Des milliers de Marocains ont manifesté de nouveau lundi dans une ville du nord du pays, Al Hoceima, protestant pour la quatrième journée consécutive contre la mort d’un poissonnier broyé dans la benne d’un camion de ramassage des ordures ménagères alors qu’il tentait de récupérer du poisson confisqué par la police. Le procureur du roi à Al Hoceima a décidé de déférer 11 personnes devant le juge d’instruction.
La mort, vendredi, de Mouhcine Fikri a déclenché l’un des plus vastes mouvements de protestation dans le pays depuis 2011, quand le Mouvement du 20 février avait organisé des manifestations en faveur de réformes démocratiques inspirées par les révoltes du printemps arabe dans d’autres pays.
« Les manifestations se poursuivront jusqu’à ce que tous les responsables de ce crime soient punis », a déclaré Al Houssine Lmrabet, l’un des organisateurs de la contestation. « Nous voulons aussi la garantie que cela ne se reproduira pas. Cela doit commencer en chassant les personnes corrompues de l’administration publique. »
Des manifestations de moindre ampleur ont également eu lieu lundi soir dans plusieurs autres villes du royaume, dont la capitale, Rabat, Oujda, dans l’Est, ou encore Settat, dans le centre.
Le ministre de l’Intérieur a indiqué qu’il mettrait tout en œuvre pour établir les circonstances du drame et « punir les responsables », promettant les conclusions de l’enquête d’ici « quelques jours. »
À une semaine de l’ouverture à Marrakech de la conférence internationale sur le climat, la COP22, il devient urgent pour les autorités marocaines de neutraliser la crise.
11 personnes déférées devant le juge d’instruction
Le procureur général près la Cour d’appel d’Al Hoceima a décidé de déférer devant le juge d’instruction 11 personnes, dont deux agents d’autorité, le délégué de la Pêche maritime, le chef de service de la délégation de la pêche maritime, le médecin chef du service de la médecine vétérinaire, pour faux en écriture publique et homicide involontaire suite au décès du défunt Mouhcine Fikri, rapporte l’Agence marocaine MAP.
La décision de déférer ces 11 individus fait suite à la réception du procès verbal de l’enquête, dans lequel plus de 20 personnes ont été auditionnées, et contenant les résultats de plusieurs constations et confrontations qui ont duré tout au long de la garde à vue (72 heures après prolongation), précise l’agence marocaine.
Selon la MAP, les investigations sur la mise en marche de la benne-tasseuse n’a pas révélé l’émission d’un ordre d’agression – sur les réseaux sociaux ont dit qu’un agent a dit « broie-le- de la « la victime par une partie quelconque ».
Pour le parquet et au vu de « l’examen des détails de l’événement et des dépositions des parties, « les actes commis revêtent le caractère d’un homicide involontaire ». Il reviendra , indique le communique, à la « justice, qui examinera l’affaire » d’en décider « conformément à la loi. »
Report de la visite du roi Mohamed VI en Ethiopie
Par ailleurs, le roi Mohamed VI a reporté sa visite officielle en Ethiopie, a annoncé lundi le Cabinet royal du Maroc. « Lors d’un entretien téléphonique, le roi Mohammed VI et le Premier ministre éthiopien Haile Mariam Dessalegn se sont mis d’accord sur la programmation de la visite royale juste après la tenue de la COP22 prévue du 7 au 18 novembre à Marrakech », a indiqué le Cabinet royal dans un communiqué.
Après avoir entamé sa tournée est-africaine depuis le 18 octobre dernier, en visitant le Rwanda et la Tanzanie, le roi Mohammed VI devait effectuer lundi une visite officielle en Ethiopie.