non seulement ils sont privés de leurs droits civils et politiques en raison de leur engagement pour la démocratie et la liberté, ils continuent d’être exclus des mesures de clémence portant garanties par la loi.
En effet, cette catégorie de prisonniers ne bénéficie pas de mesures de libération conditionnelle. Toutes les demandes introduites par les détenus d’opinion pour bénéficier de cette formule ont été rejetées. Une discrimination qui aggrave les souffrances des détenus et de leurs familles.
Les avocats restent stupéfiants devant les refus répétitifs. Ils dénoncent une politique de deux poids de mesures qu’appliquent les commissions chargées d’étude des demandes de remise en liberté conditionnelle qui siègent dans toutes les prisons du pays. Elles traitent avec flexibilité et clémence les demandes de bénéficier de liberté conditionnelle émanant des détenus du droit commun.
Par ailleurs, elles tournent le dos systématiquement aux demandes exprimées par les détenus d’opinion qui croupissent, sans motif, dans les geôles du pays. La plupart des détenus d’opinion remplissent les conditions prévues par la loi pour bénéficier de cette mesure, indiquent les avocats. Ces derniers n’écartent pas une politisation du traitement des demandes de remise en liberté conditionnelle des détenus d’opinion.
Selon le ministre de la Justice Abderrachid Tabi, plus de 17 400 détenus ont bénéficié de mesures de libération conditionnelle entre le 1er janvier et le 12 août 2024. Une mesure qui s’inscrit dans le cadre des programmes de réinsertion sociale visant à lutter contre la criminalité et à réduire le phénomène de la récidive.
Aucun détenu d’opinion ne figure sur la liste de ces 17 400 détenus bénéficiaires de remise en liberté conditionnelle. Pourtant, la conduite et le comportement des détenus d’opinion est exemplaire, comme en témoigne le personnel des centres pénitentiaires. Cette discrimination frappe aux yeux et transgresse les lois du pays et les conventions internationales relatives au respect et à la promotion des Droits de l’homme signées et ratifiées par l’Algérie.
Pour rappel, le système pénal algérien accorde une grande importance à la réinsertion sociale des détenus, concrétisée par le mécanisme de la libération conditionnelle, qui s’inscrit dans le cadre de l’aménagement des peines. Le système de la libération conditionnelle est une incitation à encourager les détenus qui font preuve d’un bon comportement à participer aux différents programmes de réinsertion.