« Si nous voulons sauver les entreprises publiques du pays, il faut absolument clarifier les responsabilités et définir les pouvoirs au niveau de ces entreprises », affirme Boumediene Derkaoui, ancien dirigeant de holdings publics et consultant en matière d’actifs publics, invité mercredi de Radio M.
« Il existe des compétences en matière de gestion, notamment parmi les jeunes en Algérie. Mais, aujourd’hui les jeunes managers compétents n’accepteraient pas de responsabilité au niveau des entreprises publiques justement parce que les responsabilités ne sont pas définies » soutient-il.
L’expert insiste sur la nécessité d’attribuer la mission du contrôle de l’entreprise publique à ceux qui devraient la remplir, à savoir les commissaires aux comptes et les cabinets spécialisés dans l’audit et non pas l’Inspection générale des finances (IGF) ou à la Cour des comptes.
« L’IGF et la Cour des comptes sont supposées contrôler les comptes publics et non les entreprises publiques », rappelle-t-il pointant ce qu’il qualifie de « grande confusion » en matière de législation. La loi algérienne relative à la corruption confond, selon lui, le statut d’agent public avec celui de gestionnaire d’entreprise publique.
« L’agent public dans la définition anglo-saxonne comme dans la définition française est celui qui émarge au Trésor public et non pas celui qui dirige une entreprise », relève-t-il. De même que « l’entreprise publique dont on parle dans la loi sur la corruption, c’est l’Etablissement public à caractère administratif et non pas l’entreprise publique qui évolue dans un environnement concurrentiel » poursuit-il.
La peur de prendre des risques
Cette confusion, souligne-t-il, met les gestionnaires des entreprises publiques dans une situation inconfortable car ils auront toujours peur de prendre des risques alors que, dans l’absolu, un manager d’entreprises est tenu de prendre des risques.
M. Derkaoui préconise de mettre les entreprises publiques sous la tutelle d’une structure indépendante de tous les ministères et relevant directement du Premier ministère. « Une structure qui aura pour charge, non pas de gérer les entreprises, mais de vérifier si les participations de l’Etat sont valorisées ou pas » suggère-il.