Le joug de la rente pétrolière sur l’économie algérienne est-il en voie de disparition ?
Le langage de vérité qu’adoptent les pouvoirs publics algériens le suggère en tout cas. C’est du moins ce qui ressort de la dernière intervention de l’énergie Abdelmadjid Attar qui a rappelé que les recettes pétrolières ont fondu de 40% au cours du 1er semestre 2020. Attar a également cité les pertes de compagnies nationales d’énergie, lesquelles s’élèvent à près de 125 milliards de dollars en raison de la propagation de la pandémie Covid-19, au moment, où, la demande interne en énergie flirt avec les 7%.
En fait, et en faisant part de cette déclaration officielle, Abdelmadjid Attar ne fait que dresser le tableau d’une Algérie qui fait face à une situation économique difficile et inédite. Une Algérie qui tente néanmoins d’effectuer le grand saut salvateur vers une économie diversifiée, dont l’armature sera constituée par l’économie de la connaissance, l’agriculture et autres industries.
En attendant, le pays qui tente d’avancer sans le filet sécuritaire de la rente pétrolière, subit de plein fouet les conséquences de l’épidémie Covid-19 et de la crise pétrolière. Il pourrait connaître une récession de 5,2 % en 2020. Avancent les experts. Dépréciation du dinar, inflation, entreprises à l’arrêt, craintes de récession…sont les éléments qui constituent le tableau catastrophe ; « Si rien n’est mis en œuvre, le recours à l’endettement extérieur deviendra inéluctable » préviennent des économistes.
L’onde de choc impacte même la sphère sociale, comme l’indiquent les chiffres de l’Office national des statistiques (ONS). L’ONS affiche, en effet, des « chiffres alarmants », relève Mansour Kedidir, professeur associé à l’Ecole supérieure d’économie d’Oran. Il souligne une baisse du PIB de 3,9 % au premier trimestre et un taux de chômage qui aurait déjà atteint 15 % en juillet dernier, contre 11,4 % pour l’année 2019. Hors hydrocarbures, le PIB a baissé de 1,5 % au premier trimestre, contre une progression de 3,6 % pour la même période l’année précédente, selon l’ONS.
« L’Algérie fait face à une situation économique difficile et inédite en raison de plusieurs facteurs : la crise structurelle héritée de l’ère Bouteflika, la chute des cours des hydrocarbures et enfin la crise du Coronavirus », a par ailleurs reconnu le premier ministre, Abdelaziz Djerad. Dépendante de la rente pétrolière, la première économie du Maghreb est très exposée aux fluctuations du prix du baril du fait de la faible diversification de son économie.
Selon des prévisions du Fonds monétaire international (FMI), l’Algérie devrait connaître en 2020 une récession (– 5,2 %) et un déficit budgétaire parmi les plus élevés de la région. Face au pire, le gouvernement adopte une politique de priorités et choisit l’action. Réduction de l’investissement et des dépenses de fonctionnement
Abdelmadjid Attar a évoqué dans ce sens une série de stratégies dans le cadre du programme du gouvernement basé essentiellement sur les axes prioritaires, inspirés du programme du chef de l’Etat. Stratégies qui dictent l’impératif de s’affranchir de la rente pétrolière, l’orientation et la valorisation des ressources, et la production d’hydrocarbures pour réaliser le bien être du citoyen créer des opportunités d’emploi et de nouvelles richesses. A rappelé Abdelmadjid Attar. Et d’ajouter que la priorité est au raccordement des activités créatrices de richesses et de postes d’emploi notamment le secteur agricole et industriel. A travers le raccordement des zones agricoles et des investissements dans les zones d’ombre. « Des solutions pour éviter la récession existent, selon les experts, mais elles nécessitent des réformes drastiques. » Rappelle enfin le Pr Abderrahmane Mebtoul.