Prélude aux législatives de 2016, les premières élections locales et régionales après la révision de la Constitution marocaine en 2011, imposée par les effets du Printemps arabe, se déroulent ce vendredi dans une ambiance plus ou moins normale, même si quelques incidents ont été signalés dans certaines communes.
Quelque 14,5 millions d’électeurs marocains sont appelés à voter ce vendredi pour élire 31.503 représentants au sein des conseils communaux et régionaux sur les 130.925 candidats de 29 partis politiques, en plus de candidats sans appartenance politique (SAP, 1232). Selon les chiffres du ministère marocain de l’Intérieur, 60.381 candidats sont en lice à travers 1.691 listes électorales, alors que les candidats indépendants sont a nombre de 70.544. Déjà vainqueur des élections pour le renouvellement des chambres professionnelles en août dernier, le Parti de l’Authenticité et de la Modernité (PAM) est le grand favori de ces élections locales, selon les observateurs. Il a mis sur la grille de départ 18.227 candidats, devant l’Istiqlal (17.214 candidats), le PJD 16.310 candidats) et le RNI (14.617), alors que l’USFP, tête de pont de la gauche marocaine n’a mis dans le bain que 11.685 candidats).
La bataille se déroule entre les partis de la majorité gouvernementale drivée par les islamistes modérées du PJD, et l’opposition, dont les leaders ont été surpris par le succès du PAM. La curiosité politique de cette consultation est la présentation massive de ministres du gouvernement, dirigé par le PJD’iste Abdelilah Benkirane. Une douzaine de ministres, sur les 38 membres du gouvernement sont partants, autant pour les mairies que pour les conseils régionaux, avec des batailles épiques dans certains circonscriptions électorales entre le PJD et le PAM, en particulier à Tanger, Kenitra, Fès et Meknès. Tous têtes de listes, ils représentent le PJD (5), le Mouvement Populaire (3), le RNI (3) et le PPS (1).
Le pouvoir de l’argent
Ces élections locales, prélude aux législatives de septembre 2016, sont prises très au sérieux par les partis. Et, bien sûr, l’argent a coulé à flot durant la campagne électorale pour l’achat de voix, en particulier celles des jeunes. Ainsi, beaucoup de journaux marocains ont fait allusion à l’achat de voix, à des affrontements entre candidats et entre partis dans les grandes villes du pays, en particulier à Fès, Casablanca, Tanger. Pour couper court à ces pratiques et crédibiliser ce scrutin, le ministère de l’Intérieur, qui supervise avec celui de la Justice le déroulement des élections, a plafonné les dépenses à 150.000 dirhams (13.820 euros) par candidat aux régionales et à 60.000 dirhams aux communales. Les partis politiques, eux, avaient annoncé des sommes biens supérieures, dont le PAM, qui prévoit de dépenser 30 millions de dirhams, dont le tiers provient de subventions du ministère de l’Intérieur, le RNI avec 12 millions de dirhams, dont près de 6,5 millions d’aides de l’État. Ces élections constituent, selon la nouvelle Constitution marocaine, la première étape du projet de régionalisation avancée. Pour autant, les ONG et les mouvements de jeunes, dont celui du mouvement du 24 Février, avaient vivement dénoncé cette Constitution, qui accorde toujours le droit au monarque de gouverner. Lors des manifestations de 2011, au plus fort du Printemps arabe, le mouvement de jeunes du 24 Février et des partis de gauche, avaient revendiqué une démocratie constitutionnelle, avec moins de prérogatives au roi.