Le Président du FCE laisse entendre que ceux qui sont bloqués n’ont pas respecté les lois et règlements du pays et que les quelques soucis qui existent sont imputables aux lourdeurs bureaucratiques.
Dans un long entretien qu’il a accordé cette semaine à l’agence Ecofin, le Président du FCE, Ali Haddad, a tenté de dédouaner le pouvoir algérien quant aux blocage des projets de certains opérateurs en affirmant que l’organisation qu’il préside prend en charge les doléances des chefs d’entreprises tout précisant que ceux-ci doivent néanmoins respecter le cadre légal et juridique du pays. En effet, interrogé sur « certains opérateurs privés algériens qui se plaignent du blocage de leurs projets par « des ordres qui viennent d’en haut », le plus connu étant le groupe Cevital, Haddad a préféré dribler et se confondre en généralités plutôt que se montrer solidaire avec le plus grand industriel du pays dont le blocage relève selon des juriste de renom comme Ali Mebroukine et Nasserddine Lezzar, d’abus de pouvoir et de viol caractérisé de la loi. En effet Ali Haddad a évoqué les requêtes des membres du FCE qu’il reçoit régulièrement et qu’il transmet aux autorités compétentes mais il n’a évoqué aucun cas précis. « Nous recevons régulièrement des requêtes de nos membres se plaignant de différentes contraintes (des délais de délivrance d’un permis de construire, du retard dans l’obtention d’une quelconque autorisation ou de mise à disposition de l’énergie électrique ou autres utilités,…). Nous nous attelons à remonter aux autorités toutes les requêtes fondées et à faciliter les processus administratifs à travers une cellule d’écoute et de prise en charge installée au sein de notre Forum. J’ai effectué, moi-même, l’année passée, une tournée qui m’a conduit dans les 48 wilayas (départements, ndlr) du pays pour recenser les préocupations des chefs d’entreprises. Nous avons communiqué aux autorités la totalité des doléances qui ont été porté à notre connaissance. Nous œuvrons constamment pour accompagner ces entrepreneurs afin de leur faciliter l’acte d’investir. Pour autant, aussi bien le FCE que tout opérateur privé national ou international, quel que soit son projet, se doit de respecter l’environnement légal et juridique du pays. Comme il est d’usage de le faire pour tous les entrepreneurs ailleurs dans le monde, » a-t-il indiqué, laissant entendre que ceux qui sont bloqués n’ont pas respecté les lois et règlements du pays et que les quelques soucis qui existent sont imputables aux lourdeurs bureaucratiques.
« Rompre avec la rente »
Ali Haddad a, dans son entretien, vivement insisté sur la nécessité de rompre avec le régime rentier et d’aller vers une économie diversifiée et productive. D’où d’ailleurs, a-t-il expliqué, l’importance pour le FCE d’organiser Sommet international sur l’économie de l’après-pétrole, « Next Economy Summit », qui se tiendra à Alger les 3 et 4 décembre 2018 à Alger. « L’Algérie vit actuellement un moment déterminant […] Nous devons, pour les générations futures, passer de l’économie de la rente à l’économie productive, de la transformation et de la diversification, »a-t-il indiqué en assurant que l’Algérie a les moyens de réussir une transformation de son économie, citant au passage ses atouts, notamment les ressources naturelles, l’attractivité des territoires, la diaspora, le PPP, les activités à fort potentiel d’exportation, l’agriculture ou les TIC, etc.
Création et dynamisation des marchés financiers
Toutefois, Ali Haddad est conscient qu’une transition économique, même si elle repose sur des opportunités indéniables et une volonté politique ferme, reste un exercice difficile sur le terrain, surtout que l’Algérie enregistre un déficit criant en matière d’instruments modernes de gestion de l’économie, tout particulièrement les marchés financiers. Par conséquent, il a plaidé pour la dynamisation de la Bourse d’Alger et le développement de tout le secteur financier algérien, ce sans quoi, a-t-il affirmé, nul changement notable n’est possible. « L’évolution du marché financier va être un des grands défis pour accompagner cette transformation. Si jusque-là les banques ont pu accompagner les projets d’investissement en rendant accessibles, aux opérateurs, les ressources financières dont dispose le pays, en revanche, le marché financier algérien doit faire et réussir sa mutation pour se mettre au diapason de l’émergence de la nouvelle entreprise. Cette mutation devra déboucher très rapidement sur la mise en place d’un marché des capitaux performant. La dynamisation de la bourse d’Alger est un des instruments qui participera grandement à répondre aux besoins de levée de fonds nécessaires aux entreprises », a-t-il analysé. De plus, a-t-il ajouté, « le financement de l’investissement et de l’entreprise ne pourra être indéfiniment et exclusivement supporté par les banques et le trésor public. »
L’entreprise, vecteur de la diversification
Du coté des entreprises, privées et publiques, Ali Haddad, a affirmé qu’elles ont un role fondamental à jouer dans lr processus de transformation de l’économie algérienne. « Partout dans le monde, c’est la vie des entreprises (relance de la production, fusions-absorptions, ouvertures ou fermetures de sites de production, créations ou suppressions d’emplois…) qui est, en dernière analyse, l’indicateur d’une reprise économique ou de la poursuite de la récession. L’Algérie n’est pas en reste », a-t-il rappelé en précisant que, du point de vue du FCE, « l’entreprise joue le rôle de vecteur principal de la diversification économique et de premier créateur de richesse et d’emplois ». En effet, selon lui, c’est au sein de l’entreprise que s’affirment les mutations qualitatives des ressources humaines, c’est cette dynamique d’émergence de l’entreprise, conjuguée aux transformations et évolutions profondes que sont entrain de connaitre nos grandes sociétés publiques, à l’image de Sonatrach ou Sonelgaz, qui va façonner l’Algérie de demain, l’Algérie de l’après-pétrole. »