Les membres d'équipage du vol AH 5017 souffraient de « fatigue physique et psychologique généralisée » - Maghreb Emergent

Les membres d’équipage du vol AH 5017 souffraient de « fatigue physique et psychologique généralisée »

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Entre 2013 et 2014, l’Agence espagnole de la sécurité aérienne a inspecté 64 fois les appareils de Swiftair après son accident en 2012 en Afghanistan.

 

L’avion qui s’est écrasé au Mali jeudi peut-il avoir un lien avec l’état physique des membres d’équipage ? Cette question surgit au moment où les analyses à propos des raisons du crash de l’avion de la compagnie aérienne espagnole Swiftair affrété par Air Algérie, tendent à privilégier l’hypothèse des conditions météorologiques « difficiles » au moment de l’accident. Cependant, le degré de désintégration de l’épave éparpillée en des milliers de morceaux, déroute les spécialistes de la sécurité aérienne.  La compagnie aérienne espagnole est réputée « sûre ». Elle est même en règle en matière d’autorisations de vol et d’inspection de sa flotte, et elle a l’habitude de travailler avec des compagnies européennes reconnues, comme Air Europa, ou des organisations internationales, comme l’OTAN.

Les membres d’équipage espagnol mis en cause ?

Cependant, le journal espagnol El Economista vient de jeter un pavé dans la mare en divulguant le contenu d’un courriel rédigé le 19 juillet dernier, soit une semaine avant la catastrophe, dans lequel il prévenait de la« fatigue physique et psychologique généralisée » ou du « stress » dont souffraient les membres d’équipage du vol AH 5017sur la ligne Ouagadougou-Alger et cela en raison des plans de vol intensifs, avec sept jours de vol consécutifs. « Il est difficile de maintenir l’attention lors des décollages et des atterrissages durant les derniers jours de rotation », a-t-il dit, selon le texte reproduit par le site d’El Economista, qui dit avoir obtenu ce courriel d’un membre de la compagnie. « Avec ce courriel, je ne veux pas porter préjudice aux compagnons qui sont payés par heure de vol, mais il faut être conscient que cela peut supposer un problème et qu’il peut se résoudre pour le bien de tous », a tenu à préciser le steward Miguel Angel Rueda. Contactée par Le Monde pour réagir au contenu de ce courriel, la compagnie Swiftair n’a pas souhaité faire de commentaire. Un étudiant algérien en France qui a pris le vol Paris-Batna le 9 juillet 2014 à bord du McDonnell Douglas MD-83, a exprimé dans une vidéo diffusée sur le net  son insatisfaction quant au service fourni par la compagnie aérienne étatique algérienne ainsi que son inquiétude vis-à-vis de l’état de l’appareil. « C’est un vieil appareil tout pourri qui ne peut pas s’amarrer aux terminaux de l’aéroport », s’est-il plaint. « Air Algérie nous fait voyager dans un avion sans logo, l’équipage parle espagnol, ils (les membres d’équipage, Ndlr) ne nous disent rien du tout ».

Swiftair embauche des « jeunes diplômés qui veulent acquérir de l’expérience »

Selon le quotidien français du soir, ce n’est pas la première fois que la compagnie espagnole est pointée du doigt pour la précarité des conditions de travail. Elle avait fait l’objet l’été dernier d’un article dans la revue du Syndicat des pilotes espagnols (Sepla), Mach 82, critiquant notamment les bas salaires offerts par la compagnie aux pilotes sur certains avions, atteignant à peine 12 000 euros par an. Toutefois, vendredi, le Sepla a exprimé dans un communiqué son refus de « lier la situation dénoncée dans cet article avec l’accident de jeudi ». Un pilote de la compagnie Iberia confie : « La précarité des contrats de Swiftair est connue. C’est une compagnie qui embauche les pilotes et le personnel de bord en fonction de ses besoins, qui les paie mal et les envoie plusieurs mois dans des bases très éloignées, ce qui explique qu’il y ait une importante rotation des équipes ». Selon ce pilote cité par le Monde, les commandants ont généralement de l’expérience, mais les copilotes pas toujours : ce sont souvent des jeunes diplômés qui veulent acquérir de l’expérience et y font leur premières heures de vol.

Plusieurs incidents recensés sur Swiftair

Si l’expérience du pilote et copilote n’est à priori pas remise en cause, la qualité des inspections effectuées sur l’appareil, elle, est mise en doute. Plusieurs incidents ont en effet été recensés récemment, comme la panne de moteur d’un avion ATR le mois dernier, provoquant un atterrissage d’urgence à l’aéroport de Madrid-Barajas, l’explosion d’un moteur d’un MD83 à Majorque en 2013, ou encore un accident, léger, en Afghanistan en 2012, dû une manœuvre non autorisée ayant endommagé une aile. Le Syndicat des pilotes espagnols a  demandé à l’Agence espagnole de sécurité aérienne qu’elle soit particulièrement scrupuleuse dans la supervision faite à ce type de compagnies, surtout quand elles opèrent en dehors de l’Espagne, où la capacité d’action de l’AESA pourrait se voir limitée. Depuis 2008, la compagnie espagnole a connu plusieurs incidents ou des difficultés de vol. Le plus anecdotique, l’incident qui a eu lieu aux îles Canaries, à Fuerteventura plus exactement. Les 41 passagers qui devaient embarquer à bord de l’appareil de la Swiftair, ont été surpris par des coups de feu tirés par deux agents des forces de sécurité qui voulaient embarquer avec leurs armes. Une balle a troué le fuselage amenant à annuler le voyage.

 

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