Le décret anti-immigration du président américain Donald Trump inquiète les Marocains désireux de voyager pour s’installer pour un temps déterminé aux Etats-Unis d’Amérique.
La presse marocaine a rapporté jeudi l’histoire de Fadwa Alaoui, une Marocaine résidente au Canada depuis 22 ans. Elle possède la nationalité canadienne, et voulait rentrer avec ses deux enfants aux Etats-Unis. Dans une interview accordée au journal canadien « TVA Nouvelles », reprise par le journal arabophone marocain « Al Akhbar Al Maghribia », elle raconte comment les douaniers se sont comportés avec elle pendant 4 heures à la frontière américaine.
« On nous a demandé quel était notre pays d’origine. Je leur ai dit que j’étais originaire du Maroc. Ensuite, ils ont réclamé nos cellulaires. Ils ont exigé nos mots de passe et ont fouillé le contenu de nos téléphones pendant une heure », affirme Fadwa Alaoui. Les douaniers lui ont posé des questions surprenantes: « quelle est notre religion? Est-ce qu’on la pratique? Quel est le nom de la mosquée que l’on fréquente ? Qui est l’imam? Qu’est-ce qu’on nous dit à la mosquée? ». Et elle a finalement été refoulée avec sa cousine… Les services sécuritaires des frontières des Etats-Unis lui ont reproché son implication dans des campagnes menées contre le nouveau président, sur les réseaux sociaux.
Dans les grandes villes marocaines, de nombreux avocats spécialisés dans les affaires d’immigration conseillent aux immigrants de rester aux Etats-Unis ou de revenir immédiatement s’ils sont à l’étranger au cas où l’interdiction de voyager du président Trump serait élargie à davantage de pays. Ils soulignent l’inquiétude qui prévaut parmi les immigrés dont le statut est en cours d’examen. Les avocats expliquent qu’un grand nombre d’immigrés hésitent à se présenter aux bureaux des services d’immigration de peur d’être arrêtés, ou bien s’abstiennent et risquent alors l’expulsion.
Pour rappel, le nouveau président américain Donald Trump a récemment signé des décrets sur l’immigration qui visent essentiellement les citoyens musulmans. Sept pays issus de l’Afrique et du Moyen-Orient sont concernés par la limitation, voire l’interdiction de l’accès aux Etats-Unis. Les réfugiés et les détenteurs de visas en provenance d’Irak, d’Iran, de Libye, de Somalie, du Soudan, de Syrie et du Yémen sont les plus visés par ces décrets.
Mercredi, le président américain a dénoncé une justice « politisée » et a accusé les magistrats qui doivent se prononcer sur son décret migratoire actuellement suspendu de mettre en péril la sécurité des Etats-Unis. Le sort de cette mesure anti-immigration, la plus emblématique et controversée de la jeune présidence Trump, est entre les mains de trois magistrats d’une cour d’appel de San Francisco. Dimanche dernier, la justice américaine a rejeté le pourvoi en appel de la Maison Blanche pour annuler immédiatement l’injonction de suspension du décret anti-immigration.
Infligeant un nouveau camouflet à Donald Trump, la justice a confirmé que les ressortissants de sept pays musulmans, visés par le texte controversé, pouvaient continuer de rentrer aux Etats-Unis. Le bras de fer se poursuit entre l’administration Trump et la justice américaine sur le décret migratoire, pendant que des citoyens des pays à majorité musulmane visés par ce texte profitent de sa suspension pour se rendre aux Etats-Unis avant un éventuel nouveau revirement.