La présence d’Emmanuel Macron au second tour de l’élection présidentielle française, en duel avec Marine Le Pen, a rassuré les opérateurs de marché, un soulagement perceptible lundi sur l’euro, en nette hausse, et sur les marchés d’actions en Asie.
Les investisseurs misaient depuis plusieurs jours sur une qualification de l’ancien ministre de l’Economie, donné favori dans les sondages, mais s’étaient inquiétés de la forte progression de Jean-Luc Mélenchon dans les intentions de vote, qui aurait pu aboutir à un second tour entre deux eurosceptiques.
Finalement, Emmanuel Macron s’est imposé, selon des résultats définitifs, avec 23,75% des votes, devant Marine Le Pen (21,53%), François Fillon (19,91%) et Jean-Luc Mélenchon (19,64%).
Sur les marchés, ces résultats ont provoqué une première réaction sur l’euro, qui a grimpé dans les premiers échanges en Asie jusqu’à 1,0935 dollar, un plus haut depuis le 10 novembre et le début de la forte appréciation de la devise américaine déclenchée par l’élection de Donald Trump à la présidence des Etats-Unis.
La progression de la devise européenne contre le yen, traditionnelle valeur refuge en cas de tensions sur les marchés, a été encore plus marquée. En hausse de 3%, l’euro a atteint un plus haut de cinq semaines contre la devise à 120,905 yens.
Depuis, la progression de l’euro s’est quelque peu résorbée mais la devise unique gagne encore 1% face au dollar, à 1,0837, et prend 1,8% face au yen, à 119,13.
Sur les places boursières en Asie, l’indice Nikkei à Tokyo avance de 1,34% à mi-séance, le Kospi à Séoul gagne 0,27% et l’indice ASX 200 de Sydney avance de 0,28%. L’indice MSCI regroupant les valeurs d’Asie et du Pacifique (hors Japon) progresse de 0,09%.
En revanche, l’indice composite de Shanghai recule de 1,1%, toujours pénalisé par des craintes sur un renforcement de la régulation financière. Le Hang Seng à Hong-Kong perd 0,2%.
Un « risque politique » pas complètement dissipé
En Europe, les opérateurs de marché s’attendent à une réaction positive lundi sur les places boursières, ainsi qu’à un resserrement des écarts de rendement entre les taux obligataires souverains.
« L’effet de soulagement sur les marchés devrait se traduire par une baisse de 0,20 à 0,30 point de base du spread entre la France et l’Allemagne », estime Bruno Colmant, chef économiste chez Degroof Petercam.
L’écart entre les rendements à 10 ans des obligations d’Etat françaises et allemandes s’est resserré vendredi à un peu plus de 60 points de base contre un pic à près de 81 points de base le 21 février, mais reste loin de ses niveaux de l’été dernier autour de 25 points de base.
D’après les sondages, Emmanuel Macron devrait l’emporter largement face à Marine Le Pen au second tour, mais le fondateur du mouvement En Marche!, encore inconnu du grand public il y a trois ans, devra rassembler pour tenter d’obtenir une majorité au Parlement lors des élections législatives organisées en juin.
« Le risque politique français n’est pas complètement dissipé avec des élections législatives qui vont se dérouler dans un paysage politique totalement bouleversé où le Front national conserve un poids très important », déclare Daniel Gérino, directeur général de Carlton Selection.