Les Grecs ont massivement dit "non" aux injonctions de leurs créanciers - Maghreb Emergent

Les Grecs ont massivement dit “non” aux injonctions de leurs créanciers

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La totalité des districts électoraux ont majoritairement voté en faveur du “non” au référendum qui a eu lieu hier sur la politique de sortie de crise “proposée” par les créanciers de la Grèce. Le Premier ministre grec Alexis Tsipras déclaré que son gouvernement était prêt à reprendre les négociations avec ces derniers.

 

 

Les Grecs ont défié l’Europe en votant massivement lors du référendum de dimanche en faveur du “non” aux propositions des créanciers internationaux d’Athènes.

Alors que 93% des bulletins étaient dépouillés, le “non” recueillait 61,30% et le “oui” 38,70%, résultat dans lequel le ministre grec des Finances Yanis Varoufakis, qui avait mis sa démission dans la balance au cas où le “non” perdrait, a dit voir un grand “oui” en faveur d’une Europe démocratique.

La totalité des districts électoraux ont majoritairement voté en faveur du “non”, sans exception. La victoire étonnamment nette du “non” a déjoué les récents sondages qui prévoyaient une issue beaucoup plus serrée.

Le Premier ministre grec Alexis Tsipras a salué la nette victoire du “non” et déclaré que son gouvernement était prêt à retourner sans attendre à des négociations pour permettre une réouverture des banques grecques, qui sont restées fermées cette semaine.

Ecartant l’idée que le référendum était de fait un vote sur le maintien ou non de la Grèce dans la zone euro, il a estimé que les Grecs lui avaient donné un mandat pour trouver une solution viable avec l’UE et non pas pour aller à l’affrontement avec l’Europe.

Des centaines de Grecs ont afflué place Syntagma, devant le parlement au coeur d’Athènes pour fêter l’événement, après une semaine marquée par la fermeture des banques et la limitation du montant des retraits d’argent, destinées à éviter un effondrement du système financier grec.

 

Les jeunes massivement pour le “non” selon un sondage

 

Selon un sondage diffusé par la chaîne de télévision Antenna TV, 67% des bulletins de vote “non” ont été glissés par des jeunes de la tranche 18-34 ans.

“Je suis sans travail depuis près de quatre ans et je me disais qu’il fallait être patiente”, a témoigné pour sa part une électrice de 43 ans, Eleni Deligainni, qui déclare avoir voté “non”. “Mais j’en ai eu assez des privations et du chômage”.

L’euro a fortement reculé dans les premiers échanges en Asie. Vers 21h40 GMT, l’euro chutait de 1,21% contre la devise américaine à 1,0979 dollar et de 1,72% contre la devise japonaise à 134,05 yen.

La chancelière Angela Merkel et François Hollande, qui se verront lundi soir à Paris pour parler Grèce, se sont entretenus au téléphone dimanche soir et ont prôné la tenue d’un sommet de la zone euro. Ce sommet, comme l’a confirmé peu après le président du Conseil européen Donald Tusk, se tiendra mardi soir.

Les ministres des Finances de la zone euro se réuniront un peu plus tôt, mardi, afin de préparer ce sommet, a déclaré Jeroen Dijsselbloem, président de l’Eurogroupe.

D’ici là, lundi matin, Donald Tusk s’entretiendra avec le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, le président de la Banque centrale européenne (BCE) Mario Draghi, et Jeroen Dijsselbloem.

 

En Allemagne on juge difficile de négocier désormais avec la Grèce

 

Une bonne partie des réactions au référendum grec sont venues d’Allemagne, où la classe dirigeante ne cachait pas son exaspération. Si la chancelière Merkel est restée silencieuse, son ministre de l’Economie, le social-démocrate Sigmar Gabriel, a jugé difficile d’engager désormais des négociations sur un nouveau plan d’aide à Athènes.

Estimant que le Premier ministre grec acculait ses concitoyens au désespoir, Sigmar Gabriel, par ailleurs vice-chancelier, a estimé qu’Alexis Tsipras avait coupé les derniers ponts par lesquels un compromis avec l’Europe aurait pu être trouvé.

Quant au vice-président du groupe conservateur CDU-CSU au Bundestag, Michael Fuchs, il a estimé qu’Alexis Tsipras avait provoqué un “désastre” et qu’il devait maintenant “ramasser les morceaux”.

Parmi les représentants des milieux d’affaires allemands, Anton Börner, dirigeant de la fédération patronale BGA, qui regroupe des entreprises exportatrices, a jugé un “Grexit” inévitable. Georg Fahrenschon, président de l’Association des caisses d’épargne, s’est dit sur la même longueur d’onde.

Le Premier ministre luxembourgeois Xavier Bettel, dont le pays assume depuis le 1er juillet la présidence tournante de l’Union européenne, s’est dit quant à lui optimiste sur la possibilité de trouver une solution à la crise grecque.

En France, ni la présidence de la République ni le gouvernement n’ont commenté la situation grecque dimanche soir. L’extrême droite et une partie de la gauche ont en revanche salué la victoire du “non” au référendum en Grèce, les uns y voyant une nouvelle raison de sortir de l’euro, les autres un levier pour que le gouvernement Tsipras obtienne gain de cause.

Le fondateur du Parti de Gauche, Jean-Luc Mélenchon, pourfendeur de l’Allemagne et d’Angela Merkel en particulier, s’est félicité d’un résultat qui doit permettre, selon lui, à la Grèce d’obtenir une aide plus adéquate de l’Europe. 

 

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