L’étude souligne que les politiques tarifaires constituent le premier obstacle à l’intégration commerciale de l’UMA.
L’intégration du Maghreb qui constitue l’un des objectifs phares des mouvements nationaux des pays de la région n’a enregistré aucune avancée concrète, depuis la conférence de Tanger en 1956 et la création de l’Union du Maghreb Arabe en 1989. La panne qui empêche le Maghreb de s’intégrer malgré les grands profits que chaque pays peut en tirer se décline en plusieurs obstacles aussi bien structurels que politiques.
Dans une étude sur le coût du non-Maghreb coordonné par l’économiste Azzam Mahdjoub et à laquelle en pris part Mohamed Mondher Belghith, Mohamed Ali Benzina, Rafik Bouklia Hassene, Omar Derras, Larbi Jaidi, Abdelkrim Kanbaai et Ziad Saadaoui, il est dit que le premier obstacle à l’intégration maghrébine est la non intégration commerciale de la région. En effet, selon cette étude, les échanges entre les pays maghrébins sont quasi nuls.
« Les échanges de marchandises entre les pays maghrébins ne représentaient que 3,6% de leurs échanges avec le reste du monde. La contribution du commerce intra-maghrébin dans le PIB de la région demeure ainsi très faible, se situant à 2,05% en 2015 », lit-on dans l’étude qui souligne que « les politiques tarifaires constituent le premier obstacle à l’intégration commerciale par l’absence de cohésion et l’inexistence d’une politique commune entre les pays de l’UMA visant à renforcer l’intégration commerciale ».
De plus, même si les tarifs douaniers que les pays de la région appliquent avec leurs partenaires étrangers sont faibles, ils sont élevés dés qu’il s’agit d’échanges intra-maghrébins. Ces tarifs élevés que s’appliquent réciproquement l’Algérie, le Maroc et la Tunisie notamment démontrent que ce sont des stratégies de compétition qui guident les politiques commerciales de ces pays sur le marché maghrébin plutôt que des stratégies de partenariat.
La même étude souligne que la complémentarité du commerce est non-exploitée et l’intégration productive est limitée. « La complémentarité des exportations algériennes et libyennes avec les importations des autres pays du Maghreb est encore très faible. Alors que la complémentarité des exportations marocaines avec les importations des autres pays de l’UMA n’a pas significativement progressé depuis 1995 et est restée à des niveaux assez faibles, n’atteignant que 0,25 en moyenne en 2013, sachant que l’indice de complémentarité varie de 0 (aucune complémentarité entre les exportations d’un pays et les importations d’un autre pays) à 1 (complémentarité parfaite). La faiblesse de la complémentarité du commerce au sein de l’UMA s’expliquerait ainsi par la forte concentration des exportations qui représente un obstacle de taille à l’intégration productive », lit-on dans le même document. L’étude fait état aussi de la non-intégration financière du Maghreb.
Selon cette étude, « les mouvements de capitaux enregistrés en direction et à partir des pays membres de l’UMA sont très faibles, mettant en exergue la faiblesse du niveau l’intégration financière des pays de l’UMA par rapport aux niveaux atteints par d’autres zones émergentes sélectionnées ».
De plus, précise encore cette étude, « au niveau de l’ouverture du compte de capital et financier, les pays de l’UMA imposent le même niveau de restrictions sur le change que celui appliqué par la Chine ». L’autre obstacle évoqué est l’inadaptation de l’infrastructure dans certains cas. « Au niveau de l’indice de performance logistique et l’indice de facilitation du commerce, tous les pays de l’UMA affichent des niveaux de développement assez faibles en comparaison avec des pays émergents », précise le document en notant toutefois que le Maroc est mieux classé en matière de connectivité du transport maritime.