Les recettes d’exportation d’huile d’olive ont été multipliées par huit au premier semestre 2015 par rapport à l’année précédente, atteignant 1,3 milliards de dinars tunisiens (591,3 millions €). Elles représentent plus de 10 % des recettes totales des exportations.
Les autorités tunisiennes travaillent à diversifier le secteur industriel du pays en mettant l’accent sur les produits agro-industriels à valeur ajoutée, tels que l’huile d’olive, dont l’export connaît actuellement une envolée.
Les recettes d’exportation d’huile d’olive ont été multipliées par huit au premier semestre 2015 par rapport à l’année précédente, atteignant 1,3 milliards de dinars tunisiens (591,3 millions €), selon Noureddine Agrebi, directeur des industries alimentaires au ministère de l’Industrie et du Commerce.
Les exportations d’huile d’olive ont augmenté légèrement moins en termes de volume, ayant été multipliées par 7,7 et atteignant 214 000 tonnes au cours de cette même période. Ceci fait suite à une augmentation par cinq de la production l’an dernier, la Tunisie s’étant alors classée deuxième plus grand producteur d’huile d’olive au monde pour la première fois, détrônant l’Italie et se plaçant juste derrière l’Espagne.
Elaborer des prévisions
La croissance continue de l’industrie de l’huile d’olive devrait engendrer des bénéfices à la fois économiques et sociaux. Elle emploie en effet, directement ou indirectement, plus d’1 million de personnes, selon les chiffres de l’UE.
L’huile d’olive est également une denrée importante en termes de génération de revenus, représentant plus de 10 % des recettes totales d’exportation. Environ 70 % de l’huile d’olive produite chaque année est vendue à l’étranger, les 80 millions d’oliviers du pays recouvrant un tiers de ses terres arables.
Bien que les chiffres des récentes récoltes soient de bon augure pour l’avenir de l’industrie, une partie de la croissance récente est le fruit de circonstances exceptionnelles. Les récoltes record d’olives en Tunisie sont survenues alors que les producteurs traditionnels espagnols et italiens subissaient de mauvaises récoltes et que les prix internationaux faisaient un bond, atteignant le chiffre le plus élevé des 10 dernières années avec 4500 $ la tonne en août, soit une hausse de 40 % par rapport à l’année précédente.
En outre, l’Union européenne, qui achète 60 à 70 % de l’huile d’olive tunisienne, a presque doublé le quota d’exportation annuel du pays jusqu’à fin 2017. Les achats en provenance de Russie ont également augmentés, en partie à cause des sanctions commerciales européennes.
Selon Abdellatif Ghedira, Président directeur général de l’Office national de l’huile, la prochaine récolte d’olive, qui commence en novembre, devrait être moins considérable. Dans un communiqué aux médias datant du mois d’août, A. Ghedira a expliqué que les oliviers ne peuvent produire de récoltes importantes deux années consécutives. Les précipitations ayant été sporadiques au cours des derniers mois, les prévisions de récolte sont d’environ 160 000 tonnes.
Cependant, des signes encourageants tendent à suggérer que les exportations de produits alimentaires dans leur ensemble sont en croissance. Les exportations alimentaires ont progressé de 129 % en glissement annuel, atteignant 2,3 milliards de dinars tunisiens (1 milliard €) dans les six premiers mois de l’année. La balance commerciale de la Tunisie en termes de denrées alimentaires a enregistré un excédent de 314 millions de dinars (142,8 millions €) sur la même période, alors qu’elle affichait un déficit de 656 millions de dinars (298,4 millions €) l’an dernier, a rapporté N. Agrebi. Les exportations de dattes et de pâtes ont quant à elles augmenté de 25 % et 20 % respectivement dans la première moitié de 2015 par rapport à 2014, toujours selon N. Agrebi.
Progresser dans la chaîne de valeur ajoutée
Afin de capitaliser sur la demande croissante, la Tunisie cherche à remonter la chaîne de valeur : des exportations de produits agricoles bruts vers des produits semi-transformés et transformés. Dans le cas de l’huile d’olive, le pays cherche à augmenter la proportion des exportations de produits en bouteille et de marque, par opposition aux ventes en gros.
Selon le Conseil Oléicole International tunisien, seulement 14,3 % des exportations d’huile d’olive tunisienne sont embouteillées ou empaquetées sur place. Les 75 % d’huile d’olive tunisienne exportée vers l’Espagne et l’Italie est vendue en gros, l’huile est ensuite mélangée avec de l’huile domestique, mise en bouteille et commercialisée comme un produit local, pour un prix plus élevé. Les producteurs d’huile d’olive du pays travaillent à construire pour l’huile d’olive tunisienne une réputation mondiale comparable à celle de ces produits locaux.
» Le produit tunisien n’est pas connu, nous essayons de surmonter ce problème. » a déclaré aux médias Abdel Salam Al Wadi, président de l’Association pour l’huile d’olive tunisienne, en août dernier. » Mais nous devons encore créer une image pour l’huile d’olive tunisienne. «
Made in Tunisia
Un autre moyen pour les produits d’origine tunisienne de créer de la valeur ajoutée est la harissa, la traditionnelle pâte de piment fort nord-africaine. Fabriquée à partir d’ingrédients tels que de l’huile d’olive, de l’ail et du piment, la harissa compte de nombreuses variétés et devient un condiment prisé dans les restaurants à l’étranger.
Confrontés à des fabricants étrangers qui commercialisent des pâtes de qualité inférieure sous le nom de harissa, des responsables du gouvernement de l’an dernier ainsi que des producteurs tunisiens comme SICAM, le principal producteur local d’harissa, ont lancé un processus de certification de la qualité de produits alimentaires, le » Food Quality Label Tunisia ». Malgré tout, des campagnes de marketing et de packaging plus poussées seront probablement nécessaires pour améliorer l’image globale des produits agricoles tunisiens.