Une tendance haussière de la production de pommes a été enregistrée dans la wilaya de Khenchela ces cinq dernières années, poussant de nombreux opérateurs à ambitionner de conquérir les marchés étrangers à dans un avenir proche.
En dépit d’obstacles majeurs au développement de la filière, à savoir un problème d’irrigation et le manque de filets anti-grêle, la direction locale des Services agricoles (DSA) prévoit une production de 1,6 million de quintaux de pommes à l’issue de la récolte 2020.
La wilaya de khenchela s’est hissée « au rang de pôle d’excellence » en matière de production de pommes plus, particulièrement dans les communes de Bouhmama, Lemsara, Chelia, Yabous, Taouzianet, El Rmila et Khirana, a indiqué le directeur du secteur, Rachid Rahamnia.
Ce dernier affiche son optimise quant à l’augmentation de la production durant les années à venir du fait, a-t-il soutenu, des nombreux nouveaux investissements injectés dans la filière durant l’actuelle saison agricole et l’adoption de méthodes de cultures intensives de pommiers.
A cet égard, la DSA a appelé les agriculteurs et les nouveaux investisseurs dans la filière pomme à fonder des coopératives agricoles pour booster la production, réduire les difficultés et s’assurer d’accéder aux différents avantages qu’accorde l’Etat à ce genre d’entités, a expliqué M. Rahamnia.
C’est dans cette optique que les agriculteurs ont bénéficié au cours de la saison agricole 2019-2020 de nombreuses facilités pour le forage de puits profonds dans les daïras de Bouhmama, Chechar et Kais, connues pour produire les meilleures variétés de pommes.
Aussi, près de 300 autorisation de forage ont été délivrées en 2020 pour la réalisation de puits pouvant atteindre par endroit jusqu’à 500 mètres de profondeur, en plus du soutien aux agriculteurs pour l’acquisition d’équipements d’irrigation goutte à goutte sur une surface d’environ 1.500 hectares, a-t-on ajouté.
Avec cette production qualitative et quantitative, c’est donc tout naturellement que l’unique marché de pommes à l’échelle nationale, situé dans la commune de Bouhmama dans la wilaya de Khenchela, attire à présent des commerçants venus des quatre coins du pays en témoignent les plaques d’immatriculation des camions, qui y affluent.
L’un de ces commerçants, Abdenour Maârouf affirme que malgré l’état déplorable dans lequel se trouve ce marché et qui fait que les véhicules ne peuvent y accéder en temps de pluie, cet espace, qui ouvre chaque année ses portes du mois d’aout jusqu’au novembre, a apporté « un nouvel élan au
développement de la région », en créant des postes d’emploi au profit des jeunes d’une région qui jusqu’à passé proche était complètement isolée.
Si les pommes produites dans la région connaissent de belles performances économiques, il n’en demeure pas moins que nombreux sont les agriculteurs qui dénoncent des carences du réseau de distribution de l’électricité rurale, lequel, selon eux, n’est plus en mesure de répondre aux besoins notamment durant la période d’irrigation des arbres fruitiers en été.
Des coupures de courant à répétition ont été enregistrées durant l’été, perturbant le programme d’irrigation et causant des pertes à plusieurs pommeraies, s’est plaint l’agriculteur, Nabil Belhadj.
Face aux dommages économiques subies, ce propriétaire d’une exploitation agricole spécialisée dans la production de pommes a appelé les responsables de la direction de l’Energie et la concession de distribution de gaz et d’électricité à doter la commune de Bouhmama d’un transformateur électrique d’une plus grande capacité.
Culture intensive de pommiers pour davantage de production
Le président de la filière pomicole au conseil local interprofessionnel de l’arboriculture fruitière, Yacine Nasri, a affirmé que la production pourrait atteindre au cours des années à venir « les trois millions de quintaux/un, si les pomiculteurs adoptaient la culture intensive de pommiers selon la nouvelle méthode polonaise ».
Ce bond dans la production de pomme permettra de conquérir les marchés étrangers, a prédit M. Nasri.
« Une expérience a été menée en avril dernier par deux investisseurs pour planter conformément à la méthode polonaise 12.000 arbres des variétés Jeromine, Story et Granny Smith sur quatre hectares avec 1 mètre de distance entre les arbres et 4 mètres entre les rangées d’arbres », a-t-il rappelé.
Ce professionnel a expliqué que cette méthode devrait permettre de produire près de 200 quintaux par hectare lors de la deuxième année et ce rendement augmentera à 600 quintaux l’hectare à partir de la troisième année.
Il a, par ailleurs, relevé que la décision prise par le Premier ministère et le ministère du Commerce de suspendre l’importation de pommes entre le 1er premier juin et le 30 mars de chaque année a été unanimement saluée.
« Cette mesure a revigoré la filière en permettant aux pomiculteurs locaux, qui éprouvaient des difficultés à commercialiser leurs produits et concurrencer les variétés importées, d’entreprendre sereinement leurs activités », s’est-il félicité.
De son côté, le président de la Chambre locale d’agriculture, Mohamed Saadaoui, a fait état des efforts fournis par les différents opérateurs de la wilaya pour réussir la deuxième édition de la fête nationale « La pomme des Aurès », prévu à la fin du mois d’octobre courant au centre de formation professionnelle « Ferdji Mohamed » dans la commune de Bouhmama, un évènement qui coïncidera avec la célébration de la Journée mondiale de l’alimentation (16 octobre).