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Les « oligarques » intouchables : de qui Ahmed Ouyahia IV sera-t-il le nom?

Par Maghreb Émergent
août 16, 2017
Les « oligarques » intouchables : de qui Ahmed Ouyahia IV sera-t-il le nom?

 

 Que va faire Ahmed Ouyahia ? Appliquer « ses » instructions qui «recadraient » Abdelmadjid Tebboune. Les « oligarques » sont intouchables, Ouyahia va probablement s’attaquer aux subventions.  Un remake de l’ajustement des années 90 sera-t-il facile en 2017 ?

  Il y a bien eu des «instructions présidentielles» rédigées – et transmises ?- par Ahmed Ouyahia à Abdelmadjid Tebboune.Le procédé, sans précédent dans les annales du pays, a fait ressurgir « la question » qui a constamment accompagné le quatrième mandat d’un président amoindri : gouverne-t-il vraiment le pays ?

 

Un pouvoir informel, des acteurs visibles

 

La question ne pouvant être pris en charge de manière institutionnelle – la mise en œuvre de l’article 102 par Mourad Medelci , le président du conseil constitutionnel relevant de l’inimaginable -, les Algériens en sont réduit, non sans inquiétude, à observer l’accentuation du caractère informel de l’exercice du pouvoir.

 Le mot «informel » signifie surtout un éloignement à l’égard d’un fonctionnement institutionnel, cela ne veut pas dire que les protagonistes de la «crise au sommet » ne sont pas connus.

 

Ce que Saïd Bouteflika reproche à Tebboune

 

Tebboune a commis, aux yeux de Saïd Bouteflika, une transgression en s’attaquant, au nom de la « séparation de l’État et de l’argent » aux  hommes d’affaires du clan présidentiel, ceux qui ont investi dans le quatrième mandat.

 Circonstance aggravante aux yeux de Saïd Bouteflika, en s’attaquant aux « oligarques » au nom de l’application du programme du président, Tebboune est venu lui contester le monopole de la transmission et de l’interprétation de la parole présidentielle.

 C’est ce qui explique que Saïd Bouteflika, contrairement aux habitudes, se soit mis en avant en s’affichant de manière ostensible aux côtés de son « ami » Ali Haddad. Il fallait rétablir la situation aux yeux de l’opinion en attendant de « régler » son affaire à Abdelmadjid Tebboune.

 

L’économie au cœur de la politique

 

L’autre protagoniste de ce tumulte estival au sommet est Ahmed Ouyahia. Il a bien adressé trois «instructions » à Tebboune pour lui transmettre le courroux du président de la république à l’égard de ses « initiatives » et lui ordonner de mettre ses « provocations réelles » contre les opérateurs économiques nationaux.

 Il devient presque accessoire de se demander pourquoi Tebboune a été limogé après avoir «instruit » : a-t-il refusé les «instructions » ? A-t-il mis en doute leur «origine » ? Cela alimentera probablement les discussions pendant longtemps.Mais si l’on revient aux «instructions » transmises par Ouyahia, on constate à quel point l’enjeu économique est devenu, dans un quatrième mandat ultra-spécifique- au cœur de la politique.

 Ahmed Ouyahia est connu pour ne pas avoir d’état d’âmes et d’appliquer avec beaucoup de zèle les décisions prises.  Son profil particulier qui le rend apte  à faire une politique et son contraire explique à coup sur qu’il revienne régulièrement au palais du gouvernement. 

 

Tebboune ou le crépuscule de la haute bureaucratie d’État

 Tebboune, lui, incarne, parfaitement la haute bureaucratie d’Etat qui a exercé, pendant longtemps, le pouvoir économique, ce qui en Algérie signifie le pouvoir d’affecter les ressources.

 Le bref – et vain – bras de fer qu’il a engagé contre les importateurs et les oligarques acte symboliquement la perte d’influence de «technostructure » qui, il est vrai, a été très affaiblie au plan de la compétence par le désencadrement massif connu par le pays dans les années 90.  On s’interrogera sans doute longtemps sur les soutiens qu’escomptait Tebboune au sein des appareils ? 

 

Que va faire, Ahmed Ouyahia, dans le domaine très « politique » de l’économie ? La réponse est simple : appliquer les «instructions » qu’il a transmises à Tebboune. On peut la résumer par un « pas touche à Ali Haddad » et aux amis d’affaires du quatrième mandat. Les mesures auraient commencées à être appliquées sans attendre le retour de «vacances » de Tebboune, comme le déblocage des produits au niveau des ports.

Ce qu’exigeait les «instructions » ?La fin du «harcèlement économique » des opérateurs qui s’est traduit par « des visites d’inspection inopinées », « des gels de crédits octroyés » ou des enquêtes sur « des terrains octroyés à des opérateurs par les pouvoirs publics pour les verser dans les programmes LPP ».

 Autre «instruction » : cesser la « publicité inutile » quand on adresse des mises en demeure à ceux qui ne respectent les termes des contrats publics.  « Toute violation de la loi ou de la réglementation » doit être traitée dans « le cadre des textes législatifs » et « sans publicité inutile ». Le court passage de Tebboune laisse clairement indiquer qu’une politique d’ajustement au détriment des « oligarques » n’est pas possible. 

 

Un remake de l’ajustement des années 90 ?

 Ouyahia, qui a de l’expérience, va sans doute mettre en œuvre «l’ajustement » appliqué dans les années 90 au détriment des classes populaires qui ne sont pas représentées dans le système. Ce n’est pas Sidi Said qui les représente. Le terrain du nouvel ajustement est largement balisé avec un discours dominant des experts contre les subventions que seul Bouderba contredit de manière quasi-solitaire.

 Il faut rappeler que «l’ajustement » des années 90 a été mis en œuvre dans un contexte de violences extrêmes qui a annihilé les capacités de résistance du monde du travail.  L’inorganisation de la société algérienne va-t-elle permettre un arbitrage au détriment des classes populaires qui le retour de Ahmed Ouyahia laisse présager ?

 

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